« Médias en mission » à Oron: on s’était certainement mal compris…

7 septembre 2010

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Les 4 et 5 septembre, les conférences « Eglises en mission » ont rassemblé une mini-multitude à Oron. Sous le thème « Médias en mission », des professionnels chrétiens des médias et d’autres personnes ont montré comment la radio, la télévision, les journaux et internet sont devenus des outils indispensables et omniprésents de la vie de nos Eglises et de nos missions.

Désormais, toutes les composantes de l’Eglise sont accompagnées de la présences des médias. Les chrétiens utilisent les moyens de communication modernes pour soutenir la mission, pour évangéliser et témoigner, pour créer et soutenir des Eglises, pour enseigner, encourager et même soigner les chrétiens, pour alimenter les débats et faire circuler les opinions, pour présenter le christianisme et les Eglises dans nos sociétés… et même pour permettre à certains d’aller à l’église sans sortir de chez eux ! Alors que les médias « historiques » – la radio, la page imprimée et la télévision – continuent de rendre d’immenses services, un nouveau monde de possibilités a vu le jour avec internet.
C’est pourquoi les conférences « Eglises en mission », qui ont eu lieu les 4 et 5 septembre dernier dans les locaux de l’Eglise évangélique d’Oron (FREE), ont été consacrées aux médias. Elles ont permis aux participants de mieux comprendre les enjeux liés au développement de ceux-ci. Elles ont aussi esquissé des pistes quant à leur utilisation présente et future.

Des témoignages passionnants
Plusieurs professionnels des médias ont fait le déplacement d’Oron afin d’expliquer leur travail ainsi que les conditions, parfois difficiles, dans lesquelles ils l’exercent. Par exemple, Juliana Sfeir, productrice à la télévision SAT7 à Beyrouth (www.sat7.org), participe à la réalisation d’émissions aux valeurs chrétiennes. Ses émissions sont diffusées au Moye-Orient, en Egypte et dans le Maghreb. L’impact de son message est fort, à tel point qu’un groupe proche des Frères musulmans a lancé une fatwa ordonnant de la tuer. Juliana avoue qu’elle a peur de retourner en Egypte… mais que sa foi lui permet de surmonter sa peur.
Dan Maftei est venu de Roumanie présenter son travail à « Radio Armonia » (www.radioarmonia.ro) qui émet à la fois sur les ondes et sur internet. Cet homme, partiellement soutenu par les Eglises de la FREE, produit des émissions destinées à différents publics, mais, sur internet, plus spécialement pour les jeunes. « En Roumanie, les Eglises et les parents ne s’intéressent pas à internet, se désole-t-il. Ils sont donc incapables d’aider leur enfants à développer une saine utilisation du réseau mondial. » Il estime son audience mensuelle sur internet à 6000 ou 7000 auditeurs.
En Suisse, Yan travaille pour Trans World Radio (www.twr.org). Il produit des émissions en langues arabe, berbère et kabyle, destinées à l’Afrique du Nord. Il précise: « En Kabylie, nous savons qu’une soixantaine d’Eglises isolées ont besoin d’enseignement. Par la radio, nous leur envoyons des prédications et des études bibliques. Dans les autres régions du Maghreb, nous diffusons plutôt des messages d’évangélisation. » Ces émissions suscitent des réactions de la part de chrétiens ou de personnes intéressées par la foi. Ces réactions parviennent à Trans World Radio grâce à internet ou à Skype.
Valaisan d’origine, Parisien d’adoption, Emmanuel Ziehli fait partie de l’équipe du « TopChrétien » (topchretien.com). Ce site internet est bien connu des chrétiens grâce à sa rubrique « La pensée du jour » qui reçoit 700’000 visites par mois. Mais le site propose bien plus que des informations et des messages. On y trouve également la première cyber-Eglise francophone (moneglise.net): une véritable communauté chrétienne dans laquelle il est possible de participer virtuellement et activement à des célébrations.
Le TopChrétien développe aussi une section ConnaitreDieu.com qui présente l’Evangile en 17 langues. L’efficacité de ce ministère se mesure aux attaques électroniques dont le site est régulièrement victime et aux tentatives, entre autres, du gouvernement iranien de bloquer l’accès aux pages en langue pharsi. Depuis peu, le gouvernement marocain tente également de bloquer l’accès au site. « Nous jouons un peu au chat et à la souris, commente Emmanuel Ziehli. Lorsqu’un gouvernement fait bloquer une adresse internet, nous changeons celle-ci et demandons à d’autres médias – des radios et télévisions chrétiennes – de diffuser la nouvelle adresse auprès de la population concernée. »

Les médias évangéliques romands trop dispersés
En Suisse romande, les médias évangéliques travaillent encore en ordre dispersé, même si des collaborations voient timidement le jour. Ainsi, des émissions radiophoniques produites par Radio-Réveil (www.paroles.ch) sont reprises par le site de la FREE (www.lafree.ch) ou publiées par écrit dans « Le Christianisme aujourd’hui ». Mais ces synergies sont encore rares et, par exemple, les producteurs d’émissions que sont DieuTV (www.dieutv.com) à Yverdon et Canal Alpha (www.canalalpha.ch) à Cortaillod peinent à collaborer.
Cependant, le vrai problème relevé par la majorité des médias évangéliques se trouve au niveau des Eglises. « Le principal obstacle dans l’exercice de notre ministère, c’est l’indifférence des Eglises à l’égard des producteurs », tempête Johannes Hierl, le directeur de DieuTV.
Christian Willi, le directeur du groupe Alliance Presse, abonde dans ce sens en précisant que les Eglises ont parfois de mauvaises attentes par rapport aux médias. Ainsi, lorsque le journal de témoignage chrétien « Un Quart d’heure pour Jésus » a modifié son titre afin de devenir « Un Quart d’heure pour l’essentiel », il a été mieux reçu et lu par les non-chrétiens… auxquels il était destiné. Mais il a perdu le soutien financier de chrétiens qui désapprouvaient le changement de titre.
A ce propos, le sociologue des médias Philippe Gonzalez de l’Université de Lausanne a averti : « Les chrétiens évangéliques doivent apprendre à participer à des débats de société, notamment sur la blogosphère, sans chercher à avoir le dernier mot. Ils doivent prendre en compte le fait que, en dehors de leur milieu, leurs convictions sont considérées comme de simples opinions. »

Un désintérêt qui questionne
L’évocation de ces difficultés de collaboration entre les Eglises et les médias permet peut-être d’expliquer pourquoi les conférences Eglises en mission de cette année n’ont déplacé qu’un auditoire confidentiel. Seules 80 personnes étaient présentes lors du repas de samedi à midi ! Et même si ce chiffre à quelque peu augmenté durant l’après-midi, l’affluence a été très en dessous de celle des années précédentes.
Si la question des médias laisse indifférents les membres de nos Eglises, ne vivons-nous pas une situation paradoxale ? Les médias ne sont-ils pas omniprésents dans nos vies, dans celles de nos communautés et dans toute l’œuvre de Dieu ? Serait-il possible que nous ne soyons pas attentifs à l’énorme enjeu qu’ils représentent ?

Claude-Alain Baehler
, rédacteur responsable de « Vivre »

Prendre connaissance des documents mis à disposition pour « Médias en mission ».

Des ateliers pour tous les goûts
Durant l'après-midi du samedi, douze ateliers ont donné aux participants l'occasion de s'informer et de se former de manière interactive. Parmi ceux-ci, une présentation du travail des journalistes actifs à la Radio et à la Télévision suisse romande dans le cadre des émissions religieuses, a permis de mieux comprendre l'évolution de la présence chrétienne dans les médias généralistes. Bernard Litzler et de Jean-Christophe Emery, responsables aux émissions religieuses, ont permis de mieux comprendre leur travail journalistique qui s’enracine dans la foi chrétienne et qui est chargé de couvrir toute l’actualité religieuse.