Si tout se passe comme Claude Ignerski (1) le prédit, l'enlèvement « secret » de l’Eglise est pour ce mois de septembre. Cet adepte du prémillénarisme dispensationnaliste prétribulationniste, une construction intellectuelle censée décrire la fin des temps selon la Bible, explique que des signes et des révélations divines ne laissent aucun doute à ce sujet (2).
Nous avons été habitués à des fins du monde successives, annoncées par le couturier Paco Rabanne, par des interprètes brillants du calendrier Maya et par d'autres encore. Mais, dans ce domaine, les chrétiens ne sont pas en reste (3).
Des croyants imaginatifs
Au XIXe siècle, par exemple, le prédicateur baptiste étasunien William Miller a annoncé le retour de Jésus-Christ pour 1843, puis 1844. Après un moment de déception, ses nombreux adeptes sont retournés dans leurs Eglises d'origine. Mais quelques-uns ont découvert que Jésus était quand même venu ce jour-là – spirituellement ! D'autres ont rebondi en disant que Miller ne s'était pas trompé de date, mais d'événement : Dieu avait commencé son œuvre de jugement, déterminant le compte des sauvés. C'est sur cette base que le mouvement adventiste a démarré. Il a été soutenu, entre autres, par les quelque 2000 visions extatiques d'Ellen White.
De leur côté, les Témoins de Jéhovah ont prévu le retour de Jésus-Christ en 1874, puis en 1914. Ils ont également prédit la grande tribulation pour 1914, 1915, 1918, 1920, 1925… avant de finalement renoncer à se prononcer.
Dieu au banc des accusés
Mais l'un des plus beaux tours de passe-passe en matière de retour du Christ revient à l’Eglise néo-apostolique (4). En 1951, Johann-Gottfried Bischoff, troisième apôtre-patriarche de cette organisation, a commencé d'enseigner que Jésus-Christ reviendrait sur terre de son vivant. Mais il est mort le 6 juillet 1960 à Karlsruhe.
Le lendemain de son décès, les responsables de l’Eglise néo-apostolique ont publié une lettre destinée aux communautés. L'un des paragraphes était surprenant : « Nous avons tous cru et espéré avec une pleine conviction que le Seigneur, selon la promesse faite à l’apôtre-patriarche, enlèverait les siens encore du vivant de ce dernier. Telle était également la foi inébranlable de l’apôtre-patriarche, de laquelle il a témoigné à son entourage jusqu’à sa dernière heure ici-bas. Lui-même, nous, ainsi que tous les frères et sœurs en fidèle communion avec lui, n’avons jamais douté que le Seigneur tiendrait, en temps voulu, la promesse qu’il lui avait faite. C’est pourquoi, nous nous trouvons devant la décision insondable de notre Dieu et nous nous demandons pourquoi il a modifié sa volonté. »
Incapables d'admettre qu'ils ont fait des prévisions fondées sur du vent, les prophètes de la fin s'ingénient à recalculer, réinterpréter ou, carrément, traiter Dieu de menteur. Gageons que Claude Ignerski trouvera comme les autres une explication adaptée.
Bienheureuse ignorance
Lorsque le Christ nous parle de son retour, il précise : « Quant au jour et à l'heure où cela se produira, personne ne les connaît, ni les anges du ciel, ni même le Fils; personne, sauf le Père, et lui seul » (Mt 24.36). Puis il recommande : « Tenez-vous donc en éveil, puisque vous ignorez quel jour votre Seigneur viendra » (Mt 24.42). Idéalement donc, un chrétien ne devrait rien avoir à changer dans sa manière de vivre, en prévision du retour de Jésus-Christ. S'il n'en était pas ainsi, c'est que quelques problèmes spirituels restent à régler.
[Notes]
(1) Claude Ignerski est l’auteur de Révélations de la fin des temps. Septembre 2015. 7 preuves irréfutables de la date de l’enlèvement de l’Eglise. Il tient également un site internet.
(2) Voir l'éditorial de Serge Carrel sur lafree.ch : « L’enlèvement de l’Eglise, c’est pour septembre prochain et l’Antichrist s’appelle ‘Prince William’ ! »
3 Voir l’article détaillé de Jean-Jacques Meylan « Le Seigneur revient bientôt : une mise au point ! ».
4 L'Eglise néo-apostolique n'a rien en commun avec les Eglises apostoliques.