Benny Hinn renonce à vendre les bénédictions de Dieu. Les critiques en veulent plus !

Daniel Silliman (Christianity Today) vendredi 20 septembre 2019

Le 2 septembre, Benny Hinn, le très controversé téléévangéliste étasunien, a annoncé qu’il corrigeait sa théologie de la prospérité, un des points qui fait le plus polémique dans sa prédication. Les observateurs adoptent une approche attentiste devant cette annonce qui a suscité énormément de commentaires dans le monde évangélique. Lafree.info reprend un article du magazine évangélique américain Christianity Today, qui fait le point après cette annonce.

Benny Hinn a affirmé qu'il en a terminé avec l'Évangile de la prospérité (1). Mais les observateurs de longue date ne sont pas prêts à faire confiance à son propos. Benny Hinn a été, depuis les années 1980, l'un des principaux partisans de la théologie de la prospérité. Il a enseigné que Dieu récompense la foi active par la santé et la richesse. Mais le 2 septembre, au cours de son émission hebdomadaire de 3 heures 50, il a déclaré qu'il avait changé.

«Je corrige ma propre théologie et vous devez tous le savoir», a déclaré le télévangéliste à l'audience de son studio et à ceux qui le regardaient en ligne. «Les bénédictions de Dieu ne sont pas à vendre. Les miracles non plus. Et la prospérité non plus. »

Benny Hinn a déclaré qu'il considérait maintenant que cette théologie qui consiste à donner pour recevoir offensait Dieu. Il a spécifiquement renoncé à la pratique consistant à demander un «capital d'amorçage», une pratique qui permet aux télévangélistes de dire à ceux qui les écoutent que Dieu les bénira s'ils donnent une somme d’argent précise. Benny Hinn lui-même a pratiqué cela à de nombreuses reprises, en promettant que Dieu donnerait des bénédictions matérielles en échange d'un don de 1 000 dollars. Lundi 2 septembre, il a dit qu’il ne le ferait plus.

« Je pense que donner est devenu une farce », a déclaré Benny Hinn. «Cela me rend malade. Et j’en ai été malade pendant un moment. Je ne peux tout simplement pas le dire. Et maintenant le couvercle a été enlevé. Je l'ai fait. Savez-vous pourquoi ? Je ne veux pas aller au ciel et être réprimandé. »

Certains chrétiens qui connaissent Benny Hinn depuis longtemps ont toutefois considéré ce renoncement apparent avec scepticisme. Ils veulent être ouverts à la possibilité d'une vraie repentance et disent que Dieu peut changer son cœur, mais ils attendent des preuves de sa transformation. «Je pense que le temps dira s'il s'agit d'une correction mineure, d'une démarche publicitaire ou du début d'une nouvelle orientation vers une plus grande maturité », a déclaré Charles Self, professeur d'histoire de l'Église à la Faculté de théologie des Assemblées de Dieu (AGTS) à Springfield (Missouri). « J’adopte une attitude attentiste, car nous avons déjà emprunté ce chemin-là dans le passé. »

Un chemin déjà parcouru

Benny Hinn a rejeté pour la première fois l’Évangile de la prospérité à la fin des années 1980 et également au début des années 90. À ce moment-là, des articles ont rendu compte qu’il avait vraiment changé. Mais il a continué à prêcher « la prospérité ».

Benny Hinn s’est également hasardé dans des présentations non orthodoxes de la Trinité, que les critiques ont considérées comme une forme de «trithéisme». Il a corrigé sa théologie, lorsque les critiques sont devenues trop insistantes. Il a rejoint les Assemblées de Dieu pendant un temps, acceptant la supervision de cette dénomination pentecôtiste, puis il s'en est séparé et est reparti tout seul pour son compte.

Les pratiques financières de Hinn ont également fait l’objet à deux reprises d’une enquête du gouvernement fédéral américain. En 2007, le Sénat a lancé une enquête sur Benny Hinn, tout comme sur Joyce Meyer, Kenneth Copeland, Creflo Dollar, Paula White et Eddie Long. Le sénateur républicain de l’Iowa Chuck Grassley, alors président du Comité des finances du Sénat, a été choqué par le style de vie somptueux de ces prédicateurs de l’Évangile de la prospérité aux États-Unis. Les enquêteurs ont fait part de leurs inquiétudes et demandé publiquement si l'administration des impôts (Internal Revenue Service, IRS) avait accompli son travail pour faire respecter les règles contre la rémunération excessive des dirigeants d'organisations religieuses à but non lucratif.

Benny Hinn, selon certaines estimations, recevait chaque année des dizaines de millions de dollars de dons. Il a déclaré à l’émission « ABC’s Nightline » en 2009 que son salaire était supérieur à 500 000 dollars par an. Le chiffre exact n’est pas connu. L’organisation télévangéliste de Benny Hinn est enregistrée aux États-Unis comme une Église ; elle ne communique donc aucune information financière aux instances chargées de prélever l’impôt (IRS, Internal Revenue Service).

L’enquête du Sénat a suscité de vives critiques de la part de nombreux groupes évangéliques, dont le Fonds de défense de l’alliance de James Dobson (maintenant l’Alliance pour la défense de la liberté), les radiodiffuseurs religieux nationaux et le magazine « Christianity Today ». Un éditorial de ce journal a qualifié cette enquête d’«excès de surveillance».

L'enquête s'est terminée en 2011 sans conclusions définitives. L’organisation de Benny Hinn, contrairement à certaines autres, a coopéré avec les enquêteurs et a été félicitée pour cela. L’équipe du sénateur Chuck Grassley a déclaré que l'enquête avait abouti, malgré le fait qu’il n’y avait pas de conclusions, parce que Benny Hinn « avait procédé à des réformes sans attendre que le Comité des finances du Sénat achève son examen ». Selon une déclaration officielle du sénateur, « le changement personnel peut être plus rapide et plus efficace que ce que pourrait mettre en place le gouvernement en matière de lois ».

Il n'est toutefois pas clair s'il y a eu effectivement une réforme de l’organisation du téléévangéliste. Le ministère de Benny Hinn n’est redevable à aucune instance extérieure et il a de nouveau fait l’objet d’une enquête en 2017. L’IRS a effectué une descente au siège de l'association du télévangéliste à Grapevine, au Texas. Les agents avaient un mandat de perquisition indiquant qu’il était probable qu’ils trouveraient des preuves d’évasion fiscale et de « fraude générale contre le gouvernement » dans les bureaux de l’organisation. Un porte-parole de l'IRS a déclaré au magazine « Christianity Today » que l'agence ne pouvait légalement confirmer ou nier si cette enquête était en cours. Ni Benny Hinn ni son porte-parole n'ont pu être joints pour commenter cela.

Le neveu de Benny Hinn, Costi Hinn, qui a beaucoup critiqué son oncle et l’Évangile de la prospérité, a déclaré que ce grand «renoncement» médiatique correspondait à une certaine manière de faire. «Au fil des ans, Benny Hinn a toujours fait suffisamment de concessions face à un rapport ou à une accusation pour regagner de la confiance – comme s'il admettait qu’il avait tort –, puis il reprenait le contrôle du récit. Il veut toujours contrôler le récit », a ajouté Costi Hinn. (…)

Lors de l'émission du lundi 2 septembre, après avoir dit qu'il corrigeait sa théologie, Benny Hinn semblait réitérer la substance de l'Évangile de la prospérité. «Je crois toujours en la prospérité», a déclaré Hinn. «Le message de prospérité est dans la Bible. Nous ne pouvons pas nier que si nous donnons, nous recevrons. C’est dans la Bible. Vous ne pouvez pas l’effacer. En aucune façon. Dieu veut bénir son peuple, bien plus que vous ne souhaitez recevoir cette bénédiction. Mais vous ne pouvez pas en mettre le prix. » Costi Hinn espère néanmoins que la «correction» marque le début d’un véritable changement pour le télévangéliste. Si la transformation est réelle, il dit qu'il « fera une haie d’honneur » pour son oncle. Mais il est difficile de prendre Benny Hinn à la lettre. En regardant l’enregistrement de la déclaration du lundi 2 septembre, Costi Hinn ne pouvait s’empêcher d’y voir un élément d’un show. «C’est très sensationnel», a-t-il déclaré à « Christianity Today ». «Quand nous nous repentons, nous sommes humbles... Nous sommes cassés. Nous sommes contrits. Il y avait beaucoup de spectacle dans la déclaration. »

Un besoin de redevabilité

Costi Hinn espère voir davantage de redevabilité chez son oncle. Un conseil de supervision extérieur permettrait, a-t-il dit, d’assurer que ce changement est réel. Rusty Leonard, le fondateur de Ministry Watch, un groupe évangélique indépendant qui défend la redevabilité financière et la transparence, est du même avis. « Peut-être que c'est sincère. J'ai de l'espoir», a déclaré Rusty Leonard. «Mais pour le moment, il n’y a aucune vérification. Je souhaiterais qu’un pasteur qui ne fait pas partie des propagateurs de l’Évangile de la prospérité confirme cela. Ce serait bien si Benny Hinn s'asseyait avec John Piper ou quelqu'un de la même trempe, et que cette personne pouvait dire : "Il s'est repenti". » (…)

Daniel Silliman (Christianity Today, 7 septembre 2019)

Voir aussi sur lafree.info : « Benny Hinn est mon oncle, mais l’évangile de la prospérité n’est pas pour moi » par Costi Hinn.

Note
1 Voir aussi: CNEF, La Théologie de la prospérité, Marpent, BLF Europe, 2012,  p. Disponible sur le web ici.
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