Au niveau religieux et de façon caricaturale, l’Egypte comprend trois catégories de citoyens. Il y a d’abord la grande majorité des musulmans. Puis les chrétiens de souche, qui représentent le 10% de la population du pays. Et puis il y a ceux qui se convertissent de l’islam au christianisme et qui ont sur leur carte d’identité la mention de chrétien avec, entre parenthèse, la mention « ancien musulman ».
La société égyptienne tolérait jusque-là mal ce changement de religion. Les convertis de l’islam au christianisme pouvaient se voir refuser une pièce d’identité indiquant leur nouvelle confession.
Discrimination
Selon Sophie Pommier, consultante française sur le Moyen-Orient et auteure de l’ouvrage « L’Egypte, l’envers du décor », il y a une réelle discrimination envers les chrétiens dans ce pays. Les lieux de culte des coptes qui représentent 8 millions d’habitants, ne sont par exemple pas assez nombreux proportionnellement à leur nombre. Et cette minorité est sous-représentée en politique comme dans l’armée.
L’organisation non gouvernementale américaine Human Rights Watch avait pour sa part dénoncé en 2007 la discrimination opérée par le ministère égyptien de l’intérieur qui obligeait ses citoyens à mentionner leur religion sur leur carte d’identité. Cette discrimination faite au nom d’une interprétation de la charia frappait les convertis au christianisme et les fidèles de minorités religieuses comme les Bahaïs, par exemple.
En Egypte, la carte d’identité est incontournable pour obtenir un emploi, un permis de conduire, pour ouvrir un compte en banque ou encore inscrire un enfant à l’école.
Un courant de libéralisation
La récente décision de la Cour suprême égyptienne s’inscrit pour Sophie Pommier dans ce courant de libéralisation qui fait suite au printemps arabe et marque un souci d’apaisement.
Le directeur du bureau catholique d’information en Egypte a pour sa part salué cette décision comme un signal positif du changement qui s’opère dans le pays. Encore faudra-t-il vérifier son application effective, en particulier dans les zones décentrées du pays, comme en Haute-Egypte.
Gabrielle Desarzens