Vous arrive-t-il de parler à haute voix dans une pièce, alors que vous vaquez seul(e) à une activité ? Survient quelqu’un... et vous avez le sentiment d’être profondément ridicule ! La honte ! Le parler avec soi-même se pratique souvent, mais dans un cadre donné. A l’abri des oreilles et des regards !
Ce n’est toutefois pas le sentiment qu’affichait l’épouse d’un ancien collègue. A 60 ans, elle suivait des cours d’auto-école pour l’obtention de son permis de conduire. Elle n’arrêtait pas de parler à haute voix face aux diverses situations qui se présentaient à elles : « A gauche une voiture, il y a un stop... je suis prioritaire ! Là-bas, un carrefour avec des feux. Je lève le pied... » Le jour « J » de l’examen, elle n’hésite pas à demander à l’expert si le fait de parler à haute voix le dérange. L’expert répond non. Et la dame passe son examen en verbalisant tout ce qui ne doit pas échapper à son attention dans la circulation.
Clarifier ses idées
Si au premier abord le parler avec soi-même apparaît comme quelque chose de ridicule et d’embarrassant, il présente de nombreux avantages. Il permet tout d’abord de clarifier ses idées. Dans la planification d’activités, j’ai fait l’expérience que de se demander à haute voix : « Comment faut-il s’y prendre ? » permet d’y voir plus clair. Il est ainsi possible de formuler à voix haute les différentes étapes de la démarche. Petit à petit, les idées apparaissent plus claires et un plan de bataille peut se développer.
Le parler avec soi-même permet aussi de se prendre véritablement en main. Il m’est arrivé de proposer à certaines personnes de parler avec elles-mêmes dans leurs luttes intérieures. Lorsque vous souhaitez rompre avec un comportement ou lorsque vous désirez résister à une tentation, le parler avec soi-même permet de prendre position clairement. Il ne s’agit pas alors d’émettre des commentaires du style : « Oh ! tu ne devrais pas faire cela ! » Mais véritablement de se dire : « Stop ! » Et la clarté du propos tenu dans cette chaîne de pensées détermine alors son efficacité. Si face à une tentation, vous vous dites : « Jamais tu ne feras cela ! » Une très grande force se dégage de votre propos. Et une efficacité en conséquence ! La manière de formuler l’intervention face à soi-même peut donc faire une différence considérable dans certaines circonstances de vie délicates.
En usage dans les Psaumes
Le parler avec soi-même intervient relativement souvent dans la Bible, notamment dans les Psaumes. « Pourquoi te replier, mon âme, pourquoi gémir sur moi ? Espère en Dieu... », dit un auteur de Psaumes (Ps 42, 6 et 12, Ps 43, 5...). En dialoguant avec lui-même dans la présence de Dieu, l’auteur exprime son état intérieur dépressif. Il s’ouvre à l’intervention de Dieu. De manière surprenante, les Psaumes qui renferment de tels dialogues avec soi-même reflètent le changement progressif du regard de l’auteur sur sa situation, jusqu’à aboutir à la voir avec les yeux de Dieu. Quelle surprise à la fin de plusieurs de ces chants de constater le changement intervenu chez le psalmiste. Une véritable paix s’est établie dans son être intérieur. Quand on épanche son coeur devant Dieu, le dialogue intérieur peut se transformer en dialogue avec Dieu. Alors de nouvelles perspectives apparaissent dans la réflexion et dans la manière de voir les choses.
Elargir son horizon
En fait parler avec soi-même ou dialoguer à haute voix avec soi, c’est l’occasion d’un extraordinaire élargissement. Dans notre réflexion autour de décisions à prendre, dans notre lutte contre de mauvaises pensées ou dans notre quête de Dieu dans des moments particulièrement difficiles… c’est toujours une porte ouverte pour entrer dans une nouvelle dimension que l’on découvre comme extrêmement bienfaisante.
Manfred Engeli
Collaboration : Serge Carrel