La question du sens de la vie est de celles que l’on n’ose presque plus aborder. Pour passer le temps une longue soirée d’hiver auprès du feu, pourquoi pas? Mais l’a priori général est que la vie n’a pas de sens. Ou tout au plus qu’elle a le sens qu’on lui invente. Certains prennent cela comme une magnifique liberté d’orienter sa vie à sa guise. Mais devoir trouver ou donner du sens dans un univers dont on présume qu’il n’en a pas peut aussi être un fardeau, à témoin la prévalence du suicide et de la dépression. Et le sens qui ne tient que par ma propre volonté s’effondrera quand j’aurai besoin d’y prendre appui.
Les désillusions de l'Histoire
D’où vient donc ce déni du sens ? D’une part, les tragédies du XXe siècle ont conduit à remettre en cause les grands récits qui permettaient d’inscrire nos existences dans une conception de l’histoire. Le rêve humaniste du progrès scientifique a abouti aux charniers de la Grande Guerre, l’utopie communiste est morte au fond du goulag, et le nationalisme poussé a l’extrême a montré ses fruits infects. L’Occident a en quelque sorte juré qu’on ne l’y reprendrait plus.
D’autre part, la science est restée comme seule source commune de vérité. Or la science décrit des processus et des mécanismes, sans pouvoir leur donner ni sens, ni but, car ce n’est pas son rôle. Dans une approche matérialiste où seul existe ce que la science décrit, l’être humain est apparu par hasard sur une planète banale au terme de processus aveugles. Tout ce que nous vivons, espérons ou ressentons n’est que sous-produit de la course à la reproduction, et disparaîtra avec nous quand nous redeviendrons poussière. L’univers n’a pas de sens, pas de raison, et se fiche complètement de ce qui nous arrive.
Un univers fait pour abriter la vie
Pourtant, la science peut aussi nous amener à regarder au-delà. Elle constate le phénomène de l’«ajustement fin» (fine tuning) : notre univers est déterminé par un certain nombre de grandeurs apparemment arbitraires, qui pourraient prendre n’importe quelles valeurs. Mais un univers un tant soit peu différent ne permettrait pas l’apparition de la vie : soit il n’existerait pas assez longtemps, soit il serait trop dilué pour former des étoiles, soit il ne produirait pas le carbone nécessaire à la vie, etc.
La précision nécessaire est tellement grande que notre univers semble fait pour abriter la vie, et même une vie complexe et intelligente. Reste une alternative : soit on postule un multivers, une infinité d’univers tous différents, et le nôtre a gagné à la loterie. Alors c’est cet univers que l’on observe parce que c’est celui qui a produit un observateur. Soit notre univers a été pensé pour permettre notre type de vie. Et alors, si un créateur intelligent s’est donné de la peine pour avoir un univers qui permettent une vie intelligente, il y a à soupçonner qu’il souhaite une relation.
L'Amour, raison et but de l'existence
La foi chrétienne affirme très exactement cela. Elle dit qu’un Dieu d’amour nous a créés par amour, pour vivre une relation d’amour avec nous. Elle dit que ce Dieu est venu se faire connaître en Jésus de Nazareth. Ce dernier enseigne que les deux plus grands commandements sont d’aimer Dieu et d’aimer son prochain. C’est le cas parce que l’amour est la raison et le but de notre existence.
Un Dieu empli d’amour amène à l’existence des êtres capables d’amour pour que l’amour grandisse et se multiplie. L’humanité n’entre que très imparfaitement dans ce projet, et a d’immenses progrès à faire. Mais vivre l’amour au quotidien a tout son sens, d’autant plus si un Dieu éternel nous regarde, nous encourage, et peut pérenniser notre vie et nos relations au-delà des limites de cette vie.