Puissance spirituelle et Eglises émergentes (8)

mardi 28 novembre 2006

Jeudi soir 30 novembre, participez à un débat avec Henri Bacher et Matthias Radloff sur les Eglises émergentes. Vous pouvez le faire derrière votre ordinateur si vous avez téléchargé la dernière version du logiciel libre « skype » et en vous connectant jeudi soir au lien qui figure dans l'encadré en bas d'article. Les deux derniers articles d’Henri Bacher sur les Eglises émergentes serviront de tremplin à ce débat. Celui que nous vous présentons maintenant et un autre dont vous trouvez les références en bas d'article. A lire donc, puis à discuter !

Entrer dans les cultures occidentales actuelles est certes essentiel pour l’Eglise, mais ce qui me semble encore plus important, c’est de discerner quelles sont les puissances spirituelles qui nous dominent. Si nous restons sur le plancher des vaches, à vouloir simplement nous organiser en réseau pour mieux répondre aux besoins des gens, nous n’irons pas très loin. Nous devons affronter des puissances spirituelles qui n’ont aucun intérêt à notre développement ou mieux encore, qui feront tout leur possible pour nous détourner des vrais objectifs, quitte à nous faire construire des «cathédrales» cathodiques vides de sens et de contenu spirituel. D’autre part, si nous voulons avoir une prise sur la société, nous devons connaître nos adversaires pour pouvoir les contrer et offrir aux croyants la possibilité de construire des alternatives performantes.

Ne nous méprenons pas de puissance
En Occident, on se focalise très vite sur la montée de l’islam comme une de ces puissances spirituelles qui va nous dominer et nous assujettir. Les chrétiens vivant dans des pays islamisés nous incitent à être plus fermes, au vu de ce qu’ils vivent eux-mêmes dans ces contrées et nous serions enclins à suivre ces recommandations. Il est en effet toujours plus facile d’affronter un concurrent très présent, visuellement parlant et très médiatisé, qu’un ennemi somme toute bien intégré et faisant partie des meubles. Sans minimiser l’impact de la religion du prophète Mahomet sur l’Occident, nous devrions nous en prendre d’abord à nous-mêmes. La puissance spirituelle qui dicte la cadence de nos vies et nous met au pas de ses exigences, ce n’est pas l’islam, mais le dieu Mammon. Il nous fait tuer nos gamins dans le ventre de leur mère, alors que nous sommes suffisamment riches pour les nourrir et les éduquer. Il nous force à exploiter l’hémisphère Sud à notre seul profit et par la même occasion nous culpabilise si nous ne donnons pas assez pour les pauvres bougres du Sud. Sans vergogne, nous envoyons nos bateaux pleins de déchets toxiques, les décharger sur les côtes africaines. Même les Eglises sont enrôlées pour soutenir des guerres qui n’ont d’autres buts que de contrôler la richesse minière d’un pays, sous couvert de démocratie.

Mammon jusque dans l’Eglise
Le jour de repos obligatoire fait partie des dix commandements, mais il a été complètement squatté par l’économie des loisirs. Dans le temps, le loisir tournait autour des fêtes religieuses et des saints patrons en pays catholique. Aujourd’hui, ce n’est de loin plus le cas et derrière la majorité de nos activités dominicales se trouvent des personnes que nous faisons bosser que ce soit le pompiste, l’ouvreur de ski, les serveurs de restaurant, les opérateurs de cinéma, les saltimbanques, les artistes, les musiciens, les gardiens de musée, les pilotes d’avion ou mécaniciens des trains, etc. Nous-mêmes, nous bossons sur nos VTT, sur nos skis, dans nos voitures, en marchant, en grimpant, en participant à des spectacles. L’Eglise elle-même donne des cours de formation, des spectacles, des concerts où des gens se dépensent et dépensent. Le dieu Mammon nous a éduqués à «marchander» même le dimanche et lorsque je décris nos activités dominicales, je suis moi-même un peu éberlué en me posant la question comment on pourrait, par exemple, faire autrement avec des enfants qu’il faut occuper, des adolescents qu’il faut sortir de devant la télé.
La marque de la puissance spirituelle est bien là: nous ne savons plus fonctionner autrement qu’en faisant tourner la machine financière. Bien pire, vouloir contester le système des loisirs dominicaux nous paraît bien archaïque et rétrograde. Et pourtant…
Rappeler aux chrétiens occidentaux que nous avons un problème avec l’argent et que bon nombre de nos activités dites spirituelles deviennent en partie une sorte de commerce, n’est pas religieusement très correct.

Contestation des pouvoirs
Le christianisme a toujours eu l’art de contester les dieux. Les césars modernes ont d’autres noms que les empereurs romains, mais nous y sommes tellement inféodés que nous ne savons pas comment réagir. Cette puissance spirituelle de l’argent a besoin d’être combattue sur son propre terrain. Comment?
Même si le Royaume de Dieu est une réalité, il n’a pas encore manifesté ici-bas sa pleine puissance. Nous ne pouvons vivre que des prémisses de cet eldorado spirituel. Tous les malades de ce monde ne seront jamais guéris, mais Dieu accorde de temps en temps des guérisons comme des signes de ce Royaume. Ainsi, nous aussi nous devons produire des «signes» qui montrent que le Royaume de Dieu sera exempt de tout souci d’argent et de toute domination liée à la puissance monétaire. L’Eglise émergente devra produire des signes pour encourager le monde à faire confiance à ce Royaume. Je ne suis absolument pas convaincu que l’Eglise est appelée à transformer ce monde de fond en comble. Ce sont des utopies qui ne correspondent pas à la vision biblique de la fin des temps qui montrent l’affrontement entre une puissance du Mal contre Dieu lui-même. Nous ne pouvons qu’atténuer les effets de cette influence. Je n’ai aucune idée qui sera ce grand challenger de Dieu, mais ce que je sais, c’est que cette puissance de contestation sera liée au monde de l’argent. Au niveau mondial, nous sommes dans une phase de consolidation de cette puissance du Mal. Toute contestation financière de la part de l’Eglise est un grain de sable dans ce mécanisme économico-financier.

Quelques pistes
Un des principes que nous devrions mettre en avant, c’est la notion de « vivre par la foi ». Faire confiance à Dieu qu’il pourvoira pour la croissance de son Eglise. Pourquoi vendre des prestations, des produits pour soutenir l’Eglise? Si Dieu en est le Patron, c’est à lui de fournir les finances, mais nos Eglises sont parfois de drôles «d’entreprises» spirituelles: les employés doivent eux-mêmes s’occuper de trouver leurs salaires! Un de nos problèmes, c’est d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Nous implorons Dieu de financer des projets, qu’il ne nous a même pas demandé de réaliser. L’Eglise s’est souvent fourvoyée avec des projets de prestige, alors que Dieu avait en tête des micro-réalisations, comme trois ans de formation avec seulement douze disciples? Un vrai gouffre financier que de mettre à disposition un homme-Dieu aussi qualifié que le Christ, seulement pour douze personnes! Cette clique d’étudiants se faisait soutenir par des proches et des sympathisants et pourtant, ils ont mis en branle une dynamique planétaire.
Vivons plus simplement. Développons des organisations émergentes basées sur le principe de pauvreté. Pauvreté des moyens, des infrastructures, des locaux, mais misons sur les richesses spirituelles et humaines des personnes. Misons sur les talents, le savoir-faire, l’esprit de service, alors nous irons loin! Nous ne pouvons plus régater avec le show-biz, à part quelques Eglises mastodontes qui ont développé, entre autres, des empires multimédia! Les petites communautés devront inventer un autre style de vie et surtout se conformer à un autre train de vie! Gratuité ne rime pas forcément avec médiocrité, comme pauvreté ne se conjugue pas toujours avec déchéance. D’ailleurs, entre nous, la richesse n’est presque jamais à l’origine des vraies valeurs de l’Evangile.

Henri Bacher
www.logoscom.org

Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

  • Rencontre générale de la FREE : vers une réorientation du budget

    Ven 13 décembre 2024

    La seconde Rencontre Générale de la FREE pour 2024 s'est tenue le 23 novembre à l'Eglise évangélique des Amandiers (Lavigny). Les délégués des Eglises ont accepté le budget 2025 et la modification d'un article des statuts, les membres de la direction ont donné des nouvelles de leur secteur et Michel Faggion a présenté la mission de la FLP. Compte-rendu.

  • Rencontre générale : la FREE confirme son désir d’apporter un soutien efficace aux Eglises

    Ven 26 avril 2024

    La dernière Rencontre générale de la FREE a montré que sa situation financière est relativement saine. Elle a aussi montré comment la fédération remplit des tâches indispensables aux Eglises, et que celles-ci ne pourraient par remplir à titre individuel.

  • Un·e responsable des finances (10%)

    Lun 29 janvier 2024

    Plus grande fédération d’Eglises évangéliques en Suisse romande, la FREE offre un cadre de travail dynamique et défiant, en lien étroit avec les autres acteurs du milieu chrétien évangélique romand, suisse et international. Dans ce cadre, la FREE recherche un·e responsable des finances.

  • Rencontre générale : une fédération utile

    Mer 29 novembre 2023

    La Rencontre générale du 25 novembre 2023 a permis de remercier Stéphane Bossel pour 23 ans d’engagements divers et importants dans la FREE. Elle a aussi permis à l’équipe de direction de partager quelques priorités, notamment le sens, les valeurs et la plus-value que la FREE peut offrir aux Eglises.

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !