L’eau au centre d’une campagne de StopPauvreté

mercredi 23 juin 2010
StopPauvreté.2015 se mobilise autour de la question de l’eau. Dans la lutte contre la pauvreté, l’accès à l’eau potable a longtemps été un paramètre négligé. Jean-Daniel André, le coordinateur romand de cette campagne, explique pourquoi et propose quelques pistes pour mobiliser des énergies autour de cette question centrale.
Les chiffres sont là. Dérangeants, choquants, inquiétants ! 900 millions de personnes n’ont pas d’accès à l’eau potable, 2,5 milliards à des installations sanitaires. 5000 enfants de moins de 5 ans meurent tous les jours plus ou moins directement de conditions d’hygiène précaires, liées à un manque d’accès à l’eau potable.
Ce qui chez nous est devenu en une centaine d’années situation normale, « coulant de source », est synonyme de maladie et de pauvreté pour un tiers de la planète. L’eau est un des thèmes clés des Objectifs du Millénaire pour le développement, visant à éradiquer de moitié la pauvreté sur la planète d’ici 2015. Devant l’ampleur du travail restant à effectuer dans le domaine de l’eau, l’ONU et diverses organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme. StopPauvreté emboîte le pas et organise une campagne sur ce thème. Rencontre avec Jean-Daniel André, coordinateur romand.

Avec StopPauvreté, vous vous lancez dans une campagne sur le thème de l’eau. Pourquoi ?

Chaque pays qui participe au mouvement StopPauvreté/Défi Michée doit choisir des objectifs qu’elle met en avant. Nous avons décidé de faire de l’eau une priorité. Cette lutte ne passe pas seulement par l’eau potable, mais aussi par l’hygiène de base et la construction d’installations sanitaires. Si nous voulons lutter contre les maladies infectieuses, il faut d’abord supprimer les sources de contamination, comme les matières fécales en surface. Supprimer les sources de contamination, éduquer les gens et améliorer l’accès à l’eau potable, c’est un tabouret à trois pieds… Si nous ôtons un domaine, la lutte devient moins efficace.
Personnellement sur le terrain, j’ai vu l’importance de l’eau. Pendant des années, j’ai contribué à un réseau de santé en transportant en avion des médecins autour d’un hôpital. D’un côté, c’était super, mais d’un autre les gens continuaient à boire de l’eau sale et à en mourir aux alentours. La logique veut que l’on commence par l’apport nutritionnel et par l’eau potable. A mon avis, c’est vraiment la base.

Que faites-vous concrètement dans le cadre de StopPauvreté ?
Nous avons déposé en novembre dernier une pétition de plus de 4000 signatures, qui demande au Conseil fédéral de s’investir en faveur des populations dépourvues d’un accès à l’eau potable. Fin avril, la Suisse a participé à une conférence dans le cadre de l’ONU. C’est en partie grâce à nous ! Nous serons aussi présents au Jour du Christ pour intéresser à ce thème et pour stimuler les jeunes à choisir des professions liées à l’eau potable. En d’autres termes, pour montrer que les ingénieurs peuvent aussi avoir un rôle à jouer en matière de développement et qu’il n’y a pas que les médecins et les instituteurs qui sont concernés.

Dans les milieux évangéliques, il y a un engagement fort dans l’aide médicale ou l’éducation. Pourquoi si peu dans le domaine de l’eau ?

Traditionnellement, les Eglises ont été impliquées dans l’alphabétisation et dans les soins. L’eau a toujours été considérée comme une responsabilité de l’Etat.

Comment réagissez-vous quand vous voyez les statistiques de la mortalité liée à l’eau ?

C’est dramatique. Environ 7 millions de personnes dont 4 millions d’enfants meurent chaque année. C’est un Paris-Dakar de cadavres alignés les uns à côté des autres ! Quand j’en parle, je sens la colère monter en moi. Nous sommes devant 7 millions de morts chaque année et nous nous en fichons ! C’est une question de priorité dans la gestion publique des fonds qui devient insoutenable. C’est comme si je roulais dans une Mercedes et que j’écrasais la main de quelqu’un qui fait l’aumône. Insupportable !
Mais les choses changent ! Un ancien directeur de Medair, Adriaan Mol, a créé une entreprise à but social, qui vend notamment la pompe Canzee qui sera présentée au Jour du Christ. Aujourd’hui on peut créer des entreprises dont le but n’est pas d’accumuler de l’argent, mais de créer une valeur ajoutée au profit des plus pauvres. Cette dynamique est vraiment intéressante.
Propos recueillis par Maxence Carrel

Un article paru dans Vivre de mai 2010: "Deux jeunes couples à Madagascar pour assainir l’eau".


Plus d'infos sur la campagne StopPauvreté.2015.
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