En pleine période de l’Avent, les catholiques d’Israël-Palestine expriment leur inquiétude concernant le nouveau gouvernement. Celui-ci devrait être formé le 21 décembre et promet d’être le plus à droite de toute l’histoire d’Israël. Des ministres issus de l’extrême droite y figurent, comme Itamar Ben Gvir. Pressenti pour reprendre le portefeuille de la sécurité nationale, cet avocat de formation a par exemple défendu une organisation opposée aux mariages de juifs avec de non-juifs, et qui appelle à l’expulsion totale des Palestiniens, jusqu’à l’interdiction de Noël. Différents journalistes et observateurs soulignent une tendance politique « terrifiante » visant à éliminer tout ce qui n’est pas juif ou pas assez juif en Terre sainte. Dimanche 11 décembre, Juergen Buehler, directeur de l’Ambassade chrétienne internationale de Jérusalem (ICEJ), a émis de sévères mises en garde à l’adresse de Benjamin Netanyahou, rapporte le site catholique Crux.
Des mots à la violence
L’idéologie suprémaciste juive se traduit d’abord par des mots. Itamar Ben Gvir avait par exemple lancé à propos de Palestiniens : « Ils nous jettent des pierres… qu’on leur tire dessus », d’après The Times of Israel. Pour les catholiques, la violence langagière se transforme tôt ou tard aussi en violence physique. La situation se détériore d’ailleurs très concrètement : « Cette année, nous avons assisté à une recrudescence de la violence, avec le plus grand nombre de victimes palestiniennes depuis plus de vingt ans », selon leur déclaration commune.
Les catholiques appellent donc d’ores et déjà le prochain gouvernement à traiter équitablement et avec respect les différentes communautés de la société israélienne, notamment les musulmans et autres non-juifs « qui représentent 20% de la population du pays », indique Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en cheffe de Terre sainte magazine.
Note d’espoir
Juergen Buehler a pour sa part appelé le Premier ministre à « user de toute son influence pour que cette prochaine période législative ne soit pas une ère de nouvelles disputes ou de nouveaux murs, mais une période où les partenariats et les relations entre juifs et chrétiens continueront à se développer ».
Une note d’espoir existe, cela dit. Elle vient des pèlerins qui reviennent en nombre dans ce berceau du christianisme. Un afflux qui apporte du travail et donc une prospérité matérielle, mais qui fait surtout sentir aux minorités du pays qu’elles ne sont pas oubliées. Selon les catholiques de Terre sainte, toutes les personnes, associations et mouvements qui continuent à construire sur place l’amitié et la solidarité dans ce contexte de division sont autant de « puissants anticorps » dans la société israélienne.
Gabrielle Desarzens
Une chronique radio sur RTS La Première à écouter ici