C'est parti pour un concert d'anthologie ! Nina Hagen, en Suisse, là, devant nous, celle qui pour beaucoup est « la mère du punk », voire une « marraine » stylée underground! Celle qui louait le « hashisch, le plus fin Cashmire, la véritable herbe turque... mon cannabis chéri hollandais, Bob Marley sur Vénus » dans son « African Reggae » de 1979, son premier véritable succès de masse (1), souffle aujourd'hui à 62 ans un « Süßes, süßes Lied der Errettung », reprise du « Sweet, Sweet Song Of Salvation » du pionnier du rock chrétien Larry Norman.
Toujours un look de ouf !
Nina, c'est une métamorphose intérieure enrobée d'un même look de ouf ! Baptisée en 2009, celle qui a écrit « Confessions » chante toujours !
« Punk is not dead and Jesus is risen ! »... c'est avec ce slogan en rose fluo sur mon hoody noir (pull à capuche) que je me bouge à son concert. Le punk n'est pas mort et Jésus est ressuscité ! Ce slogan dans mon dos, j'imagine que je ne suis pas le seul à l'avoir ici, au Kammgarn de Schaffhouse, gravé dans le coeur, et même sur les lèvres en essayant d'accompagner cette grande dame à la voix si puissante.
Faut dire que Nina, elle arrache et bouscule tout sur son passage, avec cette contestation punk à l'esprit revendicatif contre tout ce qui tue la liberté. Au fil des chants, après un démarrage en douceur, mon épouse se sent rassurée que Nina ne se soit pas « coincée » dans un rock un peu aseptisé... Au fond, c'est encore du punk bien trempé ! Le punk ressort beaucoup plus fort dans ses chants en allemand (2) que dans son répertoire anglais, avec entre autres les « Ich bin », « Wir sind das Volk », et « Soma Koma ». Un punk bien trempé, en voilà justement un, crête, piercing, tatouage et bière à la main, qui m'accoste bruyamment à la vue de mon hoody : « Hey, you are a Jesus Freak ? » Ma réponse fuse avec un « Yeah » à l'accent jurassien !
Un Jesus Freak, c'est somme toute un fan de Jésus vivant un peu la contre-culture, c'est-à-dire restant en contestation culturelle face à ce qui « foire » joyeusement autour de nous ; à ça je peux dire « Amen » à fond ! « Dans le monde mais pas du monde », nous dit la Bible, même si le style peut s'adapter dans l'idée du « tout à tous » paulinien! Mon nouvel ami punk, Silas, me dit que lui aussi il aime Jésus. Il nous propose à ma femme et à moi d'aller avec sa bande dans un bar après le concert, et un de ses amis nous dit nous loger volontiers au besoin. La classe, la culture alternative et les valeurs du Royaume de Dieu ensemble, j'aime beaucoup !
Toujours contre le fascisme et contre la guerre !
Et Nina Hagen sur scène qui chante, crie, se marre, joue la poète en rendant hommage à Berthold Brecht ! Elle n'est peut-être pas éloignée de Silas. Les deux sont immunisés contre le complexe de la salière... vous savez, ce truc qui coince et empêche de sortir ! Quel concert ! Elle prend position contre le fascisme, s'époumone contre la guerre, et dialogue avec son public. Une grande dame qui semble libre, libre d'avoir gardé son look d'égérie du punk, libre de sortir de ce qui était son style pour rendre hommage à Larry Norman, pour tâter du Gospel, libre de chanter du Dylan (3) et de déranger un peu les « religieux » avec une reprise du fameux « Riders on the Storm » des Doors (4), qui parle aussi d'éternité. Merci Nina, merci Jésus.
Sébastien Perret-Gentil, pasteur FREE à Saignelégier