Au centre se trouve la mission
Neil Summerton est secrétaire exécutif de Partnership, l’organisation qui chapeaute les Assemblées de Frères au Royaume-Uni. A ce titre, il connaît bien ce mouvement dans le monde. Neil Summerton a également été ancien dans la Highgate International Church (« Eglise internationale de Highgate »), à Londres, et membre de l’organisation de la Conférence internationale des Frères sur la mission (IBCM).
Comment avez-vous choisi le thème de cette huitième Conférence internationale des Frères sur la mission (IBCM) ?
Neil Summerton – La mission, dans son sens le plus large selon la Bible – c’est-à-dire à la maison, à l'étranger, la mission de l'Eglise locale comme celle d'un mouvement tel que les Eglises de Frères, la mission à travers la coopération internationale – a toujours été au centre de chaque Conférence internationale des Frères sur la mission (IBCM). Cette préoccupation se retrouve dans le titre général de cette rencontre. Si nous reprenons les thèmes des conférences précédentes, nous constations que les organisateurs ont généralement sélectionné un verset de l'Ecriture lié à la mission de l'Eglise.
Je ne sais pas encore sur quels sujets précis nos principaux orateurs se concentreront en 2023. Mais j'aime à penser que nous allons réfléchir à la manière d’être des Eglises conduites par le Christ, avec une mission selon le Christ.
Quels sont les principaux défis qui visent les Eglises de Frères dans le monde ?
La question est difficile, en raison de la diversité des situations nationales et régionales. En effet, les Eglises de Frères sont présentent dans plus de 140 pays. Les défis sont très différents si nous nous trouvons, par exemple, en Europe ou en Afrique sub-saharienne.
L’Europe se sécularise rapidement. Dans de nombreux pays d’Europe, 30 à 50 % des habitants déclarent désormais ne pas avoir de religion – même si ces gens se disent agnostiques plutôt qu'athées. Dans ces pays, les mouvements nationaux de Frères sont, pour la plupart, très petits. Dans ce cas, le défi est de savoir comment développer une évangélisation efficace, étant donné l'absence de tout cadre chrétien dans l'esprit de beaucoup de gens.
La situation est très différente en Afrique sub-saharienne. Là, de nombreux pays sont christianisés à 95 % ; la proportion de chrétiens évangéliques, pentecôtistes et charismatiques est importante ; il est encore possible de construire une chapelle et d'attendre que les gens y viennent. De plus, en très grande majorité, les participants sont des enfants et des jeunes prêts à accueillir de nouvelles idées.
Cependant, il est également vrai que, au temps des générations précédentes, les Eglises de Frères ont développé une mission qui a été très efficaces pour transmettre aux convertis une ecclésiologie très spécifique. Celle-ci ne tenait pas vraiment compte des origines culturelles diverses des personnes évangélisées. Ainsi, les « schibboleths »(1) du mouvement – souvent des questions de détail – sont remarquablement standards. Il est encore très courant de rencontrer des missionnaires qui se désintéressent des questions d’interculturalité. Ils considèrent l'organisation et la réflexion préalable comme, au mieux, un mal nécessaire et, au pire, un mal tout court.
Qu'attendez-vous d'une telle conférence pour les responsables des Eglises de Frères ?
Par expérience, je peux dire que le fait de se rencontrer constitue à lui seul un bienfait. En effet, lorsque des dirigeants et des militants se retrouvent dans un contexte international, ils génèrent automatiquement de bonnes choses. Les temps de discussions informels dans les couloirs sont plus importants que les séances. Les participants se rencontrent, parlent, apprennent, trouvent des idées pour leur propre contexte à partir de ce qui se fait dans d'autres pays… Parfois, ils planifient des projets sur une base internationale, ils s’invitent pour développer des ministères à l’étranger.
En plus des conférences mondiales qui se tiennent tous les quatre ans, il existe des conférences régionales reliées à l'IBCM. Elles ont lieu en Asie du Sud et de l'Est, dans le Pacifique, en Afrique, en Europe, dans les Caraïbes, pour les pays hispanophones et lusophones. Cela donne la possibilité aux personnes qui ne peuvent pas se rendre à une conférence mondiale de profiter, malgré tout, des avantages d'une réunion internationale. Elles peuvent échanger et se mettre à l'écoute de Dieu. Mais il me semble que, malheureusement, personne n’est venu de Suisse romande pour participer à la conférence européenne qui a eu lieu en Albanie en septembre dernier.
Il existe aussi un « Brethren Training Network » (« Réseau de formation du mouvement des Frères ») qui, sur une base internationale, encourage les acteurs de l'éducation et de la formation dans le mouvement des Frères.
(1) Le mot hébreu « schibboleth » – qui signifie « épi, branche » – a été utilisé par Jephté et les combattants de Galaad (Juges 12.4-6) pour démasquer leurs ennemis éphraïmites. En effet, les Ephraïmites avaient une manière différente de prononcer le mot. Actuellement, en « patois de Canaan », les schibboleths désignent les caractéristiques spécifiques d’un groupe chrétien.