Les enjeux du prochain Congrès de Lausanne, par David Valdez

mercredi 13 octobre 2010

Le Cap en Afrique du Sud accueille mi-octobre le troisième Congrès de Lausanne. L’occasion pour plus de 4000 responsables évangéliques du monde entier de se rencontrer et de réfléchir à ce qui unit les évangéliques et à leur mission aujourd’hui. David Valdez, pasteur de l’Eglise évangélique libre de la Rochette à Neuchâtel, fait le point sur les enjeux de ce congrès.

Du 16 au 25 octobre, le plus grand rassemblement de responsables évangéliques de l’histoire aura lieu en Afrique du Sud. Plus de 4000 délégués provenant de 200 pays se rassembleront dans la ville du Cap, à l’enseigne du troisième Congrès de Lausanne sur l’évangélisation du monde.

Plusieurs défis à l’ordre du jour
Le Mouvement de Lausanne a vu le jour en 1974 dans la capitale vaudoise. Cette grande rencontre a rassemblé des leaders évangéliques du monde entier, afin de réfléchir aux manières dont les Eglises protestantes de conviction évangélique pourraient annoncer l’Evangile de façon appropriée. Le Congrès de Lausanne rassembla principalement les leaders évangéliques « classiques », alors que, lors du deuxième congrès, qui eut lieu à Manille en 1989, des responsables évangéliques « classiques » et charismatiques s’engagèrent ensemble dans ce désir de réfléchir à l’évangélisation du monde et d’agir ensemble afin de faire connaître le Christ sur toute la planète.
Les années ont passé et le Mouvement de Lausanne a continué d’organiser un nombre important de conférences et de séminaires dans le but d’aider les Eglises à répondre à l’appel du Christ. Cependant, « Lausanne » garde-t-il encore sa pertinence dans un monde qui a tellement changé depuis 1989 ? Oui, parce que ce mouvement va encore aider de manière unique les Eglises à relever plusieurs défis.

L’unité
Il y a le défi de l’unité. Il faut que nous reconnaissions que la division de l’Eglise est un scandale. L’Eglise devrait être une, puisque Dieu est Un. L’Eglise a connu la division pour de bonnes et de mauvaises raisons. Nous n’allons pas polémiquer sur le sujet, mais il faut reconnaître que la division a parfois été nécessaire, car le cœur du christianisme avait été remis en question. L’histoire nous montre que les divisions des mouvements évangéliques au sein du protestantisme n’ont pas toujours été un exemple pour le monde. En effet des mouvements évangéliques ont refusé de collaborer pour des raisons socio-politiques ou pour des raisons théologiques mineures. Ces tensions restent encore apparentes et elles empêchent les Eglises d’assumer leurs responsabilités dans ce monde.
Le Mouvement de Lausanne désire encourager les Eglises à œuvrer ensemble pour faire connaître le Christ. Pour agir de la sorte, il sera important de revenir au cœur du christianisme. Durant ce prochain congrès et bien au-delà, les valeurs évangéliques présentées lors des congrès précédents seront à nouveau étudiées. De telles valeurs sont centrales pour permettre à nos Eglises de servir ensemble, et ce fidèlement. Nous nous réjouirions que les chrétiens du monde entier s’unissent autour des valeurs de la Déclaration de Lausanne qui comprennent notamment : le dessein de Dieu, l’autorité et la puissance de la Bible, le Christ unique et universel, la nature de l’évangélisation, la responsabilité sociale du chrétien, l’urgence de la mission...
Trois de ces valeurs constituent pour nous un véritable défi :

L’annonce de l’Evangile
Il y a le défi de la proclamation de l’Evangile. L’annonce de l’Evangile reste toujours d’actualité. Nous devons confesser que, même dans notre pays, tout le monde n’a pas encore entendu l’Evangile. Notre tâche de faire connaître le Christ reste un défi pour nos Eglises. Nous devons reconnaître qu’elles ont de la peine à faire clairement connaître Jésus dans leur entourage et ceci pour plusieurs raisons : les chrétiens ont peur de parler du Christ, ils ne sont pas équipés pour assumer une telle tâche, ils estiment que le témoignage n’est pas une priorité et ils sont très chargés par leur emploi du temps (travail, vie de famille et autres activités annexes). L’annonce de l’Evangile doit rester une priorité : selon l’Ecriture, il existe un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, qui désire que tout le monde soit sauvé (1Tm 2.3-6). Les acteurs du Mouvement de Lausanne vont donc aider les Eglises à réfléchir aux moyens appropriés pour annoncer l’Evangile.

La mission intégrale
Il y a également le défi de la réconciliation. Nous vivons dans un monde qui est profondément marqué par de nombreux conflits. Les évangéliques se focalisent souvent sur la proclamation verbale de la Bonne Nouvelle, en affirmant qu’il n’est pas nécessaire de vouloir transformer le monde. Nous sommes heureux que des théologiens latino-américains se fassent progressivement entendre par les responsables des Eglises occidentales. Il ne suffit pas de faire d’un côté de l’évangélisation et de l’autre de l’action sociale, mais il est indispensable que les Eglises prennent part à ce que nous appelons la « mission intégrale ». Dans celle-ci, la proclamation verbale (qui tient une place centrale) et l’action sociale sont à la fois différentes mais inséparables. L’Eglise est non seulement appelée à transformer des vies par la prédication de l’Evangile, mais elle est également invitée à transformer la société, tout en sachant que cette dernière ne pourra être rendue parfaite ici-bas. Le Mouvement de Lausanne va encore jouer un rôle prépondérant pour que les Eglises puissent prendre part à cette « mission intégrale », désirée par le Christ.

Un nouveau sens de la communauté
Enfin, il y a le défi du partenariat. Nous sommes invités par le Christ à œuvrer ensemble dans le monde. La notion de koinonia (partage et communion en grec) n’est pas très valorisée parmi les évangéliques. Nous parlons parfois de coopération, mais pas plus ! Par le passé, le travail missionnaire dépendait toujours des Eglises situées dans les pays riches. Ces dernières dictaient les stratégies missionnaires pour « conquérir le monde » et elles avaient tendance à mépriser les chrétiens qui accueillaient volontiers des missionnaires étrangers. Aujourd’hui, nous savons que la majorité des chrétiens réside dans les pays non occidentaux. Il serait temps de voir davantage d’égalité entre les chrétiens de tous les pays. Il est important que les chrétiens issus des pays riches puissent prendre au sérieux les chrétiens des autres contrées et que tous soient en mesure de se soutenir les uns les autres pour faire connaître le Christ dans le monde entier. Nous savons que les missionnaires les plus actifs en 2010 nous viennent du Brésil, de Corée, de Chine ou du Nigeria. Il est indispensable qu’il y ait un vrai partenariat entre les chrétiens de toutes les nations. Une telle démarche requiert de l’humilité de la part des chrétiens « occidentaux ». Il nous faut ce « dialogue global » pour avoir un impact réel sur la globalité de la planète.

***
Pour conclure, il nous faudra donc prier pour les Suisses qui participeront à ce congrès, afin qu’ils soient personnellement touchés par ce qu’ils vivront au Cap. J’aspire profondément à ce que cette « expérience sud-africaine » permette à nos Eglises de mieux œuvrer dans notre pays et au-delà de ses frontières. J’espère que lorsque notre délégation reviendra de ce congrès, elle pourra communiquer la vision d’une « Eglise entière qui annonce l’Evangile entier au monde entier ».

David Valdez, pasteur dans l’Eglise évangélique libre de la Rochette, Neuchâtel.

Pour suivre Lausanne III à Cape Town, visitez le blog commun au Christianisme aujourd'hui et à lafree.ch.

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