500 ans de la Réforme : trois clips sur les anabaptistes avec Michel Ummel dans le Jura bernois

500 ans de la Réforme : trois clips sur les anabaptistes avec Michel Ummel dans le Jura bernois
17 août 2016

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Le dossier du journal Vivre de juillet-août aborde les 500 ans de la Réforme protestante sous l’angle des anabaptistes. Ce regard décalé permet de découvrir les ancêtres des évangéliques. 3 clips tournés dans le Jura bernois avec Michel Ummel donnent un visage à cette troisième voie de la Réforme du XVIe siècle.

Dans l’édition de juillet-août du journal Vivre, l’équipe de lafree.ch propose, à l’occasion des 500 ans de la Réforme, un dossier autour des anabaptistes. A cette occasion, Gabrielle Desarzens, journaliste, et Pascal Crelier, vidéaste, ont réalisé trois clips sur les anabaptistes avec Michel Ummel, pasteur et membre du comité de la Société suisse d’histoire mennonite

Le premier de ces clips s’intitule : « L’histoire des anabaptistes » et permet à Michel Ummel d’expliquer dans la région du Jura bernois l’histoire des anabaptistes. Le deuxième clip offre une visite du Pont des anabaptistes au sud de Corgémont. Le troisième propose un regard original sur la communauté de destins entre les anabaptistes du XVIe siècle et les migrants d’aujourd’hui.

Trois clips à découvrir en complément du dossier proposé dans le Vivre de juillet-août.

Journaliste : Gabrielle Desarzens
Réalisation : Pascal Crelier

Les anabaptistes, ancêtres des Eglises évangéliques et persécutés pour leurs convictions

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Au XVIe siècle, en pleine Réforme protestante, des hommes et des femmes ont prôné à Zurich le baptême des adultes et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Ils l’ont payé de leur vie. Sur le chemin des anabaptistes du Jura bernois, Michel Ummel, membre du comité de la Société suisse d'histoire mennonite, évoque leurs convictions et cette « sensibilité aux persécutés d’aujourd’hui » qu’ils nous ont léguées.

Au-dessus de Corgémont, dans le Jura bernois, Michel Ummel est l’un des responsables de la communauté mennonite du Sonnenberg. Face au fameux Pont des anabaptistes qui enjambe une gorge, il fait découvrir, en pleine forêt, l’œuvre d’art de l’artiste Jean-Pierre Gerber : un long cylindre en bois avec sept meules circulaires que l’on peut tourner à la main et qui représentent chacune 100 ans de l’histoire des anabaptistes, du XVIe au XXIe siècle. La première mention notée tout en bas date de 1525, quand des baptêmes d’adultes se font sciemment, en janvier de cette année-là, en dépit des avertissements des autorités de la ville de Zurich. « Le fait de rebaptiser, c’est comme si on fondait une nouvelle Eglise, explique Michel Ummel. Les anabaptistes se sont mis à dos tant les catholiques que les réformés. »

Persécutions

Les convictions fortes de ces adeptes d’une réforme plus profonde de l’Eglise ont cristallisé une opposition qui s’est traduite par la persécution. Des figures de proue comme Felix Mantz, premier martyr noyé dans la Limmat en janvier 1527, puis Michaël Sattler, brûlé vif en mai de la même année en témoignent : « On a eu peur que ces ‘rebaptiseurs’ troublent l’ordre public. » Sous la menace des autorités politiques tant zurichoises que bernoises, certains se sont alors réfugiés dans le Jura bernois. « La région a été une terre d’accueil pour ces persécutés. Mais seulement ici, à plus de 1000 mètres, au pied du Chasseral, côté nord, au bord d’une gorge : l’endroit est des plus hostiles, mais c’est là qu’ils étaient tolérés. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque : ils étaient d’une part germanophones ; puis ils sont arrivés massivement, quitte à provoquer une crise de subsistance. On les a donc enjoints de monter sur la montagne et d’essayer d’y planter quelque chose. De fait, ils ont travaillé ces terres, ont enlevé les pierres des champs, y ont fait des miracles. Jusqu’à avoir de meilleurs résultats qu’en bas ! »

Réconciliation

Michel Ummel tourne les meules de la sculpture et pointe l’année 2004, quand il y a eu réconciliation : « Les autorités de la ville de Zurich se sont excusées, commente-t-il. Les cloches de la vieille ville ont sonné pour la première fois en l’honneur des anabaptistes. » La commune a pris l’initiative de déposer une plaque commémorative sur les bords de la Limmat, là où de nombreux anabaptistes ont été noyés.

Ce qu’il reste aujourd’hui de l’ADN de ces ancêtres des Eglises évangéliques ? « La dimension communautaire, l’idée du groupe, indéniablement, estime Michel Ummel. Et une belle ouverture à l’autre qui provient des persécutions. Notre passé doit nous faire réfléchir et penser actuellement aux nombreux réfugiés qui ne peuvent mener l’existence qu’ils auraient voulue. Avec notre bagage historique, on a une sensibilité aux personnes déplacées qu’il s’agit de mobiliser. »

Gabrielle Desarzens

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Quid des femmes ?

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Les réformateurs posent les bases d’une égalité entre hommes et femmes. Si cela semble ouvrir la voie à une émancipation féminine, il n’y a guère eu de changement sur le terrain. Certaines figures se sont pourtant affirmées, comme Marie Dentière qui a revendiqué le droit de prêcher.

Ce que les femmes ont apporté à la Réforme ? « Du témoignage, du soutien, énumère Daniela Solfaroli, chargée de cours à l’Institut d’histoire de la Réformation à Genève.
Elles ont pu se former intellectuellement et prendre la parole comme Marie Dentière qui, en 1535, juste après le passage de Genève à la Réforme, prêche dans le couvent genevois des Clarisses pour convaincre les soeurs de sortir du cloître. « Elle débute en fait une prédication de type ‘femme à femmes’, puis essaie de construire un réseau de conversions féminines », explique-t-elle.

Censure

Dans le parc des Bastions, le monument international de la Réformation, achevé en 1917, présente quatre hommes austères : Guillaume Farel (1489-1565), l'un des instigateurs de la Réforme à Genève, Jean Calvin (1509-1564), le personnage central du mouvement, Théodore de Bèze (1513-1605), recteur de l'Académie de Genève, et John Knox (1513-1572), fondateur de l’Eglise presbytérienne (réformée) en Ecosse.
En 2002, le nom de Marie Dentière a été ajouté à ce mur des réformateurs… Mais des arbustes ont poussé et cachent aujourd’hui l’inscription ! « Il faut un guide », déclare Daniela Sofaroli en riant et en écartant les branches. Et d’ajouter que Marie Dentière a pris la plume ; dans un pamphlet intitulé « Epistre très utile » qu’elle fait imprimer en 1539 et qu’elle dédie à la reine Marguerite de Navarre, elle défend notamment
le droit des femmes non seulement à lire les Ecritures, mais à témoigner de leur foi. Mais son pamphlet sera le premier à être victime de la censure réformée à Genève !

Emancipation féminine ?

Depuis l’Allemagne, Martin Luther a pourtant promu l’accès des femmes aux Ecritures et donc à l’éducation. « Pour la première fois, on proclame l’égalité en droits de l’homme et de la femme. Pris séparément, on les considère incomplets, explique à Genève le pasteur réformé Vincent Schmid. Cela se traduit par des règlements étonnants pour l’époque : une femme peut se marier sans le consentement de ses parents ;
le droit au divorce fait son apparition ; et puis il y a l’affirmation que le but du couple n’est pas la procréation d’abord, mais l’accomplissement réciproque et que cela transite par la sexualité. »

Ces ferments d’émancipation féminine ne se concrétisent toutefois pas sur le terrain. « Il y a eu un hiatus entre la théorie et la pratique », confirme Vincent Schmid. L’idéal chrétien féminin de la religieuse est remplacé par celui de la mère de famille obéissante, serviable et sobre. Et il faudra attendre le XXe siècle pour que la femme puisse prêcher dans l'Eglise en tant que pasteure. En bref : « Les réformateurs sont restés
très influencés par les traditions patriarcales de la Bible qu’ils compulsaient tous les jours et ils ne s’en sont pas tellement dégagés. »

G.D.

Dans la série « La Réforme vue de Suisse » diffusée dans A vue d’esprit sur RTS Espace 2, écouter « Les femmes et la Réforme » : http://goo.gl/5pPW2W.

Deux autres femmes

Catherine Schutz, épouse de Matthieu Zell, premier pasteur de Strasbourg, a été appelée par certains la Mère des réformateurs. « Parce qu’elle a protégé les réfugiés, ouvert sa maison et soutenu effectivement des figures marginalisées en difficulté », explique Daniela Solfaroli.

Quant à Catherine de Bora, épouse de Martin Luther, elle n’a pas été cantonnée à la sphère domestique. Lorsqu’il est absent de Wittenberg, son mari n’hésite pas dans ses lettres à lui faire part de questions théologiques. Il la charge de veiller sur l’impression de ses ouvrages, et attache du prix à ses conseils.

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Les trois clips sur les anabaptistes

Voici les trois clips réalisés par Gabrielle Desarzens et Pascal Crelier sur les anabaptistes :

« L’histoire des anabaptistes » avec Michel Ummel (durée : 7’22)

« Le Pont des anabaptistes » avec Michel Ummel (durée : 4’49).

« Les anabaptistes persécutés pour leurs convictions » avec Michel Ummel (durée : 3’48)

Si vous souhaitez faire une excursion de deux jours sur le Chemin des anabaptistes, Suisse rando vous propose un parcours.

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