Jeunes et Eglise locale : un défi pour tous !

vendredi 13 mai 2011
Les jeunes de nos Eglises viennent au culte – parfois – et passent du groupe de jeunes à une intégration dans la vie de la communauté – difficilement. Des animateurs jeunesse de la FREE nous disent ce qui leur semble important dans l'accueil de la jeunesse.
Un groupe qui ne se renouvelle pas meurt. Et nos Eglises ne font pas exception. C'est pourquoi se pose régulièrement la question: « Y a-t-il des jeunes pour rependre le flambeau ? » Nous avons demandé à plusieurs animateurs jeunesse à l'œuvre dans des Eglises de la FREE de nous parler des jeunes de 15 à 25 ans.
Ce qui frappe de prime abord, c'est la diversité des situations: groupe de jeunes en veilleuse dans certaines communautés, plusieurs groupes dans d'autres et mini-réveils encore ailleurs. Cette diversité se retrouve dans le nombre de jeunes qui participent aux cultes dominicaux: souvent une fraction seulement de ceux qui se rendent au groupe de jeunes le vendredi ou le samedi soir, mais avec quelques exceptions notables et réjouissantes !
Alors, qu'est-ce qui fait venir les jeunes à l'Eglise? Voici quatre raisons de base mentionnées par les animateurs jeunesse.
 
Une volonté d'accueillir les jeunes
L'intégration des jeunes commence par une volonté ferme de la communauté de les accueillir. Plusieurs Eglises ont manifesté cette volonté en engageant des animateurs – ou animatrices – jeunesse. Parfois, les communautés ont uni leurs forces. Ainsi, Sébastien Demierre est animateur jeunesse dans les Eglises FREE de Vevey, Blonay, Clarens, Aigle et Château-d'Oex.
Les animateurs jeunesse ont avant tout un rôle de formation et de soutien. Ils aident les groupes à se doter de responsables consacrés et formés. Ils invitent les jeunes à participer à des événements qui vont les fortifier. Ils organisent des actions d'évangélisation, des camps, des événements sportifs. Ils ont souvent un rôle pastoral auprès des jeunes et ils sensibilisent la communauté aux besoins de la jeunesse.
Cependant, « l'engagement d'un animateur jeunesse n'est pas toujours la meilleure manière de régler la question de l'intégration des jeunes dans une Eglise, souligne Christophe Deshayes, pasteur jeunesse à Morges et à Lausanne. Il ne faudrait pas que cela soit, pour une communauté, le moyen de se décharger de l'accompagnement des jeunes sur un spécialiste. »
 
Des activités rien que pour les jeunes... et intergénérationnelles
L'intégration des jeunes passe aussi par un double mouvement. Ceux-ci ont à la fois besoin d'être entre eux... et de se confronter aux autres générations. Ainsi, ils ont besoin d'un groupe de jeunes, d'un local à « investir », d'activités qui leur sont réservées.
Mais il leur faut aussi découvrir les autres générations et les autres secteurs de la vie d'Eglise. A Echallens, cela passe par un « camp famille » communautaire ou par le prêt du local du groupe de jeunes aux enfants de l'école du dimanche. A Bienne, Matthieu Schmid travaille à la mise en place de « stages » pour les adolescents. Il explique: « Ceux-ci auront l'occasion de découvrir des secteurs spécifiques de l'Eglise: la sonorisation, l'utilisation du beamer, la louange, l'accueil, l'organisation de cultes... »
Mais pour Sébastien Demierre « l'intégration dans l'Eglise doit commencer avant la jeunesse, dès l'enfance. Elle doit être thématisée dès l'école du dimanche. Quant aux jeunes, ils ne refusent absolument pas de rencontrer les autres générations de l'Eglise. Mais il faut les aider dans ce domaine. »
 
Donner des responsabilités
L'intégration de jeunes dans l'Eglise passe par la possibilité, pour eux, de prendre des responsabilités. « Nous sommes attentifs à donner des responsabilités aux jeunes de la communauté, martèle Julien Russ, pasteur jeunesse à Echallens. Il faut le faire progressivement, en fonction de la maturité de chacun. »
Sébastien Demierre tient le même langage: « A Vevey, presque tous les participants au groupe de jeunes viennent régulièrement au culte, mais il faut aussi dire qu'ils sont presque tous actifs dans les différents secteurs de l'Eglise. »
 
Les indispensables relations
L'intégration des jeunes passe aussi par le relationnel. A l'heure du virtuel omniprésent, des communications par MSN, SMS, MMS, Facebook, Skype, Natel, courriel... les jeunes ont terriblement besoin de relations humaines. Les copains chrétiens et les membres du groupe de jeunes ont un effet d'entraînement et les aident à s'intégrer. Mais les liens avec des adultes qu'ils apprécient sont également précieux. Les jeunes doivent se sentir « en relation », appréciés, attendus, respectés.
Par exemple, à Nyon, les étudiants se retrouvent tous les jeudis à l'église pour un repas. « C'est une occasion de parler du culte, de la vie de l'Eglise, de leur joies et de leurs problèmes », se réjouit Alain Geiser, pasteur jeunesse dans cette communauté et dans celle de Lavigny. Ces repas permettent aux jeunes de nouer des amitiés, de s'intéresser à la vie d'Eglise et de s'y impliquer... en commençant par le culte dominical. A Echallens, Julien Russ cherche à établir des relations individuelles avec les jeunes: « Je les connais depuis longtemps, je les suis dans leur parcours de vie et leur démontre de l'intérêt. J'aimerais aussi sensibiliser les chrétiens de 25 à 35 ans, afin qu'ils soient des modèles pour les plus jeunes. Et, dans la foulée, j'aimerais que ceux qui ont plus de 35 ans comprennent la grande richesse que représentent les adolescents et les jeunes adultes de l'Eglise ». A Vevey, Sébastien Demierre fait du « coaching » pour des jeunes qui ont besoin d'être épaulés.
A Nyon, les rencontres du catéchisme ont lieu en même temps que les cultes. Cela permet aux animateurs d'inviter des membres de l'Eglise à venir donner leur témoignage auprès des jeunes. Alain Geiser précise: « Ceux-ci découvrent alors pourquoi leurs aînés participent à la vie de l'Eglise et viennent au culte. »
Pour Sébastien Demierre, « les jeunes ont besoin de modèles qui les inspirent et leur donnent envie de se confier en Dieu. Et, quoi qu'on dise, ce qui fait finalement la différence dans ce phénomène ‘d'entraînement par l'exemple’, c'est le nombre de jeunes qui ont eux-mêmes fait une expérience avec Dieu ».
Accueil, collaboration entre générations, responsabilités, relations... Les responsables jeunesse de nos Eglises, loin d'appliquer des recettes toutes faites qui n'existent pas, s'adaptent avec discernement et pragmatisme à des situations très variées. Ils démontrent d'abord que la présence des jeunes au culte n'est pas une fin en soi, mais la conséquence de leur intégration réussie dans la vie de l'Eglise. Ils démontrent ensuite que, plus que de technologie et d'organisation, les jeunes de nos communautés ont besoin d'être rencontrés. Et c'est cela qui les aide à rencontrer Dieu.

Claude-Alain Baehler
  • Encadré 1: Ce qui fait venir un jeune au culte
    S'il existait une recette permettant de faire venir les adolescents et les jeunes au culte le dimanche matin, cela se saurait. Cependant, il existe des attitudes et des manières de faire qui favorisent leur présence ou qui, au contraire, les font fuir.
     
    Tout commence avec des relations
    Attirer les jeunes au culte commence... durant la semaine. En effet, ce sont les liens d'amitié et de confiance, tissés tout au long de l'année, qui les aident à se lever le dimanche matin pour rejoindre le culte.
    Dans certaines Eglises, le groupe de jeunes pousse ses participants à se retrouver au culte. Dans d'autres cas, ce sont des activités de semaine qui ont cette fonction, tels les repas hebdomadaires de l'Eglise évangélique de Nyon. Dans d'autres Eglises, des moments sportifs ou ludiques, organisés le dimanche après-midi par des responsables jeunesse, aident les jeunes à commencer par participer au culte le dimanche matin.
     
    Des cultes adaptés
    Les cultes s'adressent à toute la communauté. Par conséquent, ils ne sont pas pensés en fonction des jeunes et il ne les n'attirent pas spécifiquement. Mais ils peuvent être construits avec la préoccupation de les rejoindre, au moins en partie. Cela se manifeste dans le choix des thèmes des messages – il faudrait que ceux-ci les rejoignent dans leur réalité et leurs préoccupations. Ainsi, dans plusieurs Eglises, l'animateur jeunesse prêche régulièrement. Il est aussi fondamental de soigner la musique au culte: les jeunes y sont très sensibles.
    D'une manière générale, les jeunes viennent plus volontiers à des cultes auxquels ils peuvent participer activement – là aussi, ils ont besoin de se voir confier des responsabilités. Les domaines où ils peuvent s'impliquer sont nombreux: la musique, la louange, la sonorisation, la garderie, l'école du dimanche, la participation à l'animation de cultes de familles, la distribution de la cène... et même la présidence et le message pour certains.
     
    Ce qui fait fuir les jeunes
    Il existe aussi des manières et des attitudes qui ont le don de faire fuir les jeunes du culte. Dans ce domaine, les responsables jeunesse de nos Eglises mentionnent: les temps d'adoration trop longs, surtout lorsqu'ils ne sont accompagnés que du piano, les temps d'annonces qui n'en finissent pas, les cultes où l'aspect visuel est négligé, les célébrations de la cène desquelles les jeunes se sentent exclus et – sommet de l'ennui – les prédications lues.
    Quant aux parents, ils font parfois un travail contre-productif lorsqu'ils obligent leurs jeunes à venir au culte, alors que ceux-ci ne sont pas prêts sur le plan spirituel. Car ce n'est pas en les forçant à suivre un culte – à prendre la « bonne habitude » d'aller à l'église – qu'ils en font des chrétiens engagés.
    A Vevey, l'animateur jeunesse Sébastien Demierre voit sans s'alarmer des jeunes adultes partir pour d'autres Eglises plus « orientées jeunes ». Il explique: « Parmi ceux qui partent, il y en a une bonne proportion qui reviendront. Mais, en matière de foi et d'Eglise, les jeunes adultes ont besoin de faire des choix qui leur appartiennent, qui ne soient pas ceux que leurs parents ont fait pour eux ». (CAB)

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