jeudi, 12 décembre 2013 01:00

12 décembre : Un handicap fait naître une vocation

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Alain Décoppet, 60 ans, marié et père d'enfants adultes, est malvoyant de naissance. Dieu lui a permis de faire de sa cécité un outil très utile au service des aveugles.

Je fais partie des dernières générations de malvoyants de Suisse romande qui ont passé leur enfance en institution. Aujourd'hui, les enfants aveugles ou malvoyants sont intégrés dans les écoles et reçoivent un accompagnement adapté.
A 7 ans, je me suis donc retrouvé à l'Asile des aveugles de Lausanne. Comme malvoyant, je n'avais pourtant pas vraiment pris conscience de mon handicap. J'avais appris à utiliser le peu de vue que j'ai dans le monde des « voyants ». Et je n'avais aucune envie de rejoindre le monde des aveugles.
A l'Asile, j'ai appris à vivre comme un aveugle, en particulier à lire le braille seulement au toucher. Par contre, je n'ai pas appris à utiliser mes capacités de malvoyant. On m'a demandé d'économiser mes yeux. Mais, dans mon cas, c'était un conseil médicalement injustifié. Heureusement, j'ai désobéi !
Un chrétien de l'Eglise évangélique de Villard, à Lausanne (FREE) – qui se nommait alors Assemblée de la Tour – venait nous visiter régulièrement. Il jouait avec nous, et cela était comme une bouffée d'oxygène venue de l'extérieur. Un jour il a témoigné de sa foi et, grâce à lui, j'ai donné ma vie à Dieu à l'âge de 15 ans.
Après l'Asile des aveugles et l'Ecole de commerce, j'ai voulu me former sur le plan théologique. J'ai suivi les cours de l'Institut biblique et missionnaire Emmaüs, à Saint-Légier. Durant les vacances d'été, la Mission évangélique braille m'a proposé du travail que je n'ai pas accepté. A la place, j'ai été guide dans un musée du protestantisme dans le Dauphiné. Je ne voulais plus me mêler au monde des aveugles.
Ensuite, je suis devenu diacre dans l'Eglise réformée. Mais je ne trouvais pas ma place. Par exemple, j'avais de la peine à travailler avec les enfants et les jeunes qui profitaient de mon handicap... et peut-être aussi de mon manque d'autorité ! J'ai également passé par trois ans difficiles, partagés entre des petits boulots et le chômage.

Mon handicap... un atout
Un jour, pour faire plaisir à une connaissance, je suis allé à une rencontre d'association d'aveugles à Bienne. Là, j'ai rencontré un homme révolté parce qu'il avait perdu la vue. Cela a été comme une révélation pour moi. Mon handicap me permettait de comprendre sa détresse et de lui apporter un certain réconfort. Je commençais à voir comment Dieu voulait m'employer. Alors, je me suis engagé à la Mission évangélique braille.
Dans sa grâce, Dieu m'a permis de comprendre qu'il m'appelle à un ministère non pas malgré mon handicap, mais avec mon handicap. En effet, comme malvoyant, je peux comprendre à la fois le monde des « voyants » et celui des aveugles. Je peux expliquer chaque monde à l'autre. Je ne suis pas une personne normale qui se penche sur de pauvres aveugles pour leur donner le « susucre » de l'Evangile. Au contraire, je suis comme la Samaritaine qui leur dit que ça vaut la peine.
Et puis, il existe des travaux que peu de personnes, à part moi, pourraient exécuter. Par exemple, éditer l'Ancien Testament hébreu et le Nouveau Testament grec en en braille. C'est ainsi que Dieu m'a donné une identité et une place que j'aime.
Alain Décoppet

La Mission évangélique braille
La mission évangélique braille se met au service des personnes handicapées de la vue dans une perspective chrétienne. Dans l'hémisphère Nord, elle s'engage plus particulièrement dans l'édition de la Bible en braille et sur support audio. Dans les pays du Sud, elle vient en aide à des aveugles en soutenant des projets d'alphabétisation, de formation, de réhabilitation et transfère son savoir-faire technique à des ONG partenaires spécialisées.
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