A l’Eglise St. Michael’s à Paris, tout près du Palais de l’Elysée, une petite centaine de chrétiens évangéliques se sont réunis le 22 janvier pour écouter des conférences et débattre du thème : « Des origines à la fin : une vision chrétienne de l’histoire ». Organisée pour la troisième fois par le
Réseau des scientifiques évangéliques (RSE), cette rencontre combinait une réflexion plutôt théorique sur la fin des temps avec un regard un peu plus pratique et éthique sur l’environnement.
Pierre North et l’avenir selon l’astrophysique et la cosmologie
La conférence sur « L'avenir selon l'astrophysique et la cosmologie » a été donnée par un membre de la FREE, le Dr Pierre North, maître d'enseignement et de recherche en astrophysique à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et auteur du livre « Dialogue sur les deux grands systèmes des mondes ». Commençant à l’échelle la plus grande, Pierre nous a fascinés par sa description de l’expansion de l’univers depuis le moment du Big Bang ; il a présenté les raisons de croire que l’expansion continuera toujours sans jamais s’inverser, et qu’à très long terme l’univers sera essentiellement peuplé d’objets sombres, trous noirs et autres cadavres stellaires. A une échelle beaucoup plus petite, il a parlé de l’avenir du soleil qui, devenu géante rouge, avalera Mercure et Vénus avant de perdre son enveloppe et de devenir enfin une naine blanche. Pierre North a aussi parlé de l’épée de Damoclès que représentent les grosses météorites, mais a terminé en disant que les dangers les plus immédiats sont plus les problèmes écologiques et sociaux créés par l’homme lui-même que les menaces provenant de l’espace.
Non à l’écologie-religion !
Pourtant, les dangers écologiques ont été relativisés dans la conférence sur « Les enjeux énergétiques : science, technologie et politiques » par le professeur Daniele Furfari. Fonctionnaire européen à la Commission de Bruxelles qui a participé aux négociations du protocole de Kyoto, ce chrétien évangélique enseigne également la géopolitique de l'énergie à l'Université libre de Bruxelles. Il a publié plusieurs livres sur l’écologie, dont tout récemment : « Dieu, l'Homme et la Nature : L'écologie, nouvel opium du peuple ? » (2010). Tout en admettant que les craintes modernes concernant l’avenir de la terre sont partiellement justifiées, cet expert nous a mis en garde contre une écologie pseudo-scientifique qui devient presque une religion de la nature. Insistant aussi sur l’importance d’une approche réaliste sur le plan quantitatif, il a affirmé que le photovoltaïque et les éoliennes ne vont pas résoudre nos problèmes d’énergie, mais a exprimé sa confiance que l’économie de marché nous poussera à trouver de nouvelles solutions efficaces et écologiques.
Plusieurs théologiens prennent aussi la parole
Un des buts de la rencontre était d’examiner la pertinence d’une relation entre les approches scientifiques et l’enseignement biblique, et trois conférences théologiques ont abordé ces questions. Etienne Lhermenault, professeur de Nouveau Testament à l'Institut biblique de Nogent-sur-Marne, a parlé de l'enseignement de Jésus sur la fin, en se penchant surtout sur Marc 13. Dans ce chapitre Jésus prophétise la destruction du temple et parle aussi de son retour. Tout en accentuant les nombreuses difficultés d’interprétation de ce passage, le professeur a souligné qu’il n’est pas possible de savoir quand la fin viendra, mais que cela ne nous empêche pas de vivre dans son attente.
Un regard théologique sur l’écologie a été apporté par Frédéric Baudin, qui est en même temps pasteur, membre fondateur du mouvement conservationniste chrétien A Rocha France, et auteur de plusieurs livres, y compris « Dieu est-il vert ? » et « D'un jardin à l'Autre ». Sous le titre « Du jardin à la ville: une perspective théologique sur l'écologie », il a d’abord parlé des mandats que Dieu nous a donnés (Genèse 2 entre autres), et a attiré notre attention sur le fait que l’application aveugle de ces mandats peut aller contre la volonté du Créateur. Ainsi, le mandat de nous multiplier et de remplir la terre peut mener à une explosion de population. Le mandat de dominer et soumettre la terre peut aussi devenir excessif, s’il n’est pas rempli en communion avec Dieu, avec amour et justice. A ces mandats il faut ajouter celui de cultiver et garder la terre, un vrai mandat écologique. Frédéric Baudin a aussi parlé du premier chapitre de la Genèse, qui enseigne que la nature porte l’empreinte du Créateur. Pourtant, ce n’est pas l’empreinte de Dieu qu’il faut adorer, mais Lui-même. Malgré l’importance d’une vision écologique, il faut se méfier des deux courants opposés : le courant matérialiste de tendance athée et anthropocentrique, et le courant spiritualiste de tendance panthéiste et biocentrique.
La résurrection de Jésus, un paradigme pour l’avenir
La dernière conférence a été donnée par Sylvain Romerowski, professeur d'Ancien Testament à l'Institut biblique de Nogent-sur-Marne et à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine. Il a parlé de « L'avenir de la terre: perspectives théologiques ». Cette conférence m’a semblé originale : elle a établi un lien entre la résurrection de Jésus et l’avenir de la terre. Se basant sur Romains 8,19-23, Esaïe 11,6-9, et 2 Pierre 3,3-13, le théologien a argumenté que la Résurrection est paradigmatique de notre propre résurrection, mais aussi de la transformation de la terre, qui sera remplie de la connaissance de l’Eternel.
Il convient de mentionner aussi le témoignage de Paul Jeanson à propos de son vécu de chrétien évangélique dans les milieux de conservation. Directeur pendant 20 ans du parc du Marquenterre et ancien directeur d'A Rocha France, Paul Jeanson est aujourd'hui directeur du domaine des Courmettes. Il a expliqué que le monde écologiste non chrétien voudrait que nous adorions la création plutôt que le Créateur. Par contre, selon son expérience, les chrétiens sont souvent méfiants envers l’écologie et ne s’y engagent pas suffisamment.
Le RSE s’étend en Suisse romande
En tant que membre de l’équipe d’organisation, j’ai été content de pouvoir rencontrer à cette occasion d’autres chrétiens, dont des scientifiques professionnels comme moi-même, mais aussi des ingénieurs, des enseignants d’école, des théologiens ou des doctorants en science. J’ai trouvé l’ambiance fraternelle et agréable.
Je me réjouis donc de la prochaine journée annuelle du RSE, qui se focalisera cette fois-ci sur l’origine de l’homme. Mais entretemps, il y aura aussi la première réunion locale du RSE, une réunion en Suisse romande (à Nyon) le 2 avril 2011, sur le thème « Les limites de la science ». Le programme est annoncé sur le site du RSE (http://rescev.free.fr/). Peter Clarke, membre du comité du Réseau des scientifiques évangéliques