Vallorbe : un enfant requérant devient le fils de la famille

vendredi 01 mai 2009

Claude et Line-Claude Magnenat sont membres de l’Eglise évangélique La Rencontre à Vallorbe. Voilà 7 ans, ils ont accueilli un jeune Angolais venu frapper à la porte du centre pour requérants. Aujourd’hui cet enfant devenu ado fait partie de leur famille !

« L’humain est fait de liens. Personne ne peut faire l’économie de la relation avec celles et ceux qui l’entourent, même si c’est difficile. Comprenez bien : on peut mourir de solitude. Et dans notre société individualiste, c’est quelque chose qui nous menace tous. » Bien calée sur le canapé de son salon, Line-Claude Magnenat aime la ville de Vallorbe et en aime les habitants. « J’ai envie que les gens soient bien ici et qu’on ait du plaisir à vivre ensemble. » Ces quelques phrases résument bien le sentiment qui anime et qui motive plusieurs chrétiens de ce bout du canton de Vaud (1).

Responsable du placement des enfants mineurs
Coordinatrice de l’accueil familial de jour pour la région, Line-Claude s’occupe depuis 2002 du placement des enfants mineurs non accompagnés qui arrivent au CEP (Centre d’enregistrement et de procédure) dans des familles de la région, « jusqu’à ce que les services compétents trouvent un parent et ou un tuteur ». L’exercice est difficile : « Je reçois tout d’un coup un téléphone du centre et, dans les 2 à 3 heures, je dois trouver une famille prête à accueillir un enfant pour une durée de 1 à 10 jours. » Dans son fichier, 6 foyers répondent présents depuis les débuts de l’exercice, dont 5 sont clairement engagés dans la foi chrétienne. « A chaque fois, ces personnes acceptent et prennent le risque d’être complètement bouleversées : les enfants qu’elles accueillent ont souvent leurs émotions à vif, certains mentent effrontément et par nécessité, et il faut assurer à leurs côtés une présence 24 heures sur 24. L’engagement est énorme ! » Si les mineurs sont moins nombreux actuellement, un enfant par mois a ainsi été pris en charge en moyenne les 3 premières années.

A 9 ans, il arrive seul au centre !
C’est de cette façon que Malcolm * est entré dans la vie de Line-Claude, presque naturellement. Angolais d’origine, il avait 9 ans à son arrivée au centre d’enregistrement. « C’était le deuxième téléphone du centre concernant le placement d’un enfant. Ma fille qui était au chômage a proposé de s’occuper de lui. Le père de Malcolm a ensuite été retrouvé, puis a disparu sans laisser d’adresse. Nous avons donc repris cet enfant chez nous », résume Line-Claude, sans vouloir entrer dans les détails. Elle et son mari considèrent d’ailleurs ce jeune orphelin et apatride de 16 ans et demi aujourd’hui comme leur propre fils. Et sont en procédure d’adoption.
Educatrice de la petite enfance de formation, cette mère de famille s’est toujours impliquée auprès des personnes jugées différentes et qui peinent à trouver leurs marques. « J’ai toujours été remuée par le mal fait aux enfants. Je considère le monde comme un grand village. La détresse enfantine qu’il contient me bouleverse et me concerne : à chaque fois que j’entends un enfant qui souffre, cela me met en route et je regarde ce que je peux faire. » Aucun prosélytisme dans les engagements qu’elle prend, ni d’affirmations spirituelles carrées dans son discours. Line-Claude se sait accueillie par Dieu, connue et aimée de Lui. « Ce qui est une nouvelle extraordinaire et qui me confère une identité exceptionnelle. » C’est à partir de ce fondement-là qu’elle essaie, humblement, de faire les choses alors avec conviction, en s’appuyant sur les valeurs chrétiennes qu’on lui a inculquées et qu’elle reconnaît comme siennes. « J’aime être au service de Celui qui m’accompagne et me sauve, et qui m’aide à être chaque jour plus humaine », dit-elle.

Une atitude de refus qui nie nos racines !
Sans amertume par rapport à la dureté des autorités en matière d’asile, elle souhaiterait cependant que les personnalités politiques du pays reconnaissent enfin que la Suisse a vécu de l’exil, qu’elle en est empreinte, ne serait-ce qu’en regard des Huguenots qu’elle a accueillis dès la fin du XVIe siècle, puis de tous les étrangers dont elle a eu besoin pour se construire. « Que l’on ferme la porte aujourd’hui à des enfants sans papiers, exilés, c’est nier les racines de nombre d’habitants de ce pays et l’ouverture qu’elles leur confèrent. » Line-Claude sourit, son regard pétille derrière ses lunettes, qu’elle ajuste avant de poursuivre pour nous faire part de son dernier défi : celui de s’impliquer dans le projet « Quartier solidaire ». Quelque chose qui démarre à Vallorbe pour les personnes seules, les nouveaux arrivants et le village tout entier.

Des liens qui font vivre !
« Dieu nous apprend certainement à être en lien les uns avec les autres. Mais ces liens peuvent nous ligoter ou au contraire nous relier afin de nous permettre de vivre de belles tranches de partage humain. » C’est là tout le mystère du sel de la terre : parvenir à amener une saveur particulière au monde, en comprenant qu’il faut d’autres ingrédients, soit qu’on a besoin des autres pour vivre sa part d’humanité !

Gabrielle Desarzens

* Prénom d’emprunt

Note:
1) Les chrétiens de Vallorbe collaborent et cela ne date pas d’hier. Ils ont appris à se connaître et à « s’ouvrir à l’autre », selon les propres termes de Line-Claude Magnenat, au sein du « Parcours œcuménique », projet initié par l’Armée du Salut, l’Eglise catholique et l’Eglise réformée, rejointes par la suite par les autres communautés chrétiennes. Cette expérience a duré une quinzaine d’années. Ce mouvement s’est ensuite fondu dans l’actuelle association ARAVOH.

Publicité

Twitter - Actu évangélique

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

TheoTV (mercredi 20h)

20 janvier

  • «La terre, mon amie» avec Roger Zürcher (Ciel! Mon info)
  • «Repenser la politique» avec Nicolas Suter (One’Talk)

27 janvier

  • «La méditation contemplative» avec Jane Maire
  • «Vivre en solobataire» avec Sylvette Huguenin (One’Talk)

TheoTV en direct

myfreelife.ch

  • « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    Ven 03 novembre 2023

    Il y a quelques années, un trafic d’enfants proposés à l’adoption à des couples suisses secouait l’actualité. Sélina Imhoff, 38 ans, pasteure dans l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin, en a été victime. Elle témoigne avoir appris à accepter et à avancer, avec ses fissures, par la foi. Et se sentir proche du Christ né, comme elle, dans des conditions indignes. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

eglisesfree.ch

  • Un·e responsable des finances (10%)

    Lun 29 janvier 2024

    Plus grande fédération d’Eglises évangéliques en Suisse romande, la FREE offre un cadre de travail dynamique et défiant, en lien étroit avec les autres acteurs du milieu chrétien évangélique romand, suisse et international. Dans ce cadre, la FREE recherche un·e responsable des finances.

  • Rencontre générale : une fédération utile

    Mer 29 novembre 2023

    La Rencontre générale du 25 novembre 2023 a permis de remercier Stéphane Bossel pour 23 ans d’engagements divers et importants dans la FREE. Elle a aussi permis à l’équipe de direction de partager quelques priorités, notamment le sens, les valeurs et la plus-value que la FREE peut offrir aux Eglises.

  • Rencontre générale de la FREE : l’équipe de direction souffle sa première bougie

    Sam 08 avril 2023

    La Rencontre générale de la FREE, qui a eu lieu le 1er avril 2023 à Aigle, a permis à la nouvelle équipe de direction de dresser un bilan, après tout juste une année de fonctionnement. Et ce qui saute aux yeux, c’est le grand nombre des défis à relever.

  • FREE : une première « Journée stratégique »

    Ven 03 février 2023

    Les personnes qui exercent un rôle dans la FREE se sont réunies en janvier pour réfléchir à la mise en œuvre de la nouvelle « gouvernance à autorité distribuée » (1). Retour sur une « Journée stratégique » conviviale et studieuse.

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !