Décès de Frère André : « Il a fait connaître l’Eglise de l’ombre »

mercredi 28 septembre 2022

Le mot de « prophète » revient en boucle dans la bouche de ceux qui l’ont côtoyé. Frère André, le « contrebandier de Dieu », est décédé mardi 27 septembre aux Pays-Bas à l’âge de 94 ans. Hommage à un homme « qui avait toujours une longueur d’avance » et qui a fait preuve de courage et de grand discernement en faveur des chrétiens persécutés.

Il s’appelait Anne (André) Van der Bijl, indique mercredi 28 septembre l’ONG Portes Ouvertes (PO) qu’il a créée il y a plus de 65 ans. « Il a su communiquer à beaucoup la mission d’œuvrer en faveur des chrétiens persécutés d’abord derrière ce qu’on appelait le rideau de fer, indique Pierre Tschanz, qui a dirigé l’ONG en Suisse de 1982 à 2009. Il n’était pas un grand organisateur, ni un manager, mais un prophète. Il savait lire entre les lignes, voyait où il fallait aller et quand. Et faisait ce que personne ne faisait. »

Homme de discernement

« C’était un homme de grand discernement, lui fait écho Raymond Favez dans les locaux même de l’ONG. Il était prophète. » Et les deux hommes de relater spontanément cette visite originale que Frère André a faite en décembre 1992 à 415 Palestiniens du Hamas, déportés dans un no man’s land entre Israël et le Liban. « Il leur a apporté des photos de leur famille et des Bibles. C’était tout lui », se souvient Pierre Tschanz. » Et il a sans doute été le seul homme de foi à se rendre auprès d’eux », souligne Raymond Favez, actif depuis 31 ans à PO, qui se rappelle aussi des méditations de cet homme de Dieu « qui te défiaient à chaque fois ».

Evangéliste

C’est en 1955 pendant ses vacances que celui qui est devenu « Frère André » rejoint un groupe de jeunes communistes en Pologne. Il y rencontre des chrétiens et là, c’est le déclic : il sent qu’il lui faut amener des Bibles clandestinement aux chrétiens oubliés des pays de l’Est. « En 1968, quand les Russes ont envahi la Tchécoslovaquie, il est parti à Prague pour distribuer l’Evangile aux soldats russes, commente Pierre Tschanz. C’était un homme qui aimait les chrétiens, mais pas seulement. Il aimait aussi celui qui n’avait jamais entendu parler du message de la Bible. C’était un vrai évangéliste qui avait à cœur la réconciliation des personnes ».

Positif

Il n’est ainsi jamais parti en croisade contre le communisme ou contre l’islam. « Il ne se positionnait jamais « contre » une idéologie, il était foncièrement positif, précise l’ancien directeur de PO. Il était ainsi « pour » le Seigneur, et en faveur des gens. C’était un homme de la Bible, un serviteur de Dieu qui ne se laissait récupérer par personne. Il se montrait volontiers enthousiaste et avait toujours une pensée originale. »

Contrebandier

On estime que Frère André a visité 125 pays et parcouru près d’un million 700 mille kilomètres durant ses voyages pour acheminer des Bibles, prêcher l’Evangile et rencontrer des nécessiteux. En 1967, il écrit une autobiographie, « Le contrebandier », vendue à plus de 10 millions d’exemplaires et traduite en 35 langues. « Par ce livre, il a eu une audience mondiale et a fait connaître l’Eglise de l’ombre », mentionne Pierre Tschanz.

Aujourd’hui, Portes Ouvertes travaille dans plus de 70 pays et compte 1400 collaborateurs.

Gabrielle Desarzens

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