De 2010 à 2012, Yannick et Damaris Delessert ont quitté la Suisse pour l'école de leadership de l'Eglise Hillsong, à Sydney, en Australie. Cette école propose une formation très complète grâce à de nombreuses sections. Yannick Delessert a suivi la section louange lors de sa première année et la section pastorale lors de la seconde. Il y a entre autres été choriste et guitariste.
Quels ont été vos sujets d'étonnement en découvrant l'exercice de la louange à Hillsong ?
L'école de leadership est pleinement intégrée à la vie de l'Eglise. L'enseignement de la musique et de la louange est donc intimement lié à la vie de la communauté. Les chants composés sont « de saison » : ils suivent la ligne spirituelle de la communauté tout au long de l'année. Ainsi, les thèmes des chants sont imprégnés du vécu spirituel de l'Eglise.
Alors que, en Suisse romande, les Eglises utilisent un répertoire de presque 1000 chants publiés essentiellement par Jeunesse en mission, le répertoire de Hillsong se limite à une soixantaine de titres. Très régulièrement, de nouveaux chants rejoignent le répertoire, alors que d'anciens le quittent. Ainsi, le nombre total de chants du répertoire varie peu. L'Eglise utilise bien sûr aussi des cantiques composés ailleurs. Certains restent plus ou moins longtemps dans le répertoire.
Comment les musiciens travaillent-ils à Hillsong ?
La musique est prise en charge par une équipe de quelque 500 personnes, réparties dans les différents lieux de culte de Sydney. Cette équipe comprend des instrumentistes, des chanteurs, des compositeurs et des conducteurs de louange. Ce qui caractérise ces musiciens, c'est leur cœur, leur humilité et leur recherche de l'excellence.
La recherche de l'excellence, c'est de faire au mieux avec ce qu'on a et de chercher constamment à s'améliorer. De cette manière, le niveau global de la musique augmente. Afin que leurs chants gagnent en qualité, les compositeurs soumettent leur travail à d'autres musiciens. Ils en font corriger les maladresses et reçoivent de bonnes idées. D'ailleurs, souvent, les compositeurs travaillent directement en équipes. Ensuite, les chants sont harmonisés et adaptés en fonction des instruments qui seront utilisés. Les parties de chaque instrument sont généralement bien définies. Peu de place est laissée à l'improvisation.
Les chants sont généralement chantés et joués par cœur, ce qui demande beaucoup de temps de préparation personnelle de la part des musiciens. Lorsque j'ai commencé avec le chant et la guitare, j'avais besoin de 5 heures pour préparer les 5 chants de la louange du dimanche suivant.
Beaucoup de chants sont composés, mais ils ne sont pas tous retenus pour être chantés lors des cultes. Une sélection est effectuée. Il n'est pas rare de voir des chants supprimés du répertoire après avoir été proposés au culte. D'autres ne sont pas supprimés, mais améliorés afin d'être mieux adaptés aux besoins des participants aux cultes.
Cette gestion rigoureuse de la qualité doit être difficile à supporter...
En arrivant à Hillsong, j'ai pris une grande claque ! Il est demandé beaucoup d'humilité aux musiciens qui ne travaillent pas pour montrer leurs capacités, mais pour Dieu, et particulièrement pour permettre aux participants aux cultes d'être connectés à Dieu. La priorité absolue, c'est de travailler par amour pour Dieu et par amour pour les autres.
C'est pourquoi, les musiciens qui s'apprêtent à servir lors des deux cultes dominicaux successifs arrivent à 6h30 sur place. Ils reçoivent toujours un rappel spirituel concernant leur service qui doit être centré sur Dieu et sur les gens.
Cet état d'esprit change tout dans le fonctionnement des équipes de musiciens. Les compositeurs apprennent à ne pas être fâchés ou déçus si leurs chants ne sont pas retenus. Et des conducteurs de louange connus ne se formalisent pas s'ils ne sont pas demandés lors de l'enregistrement d'un album.
Propos recueillis par Claude-Alain Baehler
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