HET-pro : deux postures s’affrontent concernant la formation des pasteurs romands

mardi 31 mars 2015 icon-comments 3

Dieu doit-il être considéré comme un objet ou un sujet d’études ? C’est à cette considération essentielle que pourrait se résumer les deux postures qui s’intéressent en Suisse romande à la formation des pasteurs.

« La Haute école de théologie HET-pro veut d’abord offrir une perspective plus croyante et professionnalisante, a clairement indiqué son chef de projet David Richir, dimanche 29 mars dans l’émission Hautes Fréquences de RTS La Première. Professante dans le sens d’une intégration entre réflexion théologique et vécu de la foi : nous pensons qu’il y a possibilité de vivre les deux ensemble », a-t-il précisé.

Les conseils synodaux n’en veulent pas
Le projet de HET-pro a été dévoilé dans un communiqué diffusé lundi 23 mars. Il vise à former des pasteurs, des responsables d’Eglises et d’organisations chrétiennes. Il émane de théologiens réformés et évangéliques.
Pour Line Dépraz, conseillère synodale de l’Eglise réformée vaudoise (EERV), la communication de la HET-pro donnait toutefois à penser qu’elle était intégralement pensée par les Eglises réformées et évangéliques. « Or nous avons quelques collègues de tendance évangélique qui sont entrés dans l’élaboration de ce projet. Mais les Eglises réformées et les conseils synodaux romands ont dit ne pas vouloir d’une Haute école de théologie pour former des pasteurs », a-t-elle dit face à David Richir.

Neutralité confessionnelle et religieuse
Pour la Conférence des Eglises réformées de Suisse romande (CER), le pastorat passe par des études universitaires. « Pour nous, c’est très important de pouvoir étudier la Bible comme si on travaillait des textes du Coran ou d’autres textes sacrés, avec une forme de neutralité confessionnelle et religieuse, a déclaré Line Dépraz. Il n’y a pas lieu d’avoir une approche différente avec la Bible. »

« Il faut croire pour comprendre »
Selon David Richir, la critique a néanmoins toute sa place dans l’approche confessante. Et de citer Anselme de Cantorbéry qui disait qu’il faut « comprendre pour croire », mais aussi qu’il faut « croire pour comprendre ». Réagissant à une intervention dans la presse de Xavier Paillard, président du conseil exécutif de la CER, le chef de projet de la HET-pro a enfin rappelé que de grandes Facultés théologiques intègrent d’ores et déjà une perspective confessante et qu’elles considèrent Dieu non pas comme un objet d’étude mais comme un sujet de relation.
Si la CER enfin a réagi de manière très vive au projet de la HET-pro en le désavouant, le comité de pilotage du projet de cette haute école indique avoir des contacts positifs en cours avec les Facultés de théologie de Lausanne et de Genève.

Quelle relève ?
C’est le réformé Jean-Claude Badoux, ancien président de l’EPFL, qui a donné la première impulsion à ce projet de Haute école de théologie protestante. Celle-ci devrait ouvrir ses portes d’ici deux à trois ans. A l’heure où les étudiants en théologie se font rares sur les bancs de l’université et que la Faculté de théologie de Neuchâtel ferme ses portes cet été, le défi de former une relève pastorale est entier.
(réd.)

La page Facebook de la HET-pro.
La HET-pro dans le cadre de l’émission Hautes Fréquences sur RTS-La Première.
La HET-pro sur lafree.ch :
- « Et vive la nouvelle Haute Ecole de théologie ! » par Serge Carrel
- « Suisse romande : une Haute Ecole de théologie s’annonce pour la rentrée 2016 ou 2017 »

3 réactions

  • antoinedelage@msn.com samedi, 04 avril 2015 16:37

    En faisant mon parcours en faculté de théologie à Lausanne dans les années 2000, la forte proportion d'études dites historiographiques donc scientifiques ne s'est pas opposée à ma foi, bien au contraire. J'ai toujours durant mon parcours recherché à relier science et foi, ce qui a donné un fort beau résultat. Ma foi s'est réveillé, épanouie, révélée même; particulièrement un jour en lisant Romains, exactement au même endroit que pour Luther...

    Je n'ai pas besoin de comprendre pour croire ni de croire pour comprendre. Science et foi font bon ménage, elles s’ensemencent l'une l'autre, j'ai toujours trouvé que la science appuyait la foi. Même si c'est bien la foi qui sauve, la connaissance n'est pas exclue.

    A savoir si mes professeurs sont croyant et comment ils sont croyants ou pas, qui suis-je pour juger la foi des autres ? Il ne m'ont pas demandé non plus quelle était ma foi. Et pourtant elle était devenue grâce à eux fort belle.

    Bien à vous, Antoine

  • Marc-André Freudiger dimanche, 12 avril 2015 09:49

    L’opposition « considérer Dieu comme objet d’étude » et « considérer Dieu comme sujet d’une relation aux hommes » n’est pas adéquate pour différencier un projet de Faculté de théologie universitaire et le projet de la HET-pro.

    Car si par « objet d’étude », il faut entendre l’objectivation de Dieu et sa réduction au rang de chose qu’on examine, cela ne rend pas compte de ce qui se fait dans les Facultés de théologie ; déjà parce que l’examen des textes effectué par l’exégèse, s’il est bien mené, doit conduire à la mise en évidence d’un appel à un changement de compréhension de soi ; et ensuite, parce que tant la dogmatique que la théologie pratique seraient inconcevables si Dieu n’était qu’un objet.

    Inversément, quand la HET-pro entend figer la théologie dans une confession de foi qui, à l’encontre de la diversité biblique, postule l’identité du sens et de la réalité des faits en des notions telles que la naissance virginale, la résurrection corporelle ou l’ascension du Christ, on a un bel exemple d’objectivation de Dieu.

    La chosification de Dieu n’est pas forcément du côté où l’on pense.

  • JP mardi, 28 avril 2015 04:41

    Je pense que pour attirer des élèves, probables futurs pasteurs, il faudrait commencer par changer le nom présomptueux et inapproprié de cette école. "haute et pro" ne combinent pas avec l'esprit avec lequel on aborde l'étude de la Bible.
    JP

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