Une recension du dernier livre de Daniel Arnold "Vivre l'éthique de Dieu"

mercredi 23 février 2011 icon-comments 28
400 pages pour une éthique chrétienne pour aujourd’hui. C’est le pari du dernier livre de Daniel Arnold « Vivre l’éthique de Dieu ». La démarche impressionne, mais ne doit pas laisser sans voix. 

En 2010, Daniel Arnold a publié un gros livre de 400 pages intitulé « Vivre l’éthique de Dieu. L’amour et la justice au quotidien ». Ce professeur de l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs à St-Légier propose au public intéressé le fruit de plusieurs années de travail biblique dans un style alerte et agréable à lire. Le titre de l’ouvrage – « Vivre l’éthique de Dieu » – impressionne par sa force « marketing »... et son ambition ! D’ordinaire, dans le milieu évangélique, les livres comparables affichent des titres au ton plus modeste : « L’éthique et l’Ancien Testament », « Le chrétien et les défis de la vie moderne », « Bien vivre sa vie »... Là, l’auteur n’y va pas par 4 chemins et ne parle de rien moins que d’« éthique de Dieu » !

L’horizon de l’éthique : la loi de Moïse
L’ouvrage se divise en deux parties. Une première traite des « bases fondamentales de l’éthique » et une seconde des « grands domaines de l’éthique » où sur 240 pages l’auteur offre une méditation tous azimuts des 5 derniers commandements du Décalogue. Les grands axes de la démarche éthique de Daniel Arnold apparaissent clairement dans des titres de chapitre comme « Le génie de la loi mosaïque » ou « Le Décalogue : plaque tournante de toute réflexion éthique ». La thèse est ainsi posée. En foi chrétienne, la réflexion éthique se fait à partir du Décalogue, découle de lui et se finit en lui. Même si le propos peut paraître classique à certains égards, puisque tant Luther que Calvin ont médité les 10 commandements dans leurs écrits les plus connus, il surprend par l’insistance mise sur la loi de Moïse. En feuilletant l’ouvrage, on découvre par ailleurs un plaidoyer pour la peine capitale ou, à peine voilée, pour le « goël », cette pratique de l’Ancien Testament  qui voulait qu’un proche parent d’une victime puisse poursuivre un criminel et le tuer. De tels développements surviennent dans un contexte où l’auteur se montre très critique par rapport au système judiciaire occidental, qu’il accuse de lenteur, de coûter cher et de privilégier les riches (p. 174, p. 177, p. 185-186). Comment un théologien évangélique parvient-il à légitimer de tels développements éthiques ?
 
Une démarche « théonomiste »
Ce que le professeur d’Emmaüs ne dit qu’en passant (p. 36), c’est que son propos s’inspire de la pensée « théonomiste », de ces théologiens principalement américains, mais aussi suisses autour de Jean-Marc Berthoud, qui « exaltent l’Ancien Testament comme l’expression perpétuellement valide de la volonté morale de Dieu pour toutes les sociétés » (1). Dans l’histoire du salut, l’essentiel n’est pas la venue de Jésus-Christ et la grâce qui nous est faite d’une relation nouvelle avec Dieu. L’éthique n’est pas comme pour l’apôtre Paul un geste second qui découle de l’oeuvre de la croix, une réponse qui surgit de la découverte de la grâce. Non l’horizon éthique, c’est le Décalogue. Entre Ancien et Nouveau Testament, pas de rupture ou au moins de réaménagement, mais une unité fondamentale et une continuité. L’exégèse du passage clé de Matthieu 5,17 (« Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes. Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir ») est parlante (p 43s.). L’auteur plaide la continuité entre Jésus et Moïse. Il veut éviter toute discontinuité ou opposition entre le Seigneur et l’éthique de l’Ancien Testament (voir aussi le commentaire de Jn 8,2-11, p. 47s). Daniel Arnold passe comme chat sur braise sur l’invitation de Jésus à aimer ses ennemis (Mt 5,43-44) (p. 46). Tout en reprenant l’invitation à aimer son prochain au sein de la communauté israélite (voir Lv 19,18), Jésus invite à sortir du cadre communautaire (le prochain), pour inscrire cet amour dans la relation à tout être humain, membre de la communauté juive ou non. On découvre ainsi que le salut de Dieu ne se réduit pas au cadre légal et à une obéissance au commandement. Il vise plutôt une nouvelle disposition de coeur, qui s’ouvre au souffle du Royaume de Dieu. Par ailleurs, dans ce lieu théologique délicat du Nouveau Testament qu’est le rapport entre Loi et Evangile, aucune mention des perspectives pauliennes comme celles où l’apôtre affirme que Jésus est la « fin de la loi » (Ro 10,4).
 
Un Jésus-Christ, un peu « rabougri » !
Là où la puce grattera davantage encore l’oreille du lecteur, c’est lorsque Daniel Arnold parle du sens de la venue de Jésus. « Son oeuvre sur terre s’oriente dès le départ vers son oeuvre expiatoire sur la croix » (p. 49). Sous des airs de catéchisme évangélique classique, on assiste à une réduction du sens de la venue du Christ. La christologie est faible ! Que fait-on  des perspectives de Luc qui présente Jésus comme l’évangéliste des pauvres, le libérateur des opprimés (Lc 4,18-19) ? Que fait-on de la proclamation du Royaume qui s’incarne dans les dires et dans les actions de Jésus ? Que fait-on des perspectives de l’évangéliste Jean qui fait de Jésus la manifestation en ce monde de la présence du Père (Jn 14,9), ou l’humain déployé dans sa plénitude au travers de cette expression célèbre de Pilate : « Voici l’homme » (Jn 19,5), ?
 
Une interprétation littérale du donné biblique
Du point de vue de l’interprétation, la démarche de Daniel Arnold est purement littérale. Pas d’inscription du texte dans un contexte agraire de voilà 3'000 ans. Le récit biblique vient à nous comme s’il avait été écrit hier matin. Pas de démarche d’herméneutique biblique qui chercherait à forger à partir du texte biblique des principes que l’on pourrait reprendre aujourd’hui (2). Les limites de la démarche apparaissent par exemple dans la réflexion autour de la pratique du lévirat qui ne rebondit pas dans le présent (p. 268s). Pour le Deutéronome, une veuve sans enfant doit être prise comme épouse par un proche parent du défunt. Dans le traitement proposé par Daniel Arnold, aucune mention du rôle d’assurance vieillesse de cette pratique. Une veuve sans enfant dans le monde antique connaissait la plupart du temps une situation économique précaire et se voyait souvent condamnée à la prostitution. Le mariage lévirat permettait d’assurer une « AVS » à cette veuve. Aujourd’hui une rente de veuve ou une bonne AVS joue un rôle comparable... Et sans doute de manière tout aussi pertinente que la pratique du lévirat !
 
Une manière très minoritaire de faire de l’éthique en milieu évangélique
Sur le fond, chacun est bien entendu libre de ses positionnements théologiques. Mais ce que l’on aurait pu attendre d’un professeur d’Emmaüs, censé initier étudiants et futurs pasteurs à la complexité de l’éthique, c’est de jouer cartes sur table. Dès l’ouverture de « Vivre l’éthique de Dieu », son auteur aurait dû dire « de quel bois il se chauffe ». Le théonomisme est une manière très minoritaire de faire de l’éthique en milieu évangélique. Loin d’être aussi biblique qu’il y paraît au premier abord, il véhicule son lot de présupposés dans lesquels il contraint le texte biblique à entrer. Le lecteur non spécialiste est en droit de connaître franchement les a priori de l’auteur pour pouvoir appréhender la démarche proposée en toute connaissance de cause... et se positionner.
Serge Carrel
 
Notes
1 Christopher Wright, L’éthique et l’Ancien Testament, Cléon d’Andran, Excelsis, 2007, p. 468. Pour une autre critique du théonomisme, voir aussi Jacques Blandenier, L’Ancien Testament à la lumière de l’Evangile, Dossier Semailles et moisson no 12, Genève, 1998, p. 95s.
2 Ce que fait Christopher Wright dans son L’éthique et l’Ancien Testament, en considérant Israël comme le « paradigme de Dieu » (p. 70s) ou en proposant par rapport à chaque texte de chercher son objectif et le principe moral qu’il renferme (p. 369 par exemple). Pareille démarche est suivie par de nombreux autres théologiens évangéliques ! Voir par exemple John Stott et sa « transposition culturelle » qu’il oppose à un « littéralisme rigide et dépourvu d’imagination » (sic !) (Le chrétien à l’aube du XXIe siècle. Vivre aujourd’hui la Parole éternelle de Dieu, Vol. 1, Québec, La Clairière, p. 186s), Gordon Fee et sa prise en compte de « la relativité culturelle » (Un nouveau regard sur la Bible. Un guide pour comprendre la Bible, Deerfield, Vida, 1990, p. 68s), Gilbert Bilézikian et la révélation progressive de Dieu dans la Bible qui s’articule autour des 3 moments : création, chute, rédemption (Homme-femme. Vers une autre relation, Mulhouse, Grâce et vérité, 1992, p. 5s)...

28 réactions

  • Georges dimanche, 27 février 2011 21:23

    A la lecture du blog de Serge Carrel, je me demande sincèrement pourquoi toujours passer d'une extrême à l'autre ? Serge Carrel semble fustiger Daniel Arnold pour son livre qu'il considère représenter une manière très minoritaire de faire de l’éthique en milieu évangélique. N'empêche que pendant ce temps au moins il y a quelqu'un qui écrit, qui publie en Suisse Romande. Sa position semble le déranger d'autant plus que pendant ce temps personne dans la FREE ne prend le courage de publier ! Alors il est très facile de démolir. Mais ne faudrait-il pas plutôt dépenser son temps à convaincre des membres à écrire ? Oui, il y a de la place pour que la voix que Serge Carrel appelle majoritaire publie, écrive et laisse une empreinte du fondement de notre foi. Sans écrit notre pensée est vide de contenu.

    En tant que bon journaliste Serge Carrel ne peut pas ignorer que l'équilibre qu'il semble rechercher ne se ferra pas en faisant taire des "Daniel Arnold" ou autres théonomistes de tous noms mais dans un juste équilibre de l'expression de toute les sensibilités. Serait-il si loin de cela le temps ou la FREE ou plus loin encore les AESR étaient un organe rassembleur au lieu de toujours exclure ?

    C'est ce qui me porte à espérer qu'un jour la FREE, par la plume de ceux qui écrivent sur son site ou dans sa revue, ne soit pas un organe qui participe à une démarche qui veut réduire au silence les minorités mais comme elle a su très bien le faire pendant de longues années construire par un enseignement de qualité, des publications qui ont profité à l'édification de plusieurs générations.

    Je terminerais par un dernier regret : A ce jour justement plusieurs appellent de leur voie que l'Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs redevienne un Institut de référence en Suisse Romande. La FREE est aussi fortement engagée dans cette démarche et représentée en son conseil. Est-ce vraiment opportun que parallèlement on poursuive à critiquer, à diviser, à affaiblir ? Daniel Arnold n'a pas publié ici son manuel de ses cours. Comme tout bon professeur, ses cours sont empreints d'équilibre et savent aussi relater les autres positions présentent dans les milieux évangéliques. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir aussi des convictions et il y a droit.

    Bien cher Serge Carrel, je suis prêts à respecter vos convictions et je n'éprouve pas le besoin de les démonter. En effet il me semble plus important de m'engager à donner l'occasion à d'autre de se forger une conviction et ce même en lisant des livres qui ne partagent pas mes convictions... ou alors serions nous sectaires ? Votre article m’a convaincu : ce livre est à lire à tout prix. et ce même si je ne partage pas toujours les concictions de son auteur.

  • Serge Carrel lundi, 28 février 2011 07:59

    Merci à Georges d'avoir pris la peine de réagir. Je tiens tout de suite à le rassurer:
    1. Cette recension ne vise nullement à exclure, mais à susciter un débat sur des questions aussi fondamentales que la présence de l'Ancien Testament dans nos Eglises, sa lecture et son interprétation...
    2. La FREE continue à publier des livres et... des DVD pour l'encouragement des chrétiens de Suisse romande et d'ailleurs. Les succès des Dossiers Vivre comme "Makarios", "Vivre la cène aujourd'hui", "Les crises de la foi"... en témoignent. Nous prenons même des risques avec des sujets difficiles comme l'"Israël-Palestine: un regard évangélique" de Guy Gentizon et Jean-Jacques Meylan...
    3. Jacques Blandenier, l'ancien responsable de la formation d'adultes de la FREE, devrait publier cette année une nouvelle édition de son "L'Ancien Testament à la lumière de l'Evangile"... L'occasion pour vous après la lecture du livre de Daniel Arnold de bénéficier d'un autre éclairage, plus "main stream", de la manière dont les évangéliques envisagent la lecture de l'Ancien Testament aujourd'hui dans nos Eglises...

    Meilleurs messages en Christ.
    Serge Carrel

  • Georges lundi, 28 février 2011 12:33

    Merci Serge pour votre réponse, mais le fond de ma préocuupation reste et se résume en une phrase : Ou sont ceux qui se lèvent pour écrire non pas seulement des dossiers mais des ouvrages traitant la théologie dans son fond, à l'instar des René Pache et autres en leur temps ?

    Avouons-le que la Suisse Romande (et par conséquent la FREE) est pauvre dans ce domaine et que l'on a aujourd'hui de la peine à étayer la doctrine de nos églises (y compris au sein de la FREE) par des ouvrages de référence émanent d'auteurs Suisses Romands... à croire que la FREE n'a plus de théologie !

    Oui j'ai un peu (...beaucoup) l'impression que l'on se contente de contrer ce que les autres font ! Et je cherche quelle est la théologie de la FREE. Tant que je n'aurais pas trouvé je réagirais avec sensibilité quand l'on se résout à critiquer même si s'est pour succiter un débat !

  • Etienne jeudi, 03 mars 2011 23:55

    Je remercie Serge pour sa lecture critique et pour la mise par écrit de ses remarques. Je dois dire qu'à la lecture de ce livre, j'ai été déstabilisé par ce que pouvait écrire Daniel. Comment être d'accord avec son interprétation qui se base sur la bible? Je constate enfin que si la bible est fiable à 100%, notre interprétation ne l'est pas autant... Je suis content de remarquer que mes interrogations sont partagées avec Serge et que cette interprétation littérale reste l'avis d'un groupe minoritaire dit théonomiste.
    Il semble évident que l'interprétation que fait Daniel entièrement basée sur l'AT est à retravailler à la lumière de l'oeuvre du Christ et de notre culture...

  • Séverin Bamogo vendredi, 04 mars 2011 12:29

    Comme il nous est bien indiqué, Serge Carrel fait une recension critique.Dans une telle approche on peut donner son avis(s'il faut user de la charité pour les personnes ,il n'y a en point pour les idées)
    c'est certain que pour d'autres l'éthique chrétienne se fonde aussi sur les béatitudes et que La loi trouve son accomplissement dans la personne du Christ.(Dieu ayant parlé pleinement et dernièrement par le Fils)
    Je vais certainement lire l'ouvrage en question et c'est aussi cela le mérite de la recension

  • Ignace dimanche, 06 mars 2011 19:58

    Un grand merci à Serge Carrel pour cette lecture critique fort opportune.
    Sans être membre de la FREE, je tenais à signaler à George qu'il existe un certain nombre de références en français susceptibles d'intéresser un lectorat évangélique. Pour n'en citer que deux (en plus de celles déjà signalées par Serge Carrel en notes de bas de page), il y a le classique:

    - John H. Yoder, "Jésus et le politique, la radicalité éthique de la croix, Lausanne", Presses bibliques universitaires, 1984;

    ainsi que le plus récent (et fort intéressant) :

    - Frédéric de Coninck, "Agir, travailler, militer. Une théologie de l'action", Excelsis, 2006.

    Il manque probablement une production théologique plus conséquente en français. Mais on stimulerait grandement la réflexion en se plongeant dans les ouvrages de qualité déjà disponibles.

  • Georges dimanche, 06 mars 2011 21:19

    Merci à Ignace pour ces références que je n'ignoraient pas. Afin que les choses sont claires, je tiens à avouer que les positions partagées dans l'ouvrage de Daniel Arnold ne font pas non plus mes convictions.

    Ceci étant, le fond de mon interpellation c'est que je me demande pourquoi au non d'une approche journalistique, on se permet simplement de sortir la plus belle des plumes pour apporter ce que l'on appelle un recension pour faire avancer le débat, et cela à chaque fois qu'il y a quelque chose qui bouge. N'y a t-il pas d'autres chemins pour faire avancer le débat tel que par exemple en donnant d'une part la parole à ceux qui pensent autrement, en partageant ses convictions et en succitant ainsi uen saine réflexion.

    A lire Serge Carrel, je sais très bien ce qui ne lui plaît pas dans cet ouvrage, mais je ne sais nullement ce que sont ses convictions (à moins qu'il n'en ait pas ?). C'est bien pourquoi je condamne cette approche qui ne conduit, dans le quotidien, qu'à la séparation et à la division. Jésus nous a appellé à témoigné... à examiné toute chose... mais surement aps à divisier. Dans nos églises il n'y a que trop de monde qui savent ce qu'il ne faut pas croire et trop peu qui nous sont des aides au quotidien sur notre chemin de foi.

  • Pascal Vidoudez lundi, 07 mars 2011 09:36

    Je félicite Daniel Arnold de s'être mis à l'ouvrage et de nous faire profiter du fruit de ses longues années de recherches sur le sujet qui nous partage dans son livre. Je remercie Serge pour sa recension propre à ouvrir un débat.

    Suite à quelques commentaires, je me permets d’arguer sur quelques points

    1. Galilée publia de nombreuses thèses au XVIIème siècle. L’Eglise catholique romaine n’accepta pas celles confirmant celles de Copernic selon laquelle la terre, comme d'autres astres, tourne autour du soleil, et non l'inverse. (Galilée démentit ainsi le fait que la terre n’était pas plate mais ronde).
    De nos jours, les thèses précitées sont largement confirmées. Et l’Eglise catholique a reconnu ses erreurs lors de Vatican II (1962-1965). Jean-Paul II a rendu une nouvelle fois hommage au savant, le 31 octobre 1992, lors de son discours aux participants à la session plénière de l'Académie pontificale des sciences. « … . Ainsi la science nouvelle, avec ses méthodes et la liberté de recherche qu'elle suppose, obligeait les théologiens à s'interroger sur leurs propres critères d'interprétation de l'Écriture. La plupart n'ont pas su le faire. » … « Paradoxalement, Galilée, croyant sincère, s'est montré plus perspicace sur ce point que ses adversaires théologiens. … .»
    ET SI LES THESES DEVELOPPEES ET RESUMEES DANS L'OUVRAGE PROPOSE PAR DANIEL ARNOLD SUIVAIT LE SCHEMA D'ACCEPTATION MENTIONNE CI-AVANT ? ET SI DANIEL ARNOLD ETAIT PLUS PERSPICACE SUR LE SUJET QUE SES ADVERSAIRES ?
    2. Toutes recensions se doivent d'être objectives. Elles ne doivent pas être un plaidoyer en faveur de l'ouvrage recensé ou en sa défaveur. Je reprends l'exemple de Galilée. Les thèses mentionnées au point un étaient une révolution et un scandale. Le pape lui-même se rangea rapidement à l'avis des adversaires de Galilée. Surtout, il lui avait demandé une présentation objective des deux théories, celle de Ptolémée et de Copernic, et non pas un plaidoyer en faveur de Copernic.
    POUR CE FAIRE UN AVIS SUR LA RECENSION ÉTABLIE PAR SERGE CARREL SUR LE LIVRE DE DANIEL ARNOLD, IL FAUDRAIT LIRE L'OUVRAGE EN QUESTION. SURTOUT, IL FAUDRAIT LE LIRE EN REMETTANT AU PRÉALABLE NOTRE LECTURE ENTRE LES MAINS DE L'ESPRIT SAINT POUR QU'IL NOUS OUVRE L’INTELLIGENCE. CAR FINALEMENT CE QUI COMPTE N’EST PAS TANT CE QUI NOUS PLAÎT OU PAS OU CE QUE NOUS PENSONS. CE QUI RESTE ESSENTIEL EST QUE L’ETERNEL NOUS ENSEIGNE SES VOIES (ESAÏE 2 :3) « CAR MES PENSÉES NE SONT PAS VOS PENSÉES, ET MES VOIES NE SONT PAS VOS VOIES, DIT L'ETERNEL. »
    3. Quant au fait que la théonomie semble être un "courant minoritaire", j'aimerais attirer les lecteurs sur le recensement suivant. Le monde est peuplé de près de 7mrds d’individus. Quel pourcentage de cette population est chrétienne ? Wikipédia en estime le nombre à 2.1-2.2mrds repartis dans pas moins de 33'000 confessions.
    Seul D.ieu connaît le nombre exact de personnes ayant reconnu Son Fils pour qui Il est vraiment. Toutefois, partant de n'importe quel constat et même celui de Wikipédia, les chrétiens demeurent toujours minoritaires dans ce monde. Est-ce pour autant dire que les vérités non-conformistes à ce monde contenues dans la Bible, que les chrétiens se doivent pourtant de lui annoncer, ne devraient ni être reconnues ni être acceptées car ne représentant pas l'avis de la majorité ?
    PARTANT DE CE CONSTAT : ET SI LES THÈSES NON-CONFORMISTES DÉVELOPPÉES PAR DANIEL ARNOLD DEVRAIENT ÊTRE RECONNUES ET ACCEPTÉES COMME VALABLES ?

    Je vous souhaite une bonne lecture de cet ouvrage, aussi dérangeante puisse-t-elle être peut-être d’une perspective humaine mais captivante si nous considérons que cela pourraient être les desseins de D.ieu. 1 Jean 4 :1 nous invite à éprouver les esprits pour savoir s’ils viennent de D.ieu. Je vous invite d’en faire de même.

  • Daniel Arnold samedi, 12 mars 2011 11:57

    Il ne faut pas écrire un livre d’éthique si on veut plaire à tout le monde. Dans le domaine des valeurs morales, les convictions sont fortes et diverses. Parfois, elles empêchent l’écoute du prochain. Je remercie Serge Carrel d’avoir pris le temps de faire une recension de mon livre « Vivre l’éthique de Dieu », mais je regrette la partialité de sa lecture.

    Il résume ma pensée de la manière suivante : « La thèse est ainsi posée. En foi chrétienne, la réflexion éthique se fait à partir du Décalogue, découle de lui et finit en lui ». Ce n’est pas ma position. Le point de départ et d’arrivée que je propose n’est pas la loi mosaïque, mais la personne de Dieu. La différence est de taille. Le titre du livre reflète bien ma démarche: « Vivre l’éthique de Dieu ».

    Les bases fondamentales de l’éthique sont traitées sur neuf chapitres, alors que Serge Carrel ne semble s’être arrêté que sur deux d’entre eux. Au chapitre 3, je relève la complexité de l’éthique biblique (« Unité et complexité de l’éthique divine »), et le chapitre 8, traite du rapport entre la justice, l’amour et le pardon. Certes, la loi de Moïse fait partie intégrante de la révélation (ce qui explique le titre du chapitre 4 : « Le génie de la loi mosaïque »), mais il y a mieux comme le montre le chapitre suivant : « Jésus-Christ manifeste la pleine incarnation de Dieu ».

    Serge Carrel qualifie ma démarche de « purement littérale ». Il me reproche une absence de mise en contexte. Je confesse que je n’ai pas indiqué toutes les applications des lois bibliques. (Qui peut le faire ?) Par contre, j’ai rendu le lecteur attentif à l’importance de la tâche interprétative et laissé de nombreux exemples. Le chapitre 6 illustre l’effort de mise en contexte des apôtres, et le chapitre 7 souligne le rôle du Saint-Esprit dans le domaine du discernement et de l’actualisation des principes moraux. L’actualisation des lois bibliques (celles de l’Ancien et du Nouveau Testament) n’est pas toujours aisée, et trop souvent les chrétiens se précipitent sur une explication. C’est le cas de Serge Carrel lorsqu’il affirme que « le mariage lévirat permettait d’assurer une ‘AVS’ à cette veuve ». Accessoirement, peut-être, mais là n’était certainement pas l’essentiel. La loi du lévirat n’avait pas pour but d’assurer la sécurité à une veuve, mais la descendance du mari défunt. Boas dit clairement à Ruth qu’elle aurait pu trouver un mari en dehors de la famille (Rt 3.10).

    Serge Carrel me reproche à la page 46 de passer « comme chat sur braise sur l’invitation de Jésus à aimer ses ennemis ». Pourtant le rôle fondamental de l’amour du prochain est souligné avant et après la page incriminée (p.31-32, 54-55). Mon but n’était pas de répéter le principe de l’amour chaque fois qu’une citation biblique y fait allusion, mais de proposer un développement réfléchi. Dans les pages 42-46, je m’efforce de montrer que Jésus ne s’oppose pas à l’Ancien Testament dans le sermon sur la montagne, mais aux interprétations erronées des scribes et des pharisiens. Rien de plus, rien de moins.

    Une lecture plus charitable, plus à l’écoute de l’autre aurait évité à Serge Carrel certains raccourcis. Elle lui aurait sans doute permis de trouver quelques perles dans les 400 pages de mon livre.

  • Hervé de Masière lundi, 14 mars 2011 07:38

    La partialité ne fait pas partie des vertus de Serge Carrel qui préfère l'approche journalistique. A chaque fois que la FREE souhaite contrer (pour ne pas dire plus et rester charitable !) c'est sa plus belle des plumes qui est ressortie.

    Au nom de la majorité on voudrait triompher, écraser, dénigrer, réduire au silence. Aujourd'hui je m'inquiète très fortement de l'ecclésoiologie de Serge Carrele t de la FREE au nom de laquelle il s'exprime. Le petit, le faible, l'insignifiant n'a-t-il plus de place parmi nous ? Nos églises n'ont-elle pas vu leur origine au travers de gens insignifients qui ont osés nager à contre courant ? Pourquoi oublier cela ? Et même si le courant exprimé est minoritaire il a droit de cité parmi nous.

    Ras-le bol de recensions de tout ordre ou autres blogs diviseurs. Pendant ce temps il n'y a plus personne qui enseigne sur un fondement solide au sein de nos églises... justement parce que ce n'est plus populaire (donc minoritaire) d'assister à des études bibliques. Mais nos églises n'ont aucun avenir ainsi. Alors Monsieur Carrel ranger votre plume ou alors utilisé la pour édifier le Corps de Christ et non pour le diviser.

  • Serge Carrel lundi, 14 mars 2011 20:49

    Merci à Daniel Arnold d'avoir pris la peine de répondre à ma recension. Mon propos se veut toujours charitable. Mes excuses s'il n'a pas donné cette impression.
    Ce qui m'intéresserait, c'est de positionner le débat sur un plan plus "théologique". Au vu de votre réaction, Daniel, défendez-vous effectivement un point de vue "théonomiste"?

    Merci de votre réponse.

    Meilleurs messages!

    SC

  • Hervé de Masière mardi, 15 mars 2011 12:13

    Vous semblez oublier Monsieur Carrel que toute théologie s'incarne dans le quotidien. Il est trop facile de "positionner" le débat sur un point de vue théologique et se donner ainsi tous les droits dans le quotidien.

  • RENTMEISTER André vendredi, 18 mars 2011 13:20

    Pour faire une recension d’un tel ouvrage, il faudrait déjà le lire en entier en examinant toute chose et en retenant ce qui est bon. Il faudrait aussi accepter de se laisser remettre en question malgré sa théologie de la majorité et non fustiger l’auteur d’une manière tellement injuste et si peu charitable.
    Je regrette que le recenseur n’ait pas eu un soucis d’honnêteté et d’objectivité intellectuelle et reconnaître que ce livre dépasse ces compétences théologiques et éthiques.
    Une fois de plus, nous avons le vrai visage de cette nouvelle vague d’apôtres conciliant et tolérant, ouvert à tout nouveau vent de doctrine répondant aux goûts du jour, mais terriblement arrogant, intolérant et inquisitoriale envers ceux qui ont à cœur de maintenir la saine doctrine.
    La diatribe du journaliste recenseur démontre qu’il n’a fait qu’effeuiller ce livre de 400 pages. Déjà titillé par son titre, son approche ne pouvait être que partiale et partielle. Son manque de déontologie dévoile le courant de l’analphabétisme évangélique actuel sur une question aussi importante que l’éthique selon le cœur de Dieu.

  • Berthoud Rose-Marie dimanche, 20 mars 2011 16:10

    Rappelons que le mot théonomie est composé de deux mots : théos et nomos, loi et Dieu, et que tout chrétien devrait avoir du respect pour Dieu et sa loi, et être en quelque sorte « théonomiste ».
    Vous jetez le discrédit sur les théonomistes, et dans la bouche de certains, il semble que ce mot soit devenu une injure. Or, il y a toutes sortes de théonomistes, comme il y a toutes sortes
    d’évangéliques. Faudrait-il aussi jeter le discrédit sur eux ? Il y en a parmi eux qui marchent en ennemis de la croix de Christ, il y a ceux qui aiment Jésus-Christ et ses commandements.
    Le Saint-Esprit a été donné, entre autre, pour nous donner la capacité de mettre en pratique les commandements de Jésus. Celui qui l’aime garde ses commandements. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour : Jean 15 : 10. Et l’amour consiste à marcher selon ses commandements : 2 Jean 1 : 6. C’est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus : Apocalypse 14 : 12.
    Le Logos se dresserait-il contre lui-même, contre les 10 commandements qu’Il a donnés Lui-même à Moïse ?
    Bravo pour ceux qui aiment Jésus-Christ et sa loi (mot vraiment pas à la mode, même chez les évangéliques !), et qui cherchent sérieusement à lui obéir, non pas pour obtenir leur salut, mais pour devenir, avec l’aide du Saint-Esprit, de vrais disciples de Jésus-Christ.

    Rose-Marie Berthoud.

  • Daniel Arnold lundi, 21 mars 2011 15:59

    Réponse à la question de Serge Carrel.

    Est-il vraiment bien de coller des étiquettes ? Ne risque-t-on pas de déformer et d’enfermer ? Mieux vaut écouter et se laisser surprendre.

    Les étiquettes permettent de classer, de ranger, parfois aussi de jeter l’anathème. Mais combien de lecteurs de « Vivre » comprennent le terme « théonomiste » ? Le mot apparaît trois fois sous la plume de Serge Carrel dans la recension publiée, mais jamais dans mon livre de 400 pages. Il me paraît donc utile de qualifier le mouvement. Les théonomistes viennent généralement des milieux réformés et croient que la pensée de Dieu s’applique à tous les domaines de la vie. Ils sont préoccupés par les questions de justice sociale et estiment que les prescriptions morales de la loi de Moïse doivent être examinées avec la plus grande attention, car c’est là que Dieu a révélé un code civil pour gérer une société marquée par le péché. Les théonomistes sont des chrétiens généralement très cultivés et profondément attachés à la Parole de Dieu. Par leurs travaux exégétiques, ils s’efforcent d’exposer la pertinence des lois morales de l’Ancien Testament. Sur le plan eschatologique, les ténors du mouvement sont postmillénaristes et croient que la prédication de l’Evangile transformera progressivement les structures de la société et permettra à la justice divine de triompher. Les méchants seront punis, et les justes vivront dans la paix. Les théonomistes sont intéressés à l’engagement politique, mais ils n’en font pas une obsession, car la transformation attendue de la société sera l’œuvre de Dieu. Certains critiques estiment que les théonomistes sont des légalistes, mais c’est mal les comprendre, car ces chrétiens réformés soulignent avec force l’alliance de la grâce.

    Les théonomistes m’ont permis d’apprécier à sa juste valeur la richesse et la profondeur de la loi mosaïque, alors que trop souvent les théologiens dénigrent bien rapidement cette partie de la révélation divine. Les théonomistes ne sont pourtant pas les seuls éthiciens à avoir influencé ma pensée. J’ai une dette de reconnaissance aussi envers des auteurs réformés, évangéliques ou mennonites. Ces derniers, par exemple, soulignent mieux que les autres la dimension communautaire, le sens du service, l’entraide fraternelle et l’esprit pacifique qui doit animer le chrétien.

    Mon approche éthique est tributaire de différents courants (heureusement), mais elle est aussi originale de par son insistance sur la personne de Dieu. Sur le blog de la Free, Serge Carrel exprime son étonnement face au titre de mon livre « Vivre l’éthique de Dieu ». Il parle de la « force marketing » et « d’ambition ». Rien de tout cela. Mon titre est l’expression d’une conviction. L’éthique doit trouver son enracinement dans la personne de Dieu – Père, Fils et Saint-Esprit. Comme je l’indique dans la préface de mon livre, mon propos n’a pas été de « présenter une multiplicité de points de vue » et d’en évaluer les forces et les faiblesses. (Cela pourra faire l’objet d’un autre livre.) Mon objectif a été de présenter une approche éthique qui repose sur un a priori simple, fondamental et évident : à savoir que Dieu est la référence absolue dans le domaine du bien.

    Personnellement, j’ai trouvé cette approche profondément renouvelante. Elle m’a permis d’aller au-delà de la lettre, sans pour autant rejeter la lettre, et de voir l’harmonie de la révélation divine et de mieux saisir la sainteté de Dieu. Ayant dit cela, j’ajoute aussitôt que ce point de départ « illuminant » ne résout pas en un clin d’oeil toute difficulté éthique, mais il donne à l’homme une orientation large, profonde, concrète et imagée qui nourrit la réflexion éthique. Dieu a voulu que l’homme réfléchisse, médite et discerne son chemin. C’est ce que je me suis efforcé de faire dans la deuxième partie de mon livre, en abordant, l’un après l’autre, les grands domaines de l’éthique. Mon approche est plus « théocentrique » que « théonomiste ». C’est Dieu qui doit être au cœur de notre réflexion et pas seulement la loi de Dieu.

    L’accent que Jésus place sur l’éthique « personnelle » est fondamental. Il ne faut jamais l’oublier. Si les théonomistes et d’autres chrétiens évangéliques (et libéraux) rappellent aujourd’hui l’importance de l’engagement social (un message parfois négligé autrefois), il ne faudrait pas non plus oublier que Jésus est venu changer en priorité les cœurs humains, et non les structures de la société. Le monde va vers sa perdition. Une grande tribulation précédera le retour du Seigneur Jésus. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille baisser les bras maintenant et renoncer à combattre l’injustice, car nul ne connaît le jour de son retour. Tant que Dieu nous prête vie nous sommes appelés à aimer notre prochain en l’aidant et en l’éclairant. (Voir chap. 16).

    Dans un monde en manque de repères, les chrétiens sont appelés à se recentrer sur la personne de Dieu tel qu’il s’est révélé dans ses paroles et dans ses actes, aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament. Ils y trouveront l’inspiration et la force pour vivre l’amour et la justice au quotidien.

  • Gérald Turin lundi, 21 mars 2011 20:18

    Bonjour,
    Pour ma part, j'ai été fort surpris de l'analyse de Mr Carrel à l'encontre du dernier livre de Daniel Arnold. Pour avoir lu ce livre d'un bout à l'autre, je dois dire que je me retrouve en aucune manière dans les propos tenus par Mr Carrel. Je pose la question de savoir si il l'a effectivement lu ce livre dans son intégralité. Dans la positive, alors me vient naturellement une deuxième question: Mr Carrel a-t-il véritablement compris l'essence de l'ouvrage de Mr Arnold? Tant son article manque de relever les nuances pourtant évidentes ce que Mr Arnold, relevons-le, de son côté, ne manque pas de faire. Mr Carrel pense-t-il sérieusement que Daniel Arnold n'aurait pas saisi le rôle central de l'oeuvre de Jésus-Christ? Ou encore qu'il n'aurait pas compris l'aspect de la fin de la loi, qui précisons-le se rapporte à son aspect sacrificiel et non pas moral ou éthique? Soyons sérieux, peut-on légitimement qualifié le professeur Arnold de théonomiste au sens strict de la terminologie? Pour plus de clairvoyance ou d'objectivité, j'invite Mr Carrel à suivre quelques cours sur les synoptiques, dispensés par l'auteur.

  • Serge Carrel samedi, 26 mars 2011 20:39

    Cher Daniel,
    Tout d’abord un grand merci de prendre la peine d’entrer dans un débat « théologique » sur ce blog. Comme je vous l’ai dit la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, je crois que cet échange est utile pour vos étudiants, pour ceux qui fréquentent la Formation au service dans l’Eglise (FSE) de la FREE, et pour d’autres !
    Vous le savez bien, ce qui motive ma recension et me pousse à sortir du bois alors que je ne le souhaitais pas forcément, c’est votre plaidoyer pour la peine de mort, un plaidoyer auquel vous avez habitué les Romands. En 1995, tel était déjà votre propos dans le mensuel L’Avènement. En son temps, ce propos avait choqué beaucoup de gens, bien au-delà des cercles évangéliques puisque ce mensuel avait été distribué en tout ménage dans pas mal de foyers de notre région... et avait suscité la polémique !!!
    Le livre de Christopher Wright « L’éthique et l’Ancien Testament » (Cléon-d’Andran, Excelsis, 2007) semble être une référence qui nous est commune. Aidons-nous de cet autre « pavé » (plus de 600 pages !!!) pour gagner encore en perspective et inscrire votre propos dans un cadre plus large ! Le fait que ce livre ait été traduit par deux professeurs de la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine en région parisienne, Jacques Buchhold et Christophe Paya, ainsi que par Richard Doulière, dit toute son importance pour notre milieu et pour notre débat !
    De manière très stimulante, Christopher Wright dresse un tableau des « écoles » de perception de l’Ancien Testament dans l’histoire de l’Eglise (chapitre 12, p. 449). Pour cet auteur anglais, pédagogue, il y en aurait trois. Une première qui refuse ou méprise, parfois de manière cachée ou inconsciente, l’Ancien Testament, et que l’on pourrait rattacher à Marcion, l’hérétique du IIe siècle. Cette position n’est pas la nôtre ! La deuxième école se rattache à l’école d’Alexandrie (Clément et Origène) qui table sur une continuité et une unité fondamentale de l’Ancien et du Nouveau Testament... Une telle école aurait comme disciples dans l’histoire de la perception de l’Ancien Testament dans l’Eglise un Calvin, une certaine tradition réformée, les théonomistes... et vous, si je puis me permettre !
    Il y aurait enfin une troisième école qui respecte profondément l’Ancien Testament et se rattacherait à Antioche (Jean Chrysostome...). Cette école valoriserait la nouveauté fondamentale apparue en Christ et lirait l’Ancien Testament à partir d’une christologie forte. loin d’un Christ « rabougri » comme je le faisais remarquer dans ma recension de votre livre ! Wright complète : « L’école d’Antioche insistait sur la progression historique des Ecritures et sur l’importance de l’accomplissement rédempteur de l’Ancien Testament dans le Nouveau. Son approche de l’autorité biblique était moins statique et plus dynamique... » (p. 453).
    Luther, nombre d’anabaptistes et de mennonites, mais aussi beaucoup d’éthiciens évangéliques d’aujourd’hui (Christopher Wright est du nombre !) s’inscriraient dans cette école qui, rappelons-le, ne part pas de la loi comme coeur de l’éthique, mais de l’extraordinaire nouveauté du Christ dans l’histoire du salut... comme dans l’histoire de l’éthique que Dieu propose aux hommes !
    Ce développement de Christopher Wright rend compte d’un paysage évangélique auquel, je l’espère, vous souscrivez... Il permet aussi de situer les uns et les autres et d’entrevoir qu’il y a plusieurs lectures évangéliques possibles... Donc que votre plaidoyer en faveur de la peine de mort peut représenter le point de vue d’une certaine école, mais nullement de l’ensemble du mouvement évangélique.

    Voilà pour cette fois.

    En Christ... et au plaisir de poursuivre le débat !
    Serge Carrel, journaliste... et formateur d’adultes au sein de la FREE

  • Georges lundi, 28 mars 2011 15:23

    Merci Monsieur Carrel d’avoir enfin été transparent et pour avoir aussi usé de sensibilité, ce qui n’est pas votre qualité première. Tout ce que vous ajoutez ce lisait, se sentait dans vos lignes. Votre article n’est que la suite d’une vielle rengaine entre vous-même et l’auteur recensé et le but recherché était de rajouter un point à au score ce surtout dans le but d’isoler encore plus l’auteur.

    En ce qui me concerne je trouve fort dommageable que vous utilisiez votre pouvoir – être journaliste s’est avoir un pouvoir – pour régler vos comptes si ce n’est pour les rendre public. Je garde de vue que le corps de Christ doit rassembler l’ensemble des enfants de Dieu et j’espère que vous serez d’accord Daniel Arnold en fait partie. Je sais que le Seigneur nous a dit qu’il nous préparait des demeures dans l’éternité : peut-être pour vous éviter de vous croiser ?

    Si je puis vous suggérer une chose : rangez votre plume ou alors faites en usage auprès du Blick, du Matin voire Paris Match mais arrêter de nous polluer avec vos articles et vos propos qui n’apportent que la division. Vous soulignez avec justesse que vous êtes journaliste et formateur d’adulte au sein de la FREE. C’est justement parce que vous n’avez aucun ministère local au sein d’une église que vous passez à côté de ces réalités.

  • Ignace mardi, 29 mars 2011 16:14

    Le 21 mars, Daniel Arnold écrivait :

    "Les théonomistes viennent généralement des milieux réformés et croient que la pensée de Dieu s’applique à tous les domaines de la vie. Ils sont préoccupés par les questions de justice sociale et estiment que les prescriptions morales de la loi de Moïse doivent être examinées avec la plus grande attention, car c’est là que Dieu a révélé un code civil pour gérer une société marquée par le péché."

    Je ne peux m'empêcher de faire le lien entre cette façon de présenter les "théonomistes" (qui se disent également "reconstructionnistes"), et la façon dont Frank Schaeffer, le fils de Francis Schaeffer, en parle. Ainsi, dans un article publié hier, dans la rubrique politique d'un grand journal étasunien (le Huffington Post), le même Frank Schaeffer, ne mâchait pas ses mots lorsqu'il évoque l'impact des reconstructionnistes sur les évangéliques d'Amérique du Nord.

    Voici le lien de l'article : http://www.huffingtonpost.com/frank-schaeffer/2012-will-be-about-the-re_b_841092.html

    Pour rappel, Frank Schaeffer est (avec son père et le pasteur baptiste fondamentaliste Jerry Falwell) à l'origine de la Moral Majority [majorité morale], ce courant composé d'évangéliques conservateurs qui a propulsé Ronald Reagan à la présidence des USA. Depuis, Frank Schaeffer a changé d'avis sur les causes pour lesquelles les chrétiens doivent se mobiliser.

    Schaeffer poursuit son article en avançant que, depuis les années 1960, les reconstructionnistes ont durci leurs positions. C'est notamment à Rousas Rushdoony, l'une des figures marquantes de ce mouvement, que l'on doit l'élaboration d'une position systématique sur la façon d'appliquer la loi mosaïque à la société américaine. Et Schaeffer d'avancer : "Jusqu'à ce que Rushdoony, […] commence à écrire […] la plupart des fondamentalistes américains (y compris mes parents) n'avaient pas essayé d'appliquer, aux États-Unis, les lois bibliques à propos de la peine capitale en cas d'homosexualité."

    Daniel Arnold évoque le souci de "justice sociale" des "théonomistes" : à lire l'exposé de Schaeffer, cette forme de souci m'apparaît fort discutable...

    Si l'on jette un coup d'œil au site Internet qui fait l'apologie de Rousas Rushdoony, un site directement issu de l'organisation qu'il a fondée et dirigée, la Chalcedon Foundation, on pourra lire de façon "édifiante" le Christian Manifesto [Manifeste chrétien] rédigé par le même Rusdhoony. Or, ce manifeste stipule que "Les dirigeants civils qui gouvernent sans le Seigneur et Sa Loi/Parole sont, comme l'affirme Augustin, peu différents d'une maffia, à ceci près qu'ils sont plus puissants" (http://chalcedon.edu/topics/christian-reconstruction/). Ce qui conduit cet auteur à faire l'apologie de la "théocratie" et à vouer la démocratie aux gémonies (http://chalcedon.edu/research/articles/the-meaning-of-theocracy/).

    Lorsque Daniel Arnold reconnaît sa dette envers les théonomistes, on souhaiterait connaître plus explicitement ce qu'il leur doit. À ce propos, Jean-Marc Berthoud est beaucoup plus clair : dans son dernier ouvrage, il fait de Rushdoony l'une des inspirations principales de sa théologie politique.

  • Jean-Marc Berthoud mercredi, 30 mars 2011 12:30

    Cher Monsieur,
    1. Le mouvement de la Majorité Morale aux Etats-Unis est né suite à la première élection de Reagan. Elle n’en était certainement pas la cause mais une conséquence. Francis Schaeffer, très malade à l’époque, a certes réveillé bien des évangéliques dans le monde entier quant à leurs responsabilités publiques, mais il n’a pas joué un grand rôle politique dans le développement de cette « majorité morale » dont le moteur était surtout le pasteur fondamentaliste évangélique, Jerry Falwell.
    2. Frank(y) Schaeffer, le seul fils de Francis Schaeffer, n’a joué qu’un rôle marginal dans ce mouvement très bigarré qui cherchait à redonner un certain sens moral à la politique américaine. Le combat principal de ces chrétiens bibliques était contre l’avortement légalisé, premièrement, puis contre la croissante centralisation de l’État américain.
    3. Frank(y) Schaeffer s’est ensuite « converti » à l’Orthodoxie où il a eu des ennuis en conséquence de sa propagande énergique en faveur de l’évolutionnisme. Puis, plus récemment, il s’est détourné avec vigueur de tout son héritage familial évangélique et réformé confessant, publiant un livre scandaleux (il a la manie de provoquer des scandales) où il trainait dans la boue ses propres parents (sa mère était encore vivante) ceci même jusque dans leur vie familiale. Il a ainsi attaqué de front une grande partie de l’enseignement reçu de son propre père.
    4. Frank(y) Schaeffer milite actuellement dans les milieux de gauche et est devenu, en quelque sorte, la coqueluche de certains des cercles les plus antichrétiens en Amérique.
    5. Les remarques équitables de Daniel Arnold sur la théonomie – il ne se dit pas « théonomiste » lui-même –, s’appliquent largement à Rousas J. Rushdoony qui était un pasteur réformé américain et un théologien remarquable attaché aux normes de la Confession de Westminster. Son tort était – pour certains, dont apparemment « Ignace » – de croire, que toute la Bible est inspirée de Dieu et que, comme l’indique II Timothée 3 : 16-17, qu’elle est toujours utile aux chrétiens, Torah hébraïque incluse. Écoutons l’apôtre Paul lui-même : Toute Écriture (il s’agit ici des écrits de l’Ancien Testament puisque le Nouveau n’était pas encore constitué) est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne. Cette « justice » pour Paul s’applique également, ceci évidemment avec prudence, sagesse et fidélité, au domaine public (Romains 13 : 1-7). Pour ce qui en est de la « théonomie » elle-même, voyez l’annexe à mon petit livre « Pierre Viret (1511-1571). Un géant oublié de la Réforme. Apologétique, éthique et économie selon la Bible » qui vient de paraître dans La revue réformée ainsi aux éditions Kerygma d’Aix-en-Provence.
    6. L’auteur de cette réaction – un certain « Ignace » – serait-il favorable à l’influence prétendument « bénéfique » de la présente « majorité politique immorale » en Occident, consensus politique qui favorise, entre bien d’autres choses, l’adultérisation et l’homosexualisation de la société ainsi que l’application médicale de la peine de mort, ceci sans la moindre protection du processus juridique normal, tant pour les enfants avant leur naissance que pour les vieux qui gênent leur progéniture ? Ne craint-il pas pour nos sociétés le sort de Sodome et de Gomorrhe ?
    7. Augustin, comme Rushdoony au Point 5 de son petit texte : A Christian Manifesto (1984) – dix courts points dont la lecture peut éclairer chacun sur la modération biblique de ses propos – et Francis Schaeffer (qui est l’auteur d’un livre intitulé lui aussi A Christian Manifesto – 1981), indiquent simplement que l’injustice et la criminalité en haut lieu ne sont pas blanchies par le simple fait d’être revêtue de l’autorité de l’État et ne sont donc guère différentes – à part leur plus grande puissance à faire le mal – de la criminalité des gangsters. Les centaines de millions d’avortements «légaux» perpétrés dans le monde depuis 1973 par nos régimes dits «démocratiques» ne manifestent-ils pas ce que la Bible appelle « l’injustice au nom du droit » ? (Voyez Psaumes 11, 12 et 82 ainsi qu’Ésaïe 1 et 3.) Les 6 millions de Juifs exterminés par les Nazis, les 60 millions de russes exterminés par les Communistes, et les 100 millions et plus de chinois exterminés par le marxiste Mao et ses collaborateurs – on pourrait en citer bien d’autres, Pol Pot, etc., sans parler des événements actuels ! – témoignent éloquemment du caractère maffieux que peut malheureusement revêtir le pouvoir politique.

    Avec mes salutations chrétiennes,
    Jean-Marc Berthoud

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