Des civilistes à l’oeuvre jusque dans les activités sociales des Eglises

CAB vendredi 10 juin 2016

De nombreuses organisations chrétiennes emploient des « civilistes » – des personnes effectuant leur service civil. Lorsque leur cœur de métier est l'action sociale, tout se passe facilement. Mais lorsque leur activité principale est la diffusion de l'Evangile, elles doivent apprendre à bien définir quelles sont leurs activités « sociales » et quelles sont leurs activités « religieuses ».

« Les évangéliques recrutent aux frais du gouvernement », pérorait le Blick en décembre dernier. Celui-ci dénonçait l'association évangélique Livenet (www.livenet.ch) qui avait publié une offre d'emploi pour un civiliste « membre d'une communauté chrétienne et non fumeur ». Au passage, le journal ne manquait pas l'occasion de qualifier Livenet d'organisation « ultra-conservatrice » et de rassemblement de « chrétiens bigots ».

A Lausanne, Frédéric In-Albon, responsable du centre régional de l'Organe d'exécution du Service civil (ZIVI) tempère : « Cet article montre que les questions religieuses sont sensibles. Mais le journal a choisi de se focaliser sur cette affaire et d'ignorer d'autres problèmes plus graves et plus difficiles que nous avons réglés à la même époque. »

Cette affaire rappelle que de nombreuses organisations chrétiennes, y compris évangéliques, emploient régulièrement des civilistes. Ainsi, l'organisation catholique Caritas Suisse propose près d'une trentaine de possibilités d'engagement dans des domaines tels que l'administration, la gestion, l'informatique, la manutention, l'encadrement social et celui des jeunes. 

Les civilistes apportent de nouvelles compétences

Avec plus d'une septantaine de possibilités d'engagement, l'Armée du salut est également très demandeuse de civilistes. Elle leur propose de servir comme conducteurs, vendeurs, animateurs ou soignants dans ses brocantes, ses centres d'accueil et ses EMS.

D'autres structures, telles que le Centre social protestant, emploient une dizaine de civilistes. Quant à l'association l’Escale, à Saint-Prex, elle engage un aide au transport qui travaille aussi comme aide-magasinier. Celui-ci cherche des meubles chez des clients, participe à l'organisation du dépôt et du magasin de seconde main, et accomplit des travaux d’entretien et d'administration.

La Ligue pour la lecture de la Bible (LLB) à Saint-Légier emploie des civilistes depuis une quinzaine d'années. « A l'époque, ces postes étaient liés à l'entretien des bâtiments, précise Michel Siegrist, son directeur. Aujourd'hui, leur champ d'activités s'est élargi. Nous employons des civilistes dans les domaines du bureau, de la préparation du matériel d'animation, de l'accompagnement de sorties ou de l'encadrement de jeunes et d'enfants. Nous accueillons un ou deux civilistes par année. »

Pour une organisation comme la LLB, les civilistes apportent de nouvelles compétences et une réelle force de travail. Les coûts de leur engagement dépassent les 1000 francs par mois. Généralement, les civilistes qui ont choisi la Ligue comme lieu d'engagement connaissent déjà l’œuvre et n'ont pas de peine à s'adapter.

Même des Eglises locales se lancent

Certaines Eglises locales se sont également lancées dans l'aventure avec un civiliste. C'est par exemple le cas du Centre chrétien du Bouchet (Eglise évangélique apostolique) à Genève et de l’Eglise évangélique libre (Freie Evangelische Gemeinde) de Langenthal, par le biais de son association sans but lucratif. Les civilistes engagés ont été affectés à des tâches telles que des visites aux personnes seules ou âgées, des visites dans les hôpitaux, de l'animation auprès des enfants, des jeunes et des personnes âgées, ou des travaux d'entraide et de bureau.

« Nous avons accueilli successivement deux civilistes en 2015, explique Christian Bussy, pasteur dans le Centre chrétien du Bouchet. Comme il est interdit de demander à ces personnes d'exercer des activités de promotion de la foi, nous leur avons donné des tâches dans le domaine social. C'est donc assez contraignant. Mais nous sommes ouverts à poursuivre cette expérience qui a été stimulante. » En fait, le problème des Eglises locales, c'est qu'elles n'ont généralement pas suffisamment de travaux purement sociaux et administratifs à proposer aux civilistes.

Claude-Alain Baehler

Légende photo : Pierre de Perrot, civiliste-magasinier à la boutique de seconde main L’Escale à Saint-Prex.

L'Organe d'exécution du service civil.

  • Encadré 1:

    Davantage d’Eglises ne devraient-elles pas tenter l'expérience ?

    « On a le sentiment ils sont en train resserrer la vis », confient certains responsables d’œuvres chrétiennes qui emploient des civilistes. Dès lors, le service civil dans des organisations chrétiennes est-il en danger ? De plus, est-il intéressant, pour des organisations chrétiennes, de se lancer dans l'aventure du service civil ?

    En fait, l'Organe d'exécution du service civil a, semble-t-il, éliminé certains flous dans l'interprétation de la loi, notamment la partie qui interdit aux civilistes de répandre ou approfondir des courants de pensée religieuse. Cela donne l'impression, sans doute fausse, d'une certaine fermeture.

    Pour des organisations chrétiennes aux nombreuses activités sociales – l'Armée du salut par exemple – l'emploi de civilistes ne pose pas de problèmes. Ceux-ci sont engagés dans des secteurs tournés vers le social. Par contre, pour des œuvres centrées sur l'évangélisation et l'enseignement de la Bible, les choses sont plus difficiles : il faut séparer assez finement entre activités sociales et activités religieuses… et voir si les activités sociales sont suffisamment nombreuses pour justifier l'engagement d'un civiliste.

    Le cas des Eglises qui accueillent des civilistes est édifiant. Celles-ci ne génèrent que difficilement les activités sociales qui permettraient d'occuper un civiliste à plein temps. Dès lors, ne faudrait-il pas qu'elles apprennent à se regrouper et à collaborer dans ce domaine ? (CAB)

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