En juin 2013, Sylvie, 83 ans, s'est faite baptisée. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Parce que c'est il y a « seulement » huit ans que Sylvie intègre les textes de la « nouvelle naissance ». Cela a complètement changé sa vie : « Avant, je n'avais jamais réalisé ce que cela signifiait. Dès ce moment, j'ai vraiment compris l'importance du Saint Esprit qui habite en moi, et le fait que je ne m'appartiens plus. »
Née dans une famille darbyste, Sylvie s'est toujours rendue au culte le dimanche matin et savait que Jésus était mort pour ses péchés. « Mais je ne ressentais pas le besoin d'approfondir cela, je le savais c'est tout. » A 18 ans, elle se fait baptiser à l'Eglise darbyste: « Mais ce baptême m'a déçue, car on ne m'avait rien enseigné à ce propos. » Sylvie vit une enfance baignée d'éducation chrétienne mais « sans prendre conscience de la richesse de la Parole de Dieu. Je ne menais pas la vie d'une convertie. »
Mariages, divorce et décès
Sylvie se marie à l'âge de 23 ans et met au monde trois garçons. Mais c'est une période difficile : « Je ne vivais rien avec le Seigneur, je n'étais pas à son écoute et je n'allais plus au culte. » Treize ans de mariage débouchent sur un divorce que Sylvie demande. « Si j'avais connu Dieu comme je le connais maintenant, j'aurais certainement fait autrement, avoue-t-elle. Je me suis demandée si j'avais seulement eu du cran ou si j'avais été folle de me laisser seule avec trois enfants et un salaire de misère. » Cette expérience la remet en question et, avec l'envie de remettre sa vie en ordre, Sylvie recommence à se rendre au culte, à l'Eglise réformée. Elle devient conseillère de paroisse et catéchète, mais n'a « toujours pas découvert de relation personnelle avec Jésus. » Après neuf ans de vie de mère célibataire, Sylvie se remarie, à l'âge de 45 ans, avec un homme qui ne souhaite parler ni de politique, ni de religion, mais qui lui promet d'aller toujours avec elle au culte. Ce qu'il fait.
Mais ce n'est que le début de ses épreuves. Son fils aîné, Pierre-Alain, décède à 28 ans d'une pancréatite alcoolique. A l'hôpital, alors qu'elle le veille, Sylvie prie pour lui afin qu'il accepte Jésus-Christ dans son cœur et le rejoigne au moment de mourir. C'est alors qu'elle l'entend répéter « oui » trois fois. Ce n'est pas à elle qu'il parle. Elle est certaine, à ce moment-là, que son fils vient de dire oui au Seigneur Jésus. La sœur de Sylvie le lui confirme encore : à son chevet, alors qu'il est inconscient, elle lui demande s'il appartient au Seigneur et lui enjoint de serrer sa main « deux fois pour oui, une fois pour non. » A deux reprises, Pierre-Alain serre la main de sa tante deux fois. Après ce décès, Sylvie, qui aurait dû être effondrée, est remplie de reconnaissance et chante des louanges à Dieu en rentrant de l'hôpital.
Dix ans plus tard, c'est son second fils, Richard, qui s'en va, atteint du sida. « Un soir, il est rentré avec une tête épouvantable et je savais qu'il avait consommé plus que de l'alcool. » Ce soir, Sylvie ne lui dit rien, mais au départ le lendemain matin elle lui fait comprendre qu'elle ne souhaite pas qu'il recommence. « Plus je te vois, plus je te déteste et j'ai envie de te tuer », lui rétorque son fils. Un coup de massue pour Sylvie. Son fils déménage chez son père et elle ne le revoit plus durant un an, jusqu'à la mort de son ex-mari, alcoolique et morphinomane. En voiture, Richard « vide son cœur » et tous deux se demandent pardon. Avant sa mort, un pasteur visite régulièrement Richard. Sylvie est également convaincue que son fils est parti en paix. Suite à ce décès, Sylvie se met à lire davantage la Bible et des livres « pour mieux comprendre mes responsabilités. Dieu me parlait à nouveau. » Son mari l'accompagne toujours au culte, sans que le couple ne partage une vie spirituelle en dehors. Mais après des années à fréquenter le culte, Sylvie observe un changement significatif chez son mari. « Des fois, il allait même au culte sans moi. »
« Vous êtes le temple de Dieu »
Nouveau coup de théâtre en 2001: son conjoint meurt d'un cancer généralisé. « C'en était trop ! » Malgré cela, Sylvie ne perd pas espoir et garde confiance en Dieu : « Il a pris soin de moi et m'a réconfortée. » Des amis lui proposent alors de suivre le cours Alphalive. Par ce biais, tout ce que Sylvie avait entendu durant sa jeunesse refait surface et prend tout à coup du sens. « Des textes se sont imposés à moi : ne savez-vous pas que vous êtes les temple de Dieu ? Que vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes? (1Cor. 3:16, 6:9) » Sylvie réalise encore qu'elle a besoin de cette « nouvelle naissance » dont Jésus parle en Jean 3:5 : «...si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » Elle continue de se rendre à l'Eglise réformée jusqu'en 2005, moment où elle rejoint une Eglise Evangélique à Nyon.
Motivée à aller de l'avant et à poursuivre sa marche avec Dieu, Sylvie suit trois cours (rien que ça, à 83 ans ! ) durant le printemps 2013 : « Ecouter la voix de Dieu », « Vivre libéré » et le cours d'équipier de prière. Durant ces parcours, Sylvie est frappée de la manière dont Dieu parle et révèle des choses cachées. De multiples expériences la convainquent toujours plus de la souveraineté de Dieu et elle décide, en juin 2013, de passer par les eaux du baptême « pour vivre pleinement le symbole de la mort et de la résurrection de mon Sauveur. Je ne peux que le louer et l'adorer pour sa patience et sa fidélité. Il ne m'a jamais abandonnée. »
Joëlle Misson