Du lundi au vendredi de cette semaine, les cloches de la cathédrale Saint-Georges du Cap, dont il avait la charge, sonnent pendant 10 minutes à midi. Elles invitent les Sud-Africains à s’arrêter et à se recueillir en mémoire de cette figure morale de la lutte contre l’apartheid, mais aussi contre toutes inégalités. L’hommage est de type sons et lumières : la mairie chaque soir est illuminée de violet, la couleur de la robe du prélat de l’Eglise anglicane. Même la montagne de la Table, surplombant la ville du Cap se pare de cette même teinte dès la nuit tombée.
Un homme d’Eglise
Desmond Tutu était avant tout un homme d’Eglise avec une posture morale très forte, pour qui Dieu est du côté des opprimés. Il menait des manifestations « dans sa robe cléricale flottante avec sa croix comme bouclier », selon Graça Machel, la veuve de Nelson Mandela, rappelant ainsi ses engagements politiques. Mercredi, une cérémonie œcuménique doit intervenir dans la capitale de Pretoria. Jeudi, une cérémonie intime est prévue autour de sa veuve et vendredi, un hommage populaire pourra lui être rendu alors que son corps sera exposé à la cathédrale Saint-Georges. Enfin samedi, il y aura une messe funéraire. Mais on ne sait pas encore si des personnalités comme Barak Obama ou le Dalaï Lama, pour qui Desmond Tutu a été une figure de référence, pourront faire le voyage.
Théologie Ubuntu
On dit l’archevêque auteur d’une théologie Ubuntu de la réconciliation. Ce mot Ubuntu est issu des langues bantoues du sud de l’Afrique et désigne des concepts d’humanité et de fraternité. Il a été utilisé pour dépeindre un idéal de société opposé à la ségrégation durant l’apartheid, puis pour promouvoir la réconciliation nationale. Dix ans après avoir reçu le prix Nobel de la Paix en 1984, Desmond Tutu avait d’ailleurs été nommé à la tête de la Commission vérité et réconciliation chargée de faire entendre les violations des droits de l’homme commises entre 1960 et 1993 en Afrique du Sud. Pour lui, « quelqu’un d’Ubuntu est ouvert et disponible pour les autres », car il a conscience « d’appartenir à quelque chose de plus grand ».
Les hommages continuent de fuser partout dans le monde. « Dans les yeux de Desmond Tutu, nous avons vu l'amour de Jésus. Dans son rire, nous avons entendu la joie de Jésus », a notamment déclaré le chef spirituel des anglicans Justin Welby.
Gabrielle Desarzens
Une chronique à écouter ici