Le Réseau des scientifiques évangéliques invite à un engagement écologique

vendredi 12 mai 2017 icon-comments 2

Samedi 6 mai, le Réseau des scientifiques évangéliques de Suisse romande a rassemblé une quarantaine de personnes pour une journée autour du thème : « Ecologie et développement durable ». Silvain Dupertuis y a participé. Il nous livre son compte rendu.

La 7e édition de la journée du Réseau des scientifiques évangéliques de Suisse romande a abordé samedi 6 mai la question du changement climatique. Quatre orateurs nous ont interpellés avec des conférences de grande qualité. L’alerte est donnée sur l’urgence et l’ampleur de la tâche. Avec le regard croisé des sciences, de l’histoire, de la philosophie et de la théologie, les intervenants s’accordent sur notre responsabilité particulière de chrétiens. Avec une vision du monde qui s’enracine dans trois thèmes bibliques majeurs :

-       La mission confiée à l’homme dans la Genèse (« cultiver et garder le jardin »).
-       L’espérance chrétienne, avec l’image de la cité nouvelle en Apocalypse 21, qui récapitule positivement le fruit de l’activité humaine.
-       L’exigence de justice, thème majeur qui traverse la Bible tout entière, qui nous invite à nous engager résolument dans ce combat, au-delà des frontières nationales et de nos raisonnements à court terme.

Plus de doute, notre responsabilité est engagée. C’est même à une « conversion » que nous sommes appelés.

Les changements environnementaux globaux

Nicolas Ray, membre de l’Eglise évangélique La Fraternelle à Nyon (FREE), docteur en biologie et chef d’équipe au Programme des Nations Unies pour l’environnement, ouvre les feux. Dans une présentation claire et magistrale, il dresse l’état des lieux du changement climatique. Scientifiquement, le réchauffement ne fait plus de doute, ni son origine essentiellement humaine. On commence à mesurer les effets de ce changement extrêmement rapide à l’échelle géologique, et qui survient après 10’000 ans de stabilité. Nous sommes devant un choix majeur. Soit nous prenons dès maintenant les mesures d’atténuation indispensables. Soit nous (nos enfants ou nos petits-enfants, selon notre âge…) supporterons plus tard un coût bien plus élevé.

Justice climatique et développement durable dans un monde déchu

Le Dr Dominic Roser, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut d’éthique et des droits de l’homme de l’Université de Fribourg, développe les enjeux éthiques de ce problème global.

La révolution industrielle nous a permis de sortir de la pauvreté. Au XIXe siècle, la Suisse était très pauvre, les ouvriers et les enfants travaillaient 13 heures par jour dans les usines, et l’espérance de vie ne dépassait pas 40 ans. D’un côté, la prospérité actuelle de la Suisse est une concrétisation de l’espérance biblique. De l’autre, cette bénédiction est entachée d’injustices et d’effets pervers : les aliénations qu’ont constitué l’esclavage, le colonialisme, l’exploitation des ressources, et le changement climatique – actuel mais prévu depuis longtemps.

Nous sommes face à une injustice majeure : les bienfaits de la technologie, surtout au Nord, et ses méfaits, surtout au Sud. Il est urgent de changer en vue d’une « décarbonation » radicale et globale – tout en permettant aux pays du Sud de sortir de la pauvreté. Il s’agit d’innover de manière radicale, d’accepter que les pays du Nord compensent leur production de gaz carbonique du temps passé, et d’entrer dans une perspective à long terme, qui dépasse l’intérêt national.

Des enseignements de l’histoire à une réponse chrétienne au changement climatique

Jean-François Mouhot, historien, est directeur dans le sud de la France du Centre des Courmettes géré par l’association écologique évangélique A Rocha. Il tire des leçons de l’esclavage et de son abolition, dans laquelle les chrétiens ont joué – en tout cas en Angleterre – un rôle clé. C’est par une option graduelle que William Wilberforce est parvenu en 1833 à imposer l’abolition dans tout l’Empire britannique.

Sauvegarder la maison commune, une exigence de la foi chrétienne

Le théologien et philosophe Fabien Revol, enseignant à l’Université catholique de Lyon, développe son propos, notamment à partir de l’encyclique magistrale du pape François, Laudate Si, publiée en mai 2015. En réponse à la thèse de Lynn Townsend White (1967), qui accuse le christianisme d’être co-responsable de la crise écologique, il montre que la foi chrétienne est source d’une espérance qui motive l’engagement pour une écologie intégrale. Pour lui, l’harmonie avec la création fait partie intégrante de la réconciliation en Jésus-Christ.

Silvain Dupertuis

2 réactions

  • Bertrand Bender vendredi, 19 mai 2017 14:56

    Cher Monsieur Dupertuis

    Je souhaite simplement préciser que A Rocha n'est PAS une organisation internationale évangélique et n'est pas affiliée à quelques mouvement ou dénomination quel qu'elle soit. Bien que plusieurs membres soit de sensibilité "évangélique", l'organisation compte aussi d'autres membres de confession chrétiennes qui ne sont pas issus du monde évangélique.
    Beaucoup de personnes impliquées viennent aussi des églises anglicanes, protestantes et catholiques. Il est donc faux de mentionner que A Rocha est une association écologique évangélique.

    Avec mes meilleures salutations,
    Bertrand Bender

  • Silvain Dupertuis mercredi, 24 mai 2017 14:58

    Cher Monsieur,
    Je suis désolé pour ce malentendu avec le terme «évangélique». Il aurait fallu dire simplement, si je vous ai bien compris, association internationale « chrétienne... ».
    Je corrige en conséquence la mention dans un compte-rendu plus long que j’avais préparé sur la conférence du RSER, et que j’ai posté à http://perso.silvain-dupertuis.org/Textes/RSER_changement-climatique.html.
    Sachez en tout cas que dans mon esprit, le terme ne suggérait pas une affiliation, mais plutôt une « sensibilité », celle des personnes à travers lesquelles j’ai connu votre organisation. Moi qui suis très engagé dans l’œcuménisme à différents niveaux, je me réjouis donc de savoir qu’A Rocha soit ainsi ouverte à la diversité confessionnelle.
    Le Réseau des scientifiques évangéliques de Suisse romande, organisateur de la conférence en question, fait preuve de la même ouverture, en tout cas dans le panel des orateurs invités. Il a certes des liens avec les GBU, qui sont bien un mouvement évangélique, mais il n’a par exemple pas souhaité une affiliation institutionnelle comme celle du Réseau évangélique (la branche suisse de l’Alliance évangélique), pour rester libre dans sa réflexion.
    Avec mes meilleures salutations
    Silvain Dupertuis

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