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vendredi, 27 février 2009 12:24

« Jésus guérit ! Une conviction à vivre en Eglise » : compte rendu d’une journée de formation FSE 2

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Le 7 février 2009, la Formation au service dans l’Eglise a animé une journée de réflexion autour du thème : « Jésus guérit ». Plusieurs pasteurs de la FREE, un médecin et une centaine de personnes se sont retrouvés pour parler et échanger leurs expériences sur le thème de la prière pour la guérison. Echos signés Marc Lüthi, pasteur dans l’Eglise évangélique libre de Reconvilier (FREE).

Avec ce thème quelque peu provocateur, près d’une centaine de personnes en provenance de la région et de toute la Suisse romande se sont réunies pour une journée d’étude à la chapelle de l’Eglise libre de Reconvilier (FREE) le samedi 7 février de 9h à 17h. Il s’agissait d’un séminaire organisé par la « Formation au service dans l’Eglise » (FSE2) qui, pour une première fois, se tenait dans le Jura bernois. Ce fut l’occasion de dialoguer sur un thème qui ne fait pas toujours l’unanimité même au sein de la FREE. La parole fut donnée à plusieurs intervenants avec une sensibilité et des ministères différents.

« C’est de nos maladies qu’il s’est chargé… »
Marc Lüthi, pasteur de l’EELR, a ouvert les feux avec un exposé biblique à partir d’une parole du prophète Esaïe fréquemment invoquée dans le cadre de la guérison : « C’est de nos maladies qu’il s’est chargé… c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (Esaïe 53, 4-6). Une lecture plus attentive du texte et du vocabulaire utilisé, permet de conclure que la guérison mentionnée concerne l’homme dans sa totalité, corps, âme et esprit. Ces versets d’Esaïe sont d’ailleurs cités deux fois dans le Nouveau Testament : dans Matthieu 8,17 à la suite de récits de guérisons opérées par Jésus ; et une deuxième fois dans 1 Pierre 2,25 pour parler du pardon des péchés.
Suite à cet exposé, Claire-Lyse Lüthi a témoigné des guérisons qui ont marqué sa vie au moment de sa conversion et par la suite notamment lors de son séjour missionnaire de deux ans au Tchad. En nous laissant cette question : pourquoi reçoit-on plus de guérisons en Afrique que chez nous ?
Werner Lehmann, pasteur de l’Eglise évangélique d’Oron (FREE), vice-président de l’AIMG (Association internationale des ministères de guérison) a fait part de sa conviction et de son vécu dans ce domaine. Il a invité les participants à entrer dans le surnaturel de Dieu. Tout en encourageant ses auditeurs à chercher Dieu et Jésus-Christ avant la guérison. Après avoir rapporté les 10 points de convergence de l’AIMG, il a rappelé le fondement biblique de la guérison en se référant à Esaïe 53 et à bien d’autres paroles de l’Ancien Testament : « Je suis l’Eternel qui te guérit » (Ex 15,26) ; « C’est lui qui pardonne tous tes péchés, c’est lui qui guérit toute maladie » (Ps 103,4). Puis l’orateur a montré qu’il y avait lieu de distinguer le ministère de guérison en Eglise et dans l’évangélisation, et de prendre au sérieux l’ordre de mission de Jésus et les promesses qui l’accompagnent : « Chassez les démons et guérissez les malades » (Mt 10,8). Certaines conditions sont requises, ajoute-t-il, pour servir Dieu en ce domaine : la foi de celui qui prie et celle du malade, il va de soi, mais également l’intérêt pour ceux qui passent par la maladie et l’assurance que Dieu répond à la prière. Finalement, conclut-il, en faisant allusion à la scène de la multiplication des pains (Jn 6, 1-15), à nous de choisir d’être du côté de Philippe qui constate que l’argent manque pour acheter de quoi nourrir la foule, ou du côté d’André qui attire l’attention sur les cinq pains et les deux poissons mis à disposition par un jeune garçon. A nous de choisir !

Des questions suite à des échecs
En fin de matinée la parole fut donnée à Richard Fosserat, pasteur de l’Eglise évangélique de Cossonay (FREE). Il s’exprima sur un ton très personnel partageant avec beaucoup d’humilité et de courage ses questions et ses échecs dans le domaine de la guérison. Il a certes été l’instrument de bien des guérisons lors de son séjour en Afrique mais aussi dans son ministère pastoral en Suisse, et il n’a pas manqué de nous en relater, mais il est des non-guérisons qui lui sont restées au travers de la gorge. Pourquoi les uns sont-ils guéris et les autres pas ? Il serait inutile et faux de vouloir rechercher des coupables ! Et de citer certains textes de l’Ancien et du Nouveau Testament : Elisée était atteint de la maladie dont il mourut (2 Rois 13,14) ; Paul a laissé Trophime malade à Milet (2 Tm 4,20) ; Paul conseille à Timothée de ne pas boire que de l’eau, mais un peu de vin, à cause de ses fréquentes indispositions (1 Tm 5,23). Pour conclure l’orateur nous fait part de sa décision de s’engager davantage dans l’accompagnement des malades que dans leur guérison.

Et l’onction d’huile ?
Après la pause de midi, Marc Lüthi reprend la parole à propos de l’onction d’huile (Jac 5, 14-16), un sujet qui fut celui de son mémoire de fin d’études à la Faculté libre de théologie évangélique à Vaux-sur-Seine. L’accent dans cette démarche, comme d’ailleurs dans l’ensemble de l’épître de Jacques, est placé sur la mise en pratique de la foi, les relations au sein de la communauté chrétienne et la dimension eschatologique. Marc Lüthi y voit l’offre de Dieu faite au membre de l’Eglise qui passe par une maladie vécue comme une menace existentielle. Sur la demande du malade, les anciens en tant que représentants de la communauté et soutenus par la prière de l’Eglise, se déplacent au chevet du souffrant. C’est l’occasion d’un partage et d’un temps d’écoute, voire de confession mutuelle, pour se préparer à la prière. L’onction d’huile doit être considérée comme une aide pour la foi et ne fait qu’accompagner la prière pour le malade. Mais ce geste concrétise la demande faite à Dieu en vue de la guérison. Plusieurs expressions indiquent quels sont les effets attendus de cette démarche. En ce qui concerne le malade, il est fait mention du pardon en réponse à la confession, et Jacques ajoute qu’il sera guéri (terme utilisé en grec à la fois pour parler de la guérison physique et de la guérison spirituelle) et que le Seigneur le relèvera (terme utilisé à plusieurs reprises par Jésus s’adressant à un paralytique en lui disant : « Lève-toi et marche ! » Mais il s’agit aussi du terme employé pour parler de la résurrection). Ces promesses concernant le malade doivent donc être comprises dans un sens eschatologique : il s’agit de réalités du Royaume de Dieu dont le Seigneur nous accorde des signes. Le malade n’est pas le seul concerné par cette approche : les anciens eux-mêmes seront renouvelés dans leurs relations et l’Eglise tout entière en sera bénie par l’effet de la solidarité.

Un regard scientifique sur la prière de guérison
Dernier à prendre la parole en plénière, le Dr Blaise Vionnet d’Echallens, également membre de l’AIMG, apporte sa contribution au débat. C’est donc en tant que médecin et médecin chrétien qu’il prend la parole. Dans un premier temps, il expose la difficulté qu’éprouvent les médecins à homologuer une guérison du point de vue scientifique. Seules les guérisons documentées scientifiquement peuvent être reconnues : une personne ayant été « guérie » de ses maux liés à une arthrose, mais dont la radio ne démontre pas de changement objectif, ne peut être déclarée guérie ! Puis le médecin nous partage les critères mis en place par l’AIMG pour pondérer les guérisons manifestées. Une grille savamment établie permet de distinguer les guérisons personnelles, des guérisons publiques et de guérisons documentées scientifiquement. A ces critères s’ajoute celui du temps, c’est-à-dire de la durée de la guérison. A la question délicate s’il faut renoncer aux médicaments en cas de « guérison », le médecin est formel : la réponse est non ! Le Dr Blaise Vionnet préconise que le patient continue de prendre les médicaments tout en étant suivi par le médecin afin de constater la guérison à long terme. L’abstinence brusque de médicaments peut avoir des conséquences parfois catastrophiques à long terme.

Echanges et célébration
La seconde partie de l’après midi fut consacrée à une table ronde conduite par Serge Carrel, responsable de la formation au sein de la FREE, à laquelle ont participé les intervenants de la journée. Ce fut l’occasion moins de confronter nos points de vue que de partager notre expérience et notre manière de faire au sein de nos Eglises. Echange positif qui nous a permis d’apprendre les uns des autres et de nous encourager dans la pratique du ministère auprès des malades.
Une dernière étape nous a conduits dans un temps de louange, d’adoration et d’intercession. Les personnes désireuses de faire un pas de plus dans le ministère de guérison ont été invitées à se lever de même que les responsables d’Eglises présents à cette journée. Une prière de bénédiction et d’intercession fut prononcée sur eux tous. Finalement fut offerte la possibilité de la prière pour ceux et celles qui étaient malades parmi nous.

Un désir de dialogue sur un sujet controversé
Ce fut, de mon point de vue, une excellente journée marquée par le désir du dialogue en vérité sur un sujet souvent controversé. L’écoute de la Parole et l’écoute fraternelle nous ont fait progresser vers une meilleure compréhension les uns des autres et du même coup vers une plus grande unité. Sans pour autant gommer nos sensibilités différentes ni la diversité des ministères exprimée par les intervenants. Nous nous sommes réjouis de leur complémentarité. Du même coup, ce dialogue et ce partage ont mis en évidence la tension dans laquelle nous sommes en tant que chrétiens, tension entre le déjà et le pas encore du Royaume de Dieu, entre les guérisons accordées comme signes du Royaume et la délivrance totale que signifiera le retour du Christ et notre résurrection. Nous nous sommes séparés avec encore plein de questions concernant la guérison, mais aussi avec le désir de faire un pas de plus personnellement et communautairement en ce domaine. C’est du moins mon vécu et mon désir !
Marc Lüthi
Pasteur dans l’Eglise libre de Reconvilier et membre de la Commission formation de la FREE

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