Pourquoi participez-vous à la conférence « Présence » ?
C’est une grande joie de participer à un tel événement. Tout d’abord parce que c’est important de rendre témoignage ensemble dans ce monde. Donc chaque fois qu’il y une occasion de se retrouver entre chrétiens, je la saisis. Deuxième conviction : il faut faire la révolution et il n’y a qu’un révolutionnaire dans le monde, c’est Jésus-Christ. A mon sens, il n’y a qu’un authentique plan de révolution : l’Evangile. Il est donc important que tous ceux et celles qui croient au Christ et qui veulent faire de l’Evangile leur charte de vie, se retrouvent pour commencer cette révolution d’amour.
Quels sont les liens que vous tissez avec les charismatiques évangéliques ?
J’ai beaucoup de liens personnels avec des amis qui organisent cette conférence, mais de manière plus générale j’ai eu plusieurs occasions de tisser des liens avec les milieux évangéliques. Par ailleurs, j’ai des liens beaucoup plus forts avec des chrétiens évangéliques qui partagent la même expérience de la rencontre du Christ, qu’avec certains catholiques sociologiques, qui n’ont pas fait véritablement l’expérience de Jésus-Christ. A mon sens, Dieu est en train de créer un peuple à travers les confessions. C’est le peuple de ceux qui ont fait l’expérience du Christ et qui engagent leur vie sur Jésus.
Est-ce que vous diriez qu’il y a là ainsi une nouvelle forme d’œcuménisme ?
Effectivement. Nous ne sommes pas là dans un débat intellectuel d’abord. Nous sommes dans une prière commune, ce qui est le cœur de l’œcuménisme, parce que Jésus a prié pour que nous soyons un. Nous ne pouvons pas faire autre chose que cela, parce que c’est la forme ultime des relations entre chrétiens.
Deuxièmement, c’est une forme authentique, parce qu’elle n’est pas cérébrale, elle est expérimentale et existentielle. Ce que l’on a fait comme expérience commune, c’est celle d’un Dieu sauveur qui nous rejoint dans notre pauvreté et notre misère, dans nos échecs, notre péché et nos maladies. C’est là que Dieu vient nous chercher et nous fait accéder des ténèbres à sa lumière ! Cela transcende toutes les confessions et nous réunit dans un même corps : le corps du Christ.
Finalement, il n’y a qu’une seule Eglise, c’est celle de Jésus-Christ. Il y a des dénominations, mais fondamentalement il y a l’Eglise du Christ. Ce corps dont nous sommes membres a besoin aujourd’hui d’être vivifié avec tous ses membres, quels qu’ils sont. L’Esprit Saint a tellement d’inventivité, tellement d’humour, qu’il peut réaliser des choses auxquelles nous ne nous attendons pas.
A mon sens, il y a une nouvelle Pentecôte qui arrive et qui réalise quelque chose auquel nous devons participer. Nous ne voyons pas très bien où cela va nous conduire, mais cette profonde communion est là. Mes amis évangéliques sont de véritables frères et je pleure avec eux dans la joie d’aimer Jésus ensemble. Certains points nous divisent, mais nous savons que ce qui nous rassemble est bien plus fort que ce qui peut nous diviser. Comment Dieu va-t-il s’en sortir par rapport à ce qui nous divise ? En fait c’est son problème !
Vous arrive-t-il de rêver à des manifestations qui rassembleraient davantage les milieux charismatiques, qu’ils soient catholiques ou évangéliques ?
En fait, c’est la raison pour laquelle je suis ici ! Je rêve que l’on vive de nombreux événements comme ceux-là. Parfois dans des formes de spiritualité un peu différentes, avec nos frères orthodoxes par exemple, qui ont une conception beaucoup plus liturgique de la foi chrétienne.
Je rêve pour la Suisse d’un grand moment l’année prochaine où nous marquerons le 500e anniversaire de la Réforme et le 600e anniversaire de Nicolas de Flue, patron de la Suisse. Nous pourrions mettre sur pied un grand moment tous ensemble, pour témoigner dans ce pays qu’il est important de remettre Dieu au centre de notre vie. Nicolas de Flue disait que Dieu est à l’Etat ce que l’âme est au corps. Si on retire l’âme d’un corps, on a un cadavre ; si on retire l’âme de l’Etat on a des cadavres !
Reprendre cette intuition profonde nous permettrait de rendre témoignage à Jésus-Christ dans notre société et de redonner une espérance et une joie non pas à des structures, mais à des personnes. Ce serait aussi apporter une vraie révolution à notre pays. Notre société a besoin d’un rajeunissement, qui pourrait être alimenté par celui qui est jeune éternellement : le Christ !
Concrètement avez-vous déjà une date ?
J’aimerais que cela se passe en septembre 2017. Avec des leaders du monde entier, qui pourraient célébrer avec nous ce grand moment de proclamation de la foi et de l’espérance, dans un monde qui désespère.
Propos recueillis par Serge Carrel