On est mercredi matin et les salles de l'école du dimanche sont occupées. Deux fois par mois, elles accueillent une « consultation en puériculture » organisée par l'Office de puériculture du canton de Berne. On y trouve aussi « Le p'tit mousse », « un jardin d'enfants et crèche indépendant de l'Eglise », précise le pasteur Didier Suter.
A tout juste cinquante ans cette année, l'Eglise évangélique l'Abri à La Neuveville (FREE) cultive sa tradition d'ouverture sur l'extérieur et d'engagement social. « L'Eglise est souvent présente dans des événements locaux, se réjouit Didier Suter. Cela donne de la visibilité, mais ne fait pas pour autant venir les gens au culte ».
A l'occasion de ses cinquante ans, la communauté ne s'est pas privée d'aller au contact de la population. Ainsi, en mai dernier, elle a organisé une fête sur une place de la ville, avec cuisine exotique, spectacle de danse et concert en plein air. En octobre, l'Eglise a choisi de vivre un culte de reconnaissance, non dans ses locaux, mais dans le cinéma du lieu. Et elle investira à nouveau ce cinéma le 19 novembre pour y présenter un film de l'organisation
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Mais, à La Neuveville comme ailleurs, il n'est pas simple pour les membres d'une communauté de s'aventurer à la rencontre de la population. « Nous nous y sommes préparés, explique Didier Suter. On est toujours un peu craintifs quand il s'agit d'afficher ses convictions sur la place publique. Beaucoup de gens ne se voyaient pas sortir des murs de l'église. Ce fut une victoire pour tous ! »
Une communauté conviviale
L'Eglise ne veut pas seulement être ouverte, mais elle désire aussi être accueillante, conviviale et familiale. « Les responsables veillent à créer des liens organiques entre les membres de la communauté, précise Didier Suter. Nous voulons une Eglise dont les membres – et pas seulement les anciens – soient porteurs de projets. Et nous prenons garde à organiser les activités en fonction des dons et des projets de chacun, non en fonction d'un organigramme à remplir. » Le pasteur se souvient cependant que cette manière de travailler ne s'est pas imposée rapidement. Il a fallu lui laisser le temps de mûrir dans les esprits.
Durant cet été, l'unité et la convivialité auraient dû s'exercer lors d'une ascension de l'Oberaarhorn (3629 m), dans les Alpes bernoises. Malheureusement, la météo a évolué de telle sorte que les guides n'ont accepté de conduire qu'un petit groupe de randonneurs choisis parmi les plus aguerris... laissant en plaine nombre de personnes qui s'étaient pourtant inscrites et entraînées pour l'occasion. La communauté a donc préféré renoncer à l'Oberaarhorn pour cette année. A la place, elle s'est lancée à l'assaut du Moléson, sans glaciers aux crevasses dangereuses, mais avec un funiculaire. « C'est ainsi que se manifestent l'unité de l'Eglise et la seigneurie de Dieu », conclut le pasteur.
Claude-Alain Baehler