« Les retours des différentes réseaux de soins sont positifs. Nous sommes en train de nous faire une place ! » Kiny Mottier fait le point après 10 mois de direction de la Maison Béthel à Blonay. Assise à son bureau au premier étage du chalet en bois, elle se lance dans une comparaison : « Nous sommes un nouveau-né qui a besoin de protection. Nous marchons sur la corde raide, mais en même temps un sentiment de force nous habite, parce que nous avons un projet ! »
Pour 2011, un taux d’occupation moyen proche des 70 %
Le 18 octobre 2010, Béthel, une des maisons de la Fondation Praz-Soleil proche de la FREE, ouvrait ses portes. Avec une mission bien spécifique : accueillir en court séjour des patients fragiles psychiquement. Aujourd’hui le bilan est positif. L’offre de prise en charge en court séjour remplit vraiment un besoin. Fin juillet, le taux d’occupation moyen de Béthel pour 2011 avoisinait les 70 %. « Il nous faudrait 80 % pour que ne pas être dans les chiffres rouges, commente Kiny Mottier. Mais nous sommes loin de partir en vrille du point de vue financier ! » 150 patients ont franchi les murs de cette maison depuis son ouverture et près de 10 % sont revenus. « Ce qui nous permet, pour un deuxième séjour, d’avoir plus d’énergie pour un travail de ‘fond’. »
Des visages qui ont marqué
Au-delà des chiffres, Kiny Mottier évoque aussi les personnes dont le séjour a laissé une trace profonde. Tout d’abord cette patiente des débuts de Béthel, qui souffrait de problèmes psychiques chroniques et qui vivait très modestement d’une petite rente A.I. « Cette femme a profité au maximum de tout ce qui lui était offert à Blonay, raconte la directrice de Béthel. De la vue, des repas, des promenades… Elle a été à l’origine du premier fou-rire de patients qu’a connu la maison. Le dernier jour, elle est même partie avec l’un des derniers trains qui quittait Blonay pour descendre sur Vevey ! » Il y a aussi eu cette femme qui, entre 40 et 50 ans, a perdu beaucoup d’autonomie et pour laquelle le séjour à Béthel représentait passablement d’angoisse. « Dans la seconde partie de son temps avec nous, relate Kiny Mottier, elle a invité ses parents et sa sœur à partager un repas avec elle dans la ‘cuisine thérapeutique’, une cuisine familiale dans laquelle les patients peuvent retrouver goût aux gestes du quotidien. Le jour où elle a concocté ce repas pour sa famille, cette femme a rempli la maison d’une ambiance de fête. C’était très émouvant ! » Et puis il y a aussi eu tous ces patients qui, après les premiers jours, se sont mis à participer activement à la vie de la maison en conduisant des temps de chant, en emmenant plusieurs autres personnes faire des balades dans la région…
Trois priorités pour la suite
L’été 2011 a été propice à un premier bilan. Il a permis de préciser certaines priorités pour la suite de l’accueil des patients. Kiny Mottier aimerait consolider les contacts avec les professionnels du réseau de santé vaudois, et notamment avec les personnes actives dans les soins à domicile pour faire connaître l’offre de la Maison Béthel. Elle souhaite aussi encourager et accompagner son personnel dans ses projets de formation. « Nous avons mis en place des ‘journées vertes’ tous les deux mois pour notre équipe d’accompagnement. Il s’agit de leur permettre de prendre une journée pour enrichir leur pratique en allant visiter une autre institution ou en développant quelque chose de nouveau dans la maison. » Kiny Mottier est aussi satisfaite d’avoir pu reconduire pour 2012 le mandat de la psychiatre, la Dr Joëlle Gaillard-Wasser, pour assurer 4 heures par semaine le coaching de l’équipe et la réflexion sur l’accompagnement des patients. Troisième priorité pour l’année scolaire qui s’ouvre : « Nous souhaitons consolider la prise en charge dans ce qui est proposé au quotidien par les différents ateliers comme la cuisine, le sport, la relaxation, la discussion en groupe… », explique Kiny Mottier. Pendant 9 mois, les différents intervenants, les infirmières, l’animatrice et l’aumônier, ont beaucoup expérimenté d’activités différentes et de manières de faire. « Il s’agit maintenant de formaliser ce qui a été mis en place dans le cadre de ces activités thérapeutiques pour voir si nous sommes sur la même longueur d’onde et si nos valeurs fondamentales dans l’accompagnement des patients convergent. » Tout un programme qui devrait permettre à Béthel de remplir encore mieux son rôle de maison d’accueil… d’inspiration chrétienne !
Serge Carrel