Donner son sens au Jeûne fédéral 2023

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Philippe Corthay, avec le réseau de prière « Chrétiens pour la Suisse », encourage les chrétiens à se réapproprier ce jour de reconnaissance, de repentance et d’intercession.

Cette année, le Jeûne fédéral aura lieu le 17 septembre. A cette occasion, Philippe Corthay, membre du comité du réseau de prière « Chrétiens pour la Suisse », encourage les chrétiens à prier pour notre pays. Il explique : « Nous encourageons chaque chrétienne et chaque chrétien à mettre à part ce jour solennel et unique, dans le jeûne et l’écoute de Dieu. Nous leur proposons également de développer différentes manières de célébrer le Jeûne fédéral au sein de leur famille, de leur communauté chrétienne, de leur village ou de leur ville. Nous pensons que Dieu nous appelle à nous arrêter et à répondre à sa sainte convocation pour le louer, le remercier, confesser nos péchés, intercéder en faveur de la Suisse et de ses autorités. Il s’agit véritablement de nous réapproprier le Jeûne fédéral ».

Le réseau de prière « Chrétiens pour la Suisse » projette également d’organiser des marches de prière, en particulier dans les chefs-lieux de districts du canton de Vaud. Ces manifestations comprendront des temps d’écoute de Dieu, de reconnaissance, de confession et d’intercession en faveur de la Suisse et de ses autorités. « Il s’agira de proclamer la faveur, la providence et la protection de Dieu sur les différents domaines de la société civile, ainsi que sur leurs acteurs », relève Philippe Corthay.

Revenir à Dieu

Dans un document intitulé « Le Jeûne fédéral, un appel à la reconnaissance, la repentance et l’intercession », le réseau de prière fait part de ses préoccupations : « L’Occident se déchristianise à grande vitesse. Des changements sans précédents se sont opérés dans la société, changements qui impliquent notamment une dégradation de la famille, avec ses conséquences tragiques. […] L’individualisme et l’égocentrisme sont devenus pour beaucoup de nos contemporains un style de vie. Cette évolution touche naturellement la Suisse. Notre groupe est formé de chrétiens convaincus qu’il nous faut revenir à Dieu en tant que peuple.

Sur son site internet (www.jeune-federal.ch), le réseau de prière propose du matériel destiné à l’organisation des marches de prière et d’autres célébrations. Il contient en particulier un canevas simple, des sujets de prière, ainsi que des documents historiques et contemporains à propos du Jeûne fédéral.

 

Site internet du réseau CH-CH « Chrétiens pour la Suisse », matériel à télécharger : www.jeune-federal.ch

Le décret du 24 août 1831

Dès la fin du Moyen Age, des jours de jeûne et de pénitence ont été ordonnés par les autorités. Au XVIIe siècle, deux dates de jeûne sont fixées, l’une par les cantons catholiques, l’autre par les cantons protestants. Le 8 septembre 1796 a lieu un premier jeûne commun dans les cantons suisses. En août 1832, la Diète fédérale décrète que le Jeûne fédéral doit être célébré dans toute la Suisse, le troisième dimanche de septembre. En allemand, ce jour est appelé « Dank-, Buss- und Bettag », soit : « journée d’actions de grâces, de pénitence et de prière ».

Le décret bernois du 24 août 1831 montre que les justifications théologiques de ce jeûne tenaient parfois plus de l’Ancien Testament que de la grâce évangélique. Il montre également que les peurs et les défis de l’époque étaient assez proches des nôtres. Voici, ci-dessous, quelques extraits de ce décret.

Nous, le maire et le Conseil de la ville et de la République de Berne, présentons notre volonté bien intentionnée à tous nos chers et fidèles concitoyens en ville et à la campagne en leurs communiquant ce qui suit. Suivant la coutume pieuse de nos ancêtres, nous avons institué, avec tous les louables cantons de la Confédération, un jour commun d’action de grâce, de pénitence et de prière, pour le 8 du mois de septembre de cette année. […]

Cet appel à la pénitence nous atteint aujourd’hui d’autant plus fort et plus audible, qu’un grand nombre d’événements nous rappellent le caractère éphémère de notre vie sur terre et attirent nos pensées vers celui qui tient dans sa main le destin des hommes. [...] Le flambeau de la guerre mène ses activités destructives dans plus d’un pays et cause des blessures de toutes sortes à ceux qui en sont les victimes. La discorde s’empare des nations et cause leur perte, elle défait les liens les plus serrés que des générations entières ont noués pour des siècles. […] Il est vrai que jusqu’à présent notre patrie a été épargnée par une partie de ces maux, la guerre et les fléaux ne se sont pas encore abattus sur notre pays, et pour cela nous remercions Dieu avec sérieux[...].

Aux déficiences morales [...] telles l’indifférence envers la religion, l’exubérance, la luxure, la coquetterie et l’excitation, s’en sont ajoutées de nouvelles : la désobéissance envers les lois, la fréquentation immodérée des bistrots, les manquements aux devoirs professionnels et de plus en plus de détachement de la vie familiale. […] Nous tous, nous avons péché, dans toutes les couches de la population, à tous les âges, nous avons enfreint maintes fois les commandements de notre Père tout-puissant qu’il a donnés aux hommes pour leur bien, afin qu’ils gagnent la vie éternelle.

A cette belle vertu se lie l’amour du prochain. […] Nous vous adressons un appel urgent dans ce sens, suite au grand malheur inattendu qui a frappé certaines régions de notre patrie. Des pluies incessantes et la fonte des neiges, précipitée suite à des vents chauds, ont fait enfler les courants d’eau venant des montagnes et les ont transformés en terribles torrents, qui ont emporté les ponts et les chaussées, détruit les maisons, inondé les vallées et les ont recouvertes à divers endroits de sable et de pierres. Nous avons secouru les malheureux avec tout ce que les autorités pouvaient offrir mais cela ne suffit pas, la détresse est grande et la misère variée, votre sens chrétien, votre cœur affectueux feront leurs preuves également à cette occasion. [...]

Pour que cette fête du Jeûne fédéral se passe dans le calme, nous ordonnons que la veille, dès quinze heures, ainsi que ce jour de fête sainte, toutes les auberges et pintes restent fermées pour tout le monde, à l’exception des voyageurs étrangers.

Fait à Berne, le 24 août 1831.

Chancellerie de Berne