« Au cœur de l’adoration » par Sylvain Freymond

lundi 15 juillet 2013

Trop souvent, la louange que nous pratiquons dans nos Eglises est centrée sur nous-mêmes, et non sur Dieu. Sylvain Freymond, collaborateur au Département musique de Jeunesse en mission à Yverdon-les-Bains, montre comment il nous faut nous remettre en question à ce sujet. Ce texte est extrait, en exclusivité, d'un chapitre de son nouveau livre à paraître : Revenir au cœur de l'adoration.

L'adoration, ce n'est pas une performance, ni une présentation musicale, ni un exploit artistique, mais juste la réalité de notre relation avec Dieu. C'est avant tout une rencontre avec lui, dans un véritable face-à-face : la réponse d'un enfant à l'amour de son Père, la reconnaissance d'un cœur pour sa grâce et sa miséricorde envers nous. L'adoration peut se vivre avec ou sans musique, au travers d'un chant, d'une prière ou par une réponse, un service, un acte d'obéissance, un acte d'amour. Il est primordial de comprendre cette dimension et de ne pas limiter l'adoration aux moments de chant et de prière, lors de nos cultes ou de nos réunions. Ces moments-là ont de la valeur ; mais l'adoration, c'est tellement plus que cela !
La chose qui m'attriste le plus dans l'évolution actuelle de la louange, c'est que nous avons transformé l'adoration en un moment d'animation ou de concert. C'est devenu un alibi pour se retrouver, faire la fête ou s'éclater. Mais nous en avons oublié l'essence même. La louange est pour Dieu et pour personne d'autre. Il existe tant de fausses motivations visibles ou invisibles qui détournent l'adoration de son but réel. Il est bien clair que l'Ennemi ne va pas rester les bras croisés et laisser l'adoration se développer sans intervenir. C'est donc un défi à relever que de s'aligner sur le désir de Dieu et de l'adorer en toutes circonstances.

Notre motivation réelle dans la louange
Chaque chrétien, groupe de prière ou Eglise qui vit la louange devrait se poser ces questions fondamentales :
1. A qui notre louange est-elle vraiment adressée ?
2. Quelle est notre réelle motivation pour louer et adorer ?
3. Qu'est-ce qui se trouve vraiment au cœur de notre adoration ?
4. Dans quel but est-ce que nous organisons ou participons à cette réunion ?

Dieu au centre
Au cœur même de l'adoration se trouve Dieu lui-même, le seul être digne de toute louange et adoration. Nous ne pouvons donc pas nous adorer nous-mêmes et laisser Dieu au second plan ! Dans un certain christianisme qui évolue au rythme de la société, nous nous sommes gentiment écartés de ce but. Nous pouvons alors facilement nous adorer nous-mêmes au milieu d'un moment d'adoration adressé à Dieu. Quelle méprise, quel danger ! C'est exactement l'opposé de la véritable adoration.
Si nous écoutons bien nos chants et nos prières nous allons réaliser que beaucoup de nos paroles adressées à Dieu sont en fait des demandes centrées sur nous-mêmes et sur nos propres besoins. Bien sûr qu'il existe une place pour cela et d'ailleurs de nombreux Psaumes expriment aussi les besoins réels de l'homme. Mais nous devons veiller à ce que nos moments d'adoration gardent la bonne direction et ne deviennent pas des temps personnels « pour se faire du bien », ou pour résoudre nos problèmes. Faites ce petit sondage à propos des chants que vous entonnez et vous verrez facilement sur quoi votre adoration est centrée. Si vos chants sont en majorité centrés sur Dieu, c'est que vous avez compris l'essence de l'adoration. Si c'est le contraire, il est temps d'en prendre conscience et de corriger le tir.

Une offrande gratuite
Le cœur de notre adoration est une offrande simple et gratuite pour Dieu seul. C'est un cadeau, quelque chose que nous donnons sans rien attendre en retour. Dans nos milieux chrétiens, nous avons été tellement habitués et enseignés à donner pour recevoir que notre vision en est faussée. Nous sommes dans un état d'esprit « donnant-donnant ». Au fond de nos cœurs se trouve cette pensée : « Cela vaut la peine de faire un effort pour louer Dieu, car j'obtiendrais une bénédiction en retour. » Cependant, nous ne partageons pas cette offrande, nous ne la vendons pas, car Dieu ne l'achète pas. Il désire juste recevoir notre amour sans compromis et sans partage, comme un époux envers son épouse. Dieu est jaloux de notre adoration à cause de son amour. C'est un amour vrai qui ne tolère pas que nous l'aimions parallèlement à d'autres amants ! Un amour qui n'aurait aucune saine jalousie serait un amour bien indifférent.
L'épître aux Hébreux invite par Jésus à offrir « sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom » (Hé 13.15). Notre offrande ne cessera jamais, et le Seigneur acceptera toujours ce qui lui est offert d'un cœur sincère et pur. La meilleure offrande que nous puissions lui faire est sans aucun doute celle de nos dons et de nos talents. Quoi de meilleur pour réjouir le cœur de Dieu que de lui offrir le fruit de nos dons naturels ! Si vous faites de la musique, de la cuisine, de la peinture ou de la maçonnerie, vous pouvez le faire comme pour le Seigneur. Avoir cette perspective change complètement nos motivations et nos attitudes dans notre travail. L'apôtre Paul le rappelle dans plusieurs contextes : « Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes » (Co 3.23). Il relève aussi : « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu » (1Co 10.31).
La louange devient donc beaucoup plus qu'un chant interprété à l'église, devant la congrégation rassemblée, mais un véritable cadeau offert à Dieu.

Demeurer en Dieu
Nous devons chercher non pas à entrer et à sortir de la présence de Dieu mais à y demeurer. Et c'est là le véritable défi. Le Psalmiste le souligne : « Que tes demeures sont aimables, Eternel des armées! Mon âme soupire et languit après les parvis de l'Eternel. Mon cœur et ma chair poussent des cris vers le Dieu vivant. Le passereau même trouve une maison, et l'hirondelle un nid où elle dépose ses petits... Tes autels, Eternel des armées ! Mon roi et mon Dieu ! Heureux ceux qui habitent ta maison ! Ils peuvent te célébrer encore. Heureux ceux qui placent en toi leur appui ! Ils trouvent dans leur cœur des chemins tout tracés » (Ps 84.2-6).
La demeure de Dieu, c'est l'endroit où se trouve son cœur, c'est l'endroit le plus désirable sur terre pour quelqu'un qui l'a rencontré. Cet endroit ressemble à un nid où on est protégé, nourri, gardé précieusement. Dans sa présence, Dieu partage son cœur avec ceux qui le recherchent et ces derniers s'y trouvent ainsi transformés et inspirés.

Un cœur entier
Le cœur de Dieu n'est pas partagé. Il est entièrement consacré à son amour pour l'humanité et il s'attend aussi à ce que notre cœur soit tout à lui. « Je te louerai de tout mon cœur, Seigneur, mon Dieu ! proclame le Psalmiste. Et je glorifierai ton nom à perpétuité » (Ps 86.12). Le terme hébreu « lev » signifie non seulement « cœur » en français, mais aussi : esprit, sagesse, intelligence, sens, ardeur, intention, volonté. Ce terme montre ainsi comment un cœur peut être « entier ». Une version anglaise de la Bible propose une traduction littérale de ce terme : un « cœur non divisé ». Cette expression exprime très bien ce que Dieu attend de notre attitude. Le cœur est le centre de tout, et c'est de là que doit partir notre adoration.

Le choix de l'adorateur
L'adoration est avant tout un choix. « Par lui (Jésus), offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Hé 13.15). Ce texte dit clairement que l'adoration est une décision personnelle, libre et délibérée de chaque individu. Elle n'est pas la décision du groupe de louange, du pasteur ou de la foule. Tu peux adorer au milieu de la foule... ou pas ! Les Psaumes disent souvent: « Je choisis », « Je déclare », « Je bénirai », « Je louerai »... Ce verset repris dans deux Psaumes différents le montre bien : « Pourquoi t'abats-tu, mon âme, et gémis-tu au-dedans de moi ? Espère en Dieu, car je le louerai encore. Il est mon salut et mon Dieu » (Ps 42.12 et 43.5).

L'évaluation de l'adoration
Nous ne pouvons pas juger de l'adoration, car elle ne nous est pas adressée ! Le seul qui puisse la juger vraiment, l'accepter ou la refuser, c'est celui qui la reçoit, c'est-à-dire Dieu. Qui sait s'il ne préfère pas des moments d'adoration que, parfois, nous n'aimons pas ! Nos jugements sont faciles et parfois très légers. Soyons de ceux qui encouragent et soutiennent l'adoration au lieu de la critiquer. Comment savoir si Dieu aime nos chants, notre musique et nos moments de louange ? Parfois il ne peut les tolérer à cause du péché qui ne le glorifie pas. Même si nous chantons et jouons comme des pros, ce critère n'est pas prioritaire devant Dieu. Il cherche avant tout l'excellence de notre cœur et la relation que nous avons avec lui et avec les autres.
Soyez tous bénis et encouragés dans votre louange ! « Que tout ce qui respire loue l'Eternel ! » (Ps 150.8).
Sylvain Freymond

Vous pouvez découvrir d'autres articles autour du thème « Musique et louange » et participer au débat sur ce thème sur notre FREEblog.

  • Encadré 1:

    Bio express
    Sylvain Freymond est marié et père de quatre grands enfants. Il est membre de Jeunesse en mission et fait partie de l'équipe du Département musique, à Yverdon-les-Bains. Compositeur, musicien, orateur, écrivain et responsable de louange, Sylvain Freymond est également le directeur des éditions francophones de Jeunesse en mission.

  • Encadré 2:

    Pour aller plus loin : Jeunesse en mission et la louange

    • Sylvain Freymond a écrit deux livres sur la louange : Vivre la louange et Aimer Dieu, la véritable adoration. Ils peuvent être obtenus aux éditions de Jeunesse en mission.
    • Des enseignements à propos de la louange sont disponibles en DVD chez Theomedia.
    • Linda Panci-Mc Gowen vient de terminer la rédaction d'un livre qui retrace l'histoire de Jeunesse en mission. Notes d'amour pour Dieu sera disponible sous peu aux éditions de Jeunesse en mission.
Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !