Croissance de l’Eglise: «Une Eglise en bonne santé. Guide pratique de revitalisation» de David Brown

mardi 20 août 2024

Ces dernières années, nombre d’Eglises évangéliques ont été impactées par la réflexion sur l’importance d’être missionnelles, d’être tournées vers l’extérieur. Au point que nombre de pasteurs ne trouvaient plus guère d’intérêt à une telle réflexion ! Avec « Une Eglise en bonne santé. Guide pratique de revitalisation », on fait un pas en avant. La réflexion sur la croissance de l’Eglise intègre les différents apports de ces dernières décennies et leur donne une place adéquate pour redonner du souffle à nos communautés locales. Celles qui stagnent ou qui sont en décroissance notamment. Une contribution du pasteur français David Brown à découvrir !

Construire des Eglises locales vivantes aujourd’hui, avec un impact dans leur ville ou leur région est un grand défi. Pasteurs et responsables d’Eglises bénéficient de la réflexion et de la pratique de nombre de spécialistes qui proposent leurs manières d’encourager à la croissance. David Brown, implanteur d’Eglises, ancien secrétaire général des Groupes bibliques universitaires de France, s’est lancé en 2008 dans un projet de revitalisation d’une Eglise évangélique en difficulté du XVIIe arrondissement de Paris.

Avec son livre « Une Eglise en bonne santé. Guide pratique de revitalisation » (1), il propose le fruit de son expérience et un outil qui pourrait être utile à nombre d’Eglises évangéliques de Suisse romande qui stagnent ou qui décroissent en fréquentation et en impact.

Par rapport à d’autres spécialistes de la construction de l’Eglise comme Christian Schwarz (2), Bill Hybels ou Daniel Liechti (3), David Brown va plus loin (4). Il opère une synthèse utile pour tous les pasteurs et tous les responsables d’une Eglise locale, et propose une articulation stimulante entre Eglise rassemblée et Eglise dispersée.

 

Les trois caractéristiques d’une Eglise en bonne santé

Pour David Brown, trois éléments sont les signes distinctifs d’une Eglise en bonne santé : 1. La communauté est centrée sur l’Evangile de Jésus-Christ. 2. Les gens qui la fréquentent sont encouragés à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit et de toute leur force, ainsi que leur prochain comme eux-mêmes. 3. La communauté est pertinente dans son contexte culturel.

A cette définition d’une Eglise en bonne santé, David Brown ajoute une distinction qui a émergé ces dernières années autour de ce qu’est une Eglise missionnelle. La communauté locale connaîtrait deux expressions : l’Eglise rassemblée et l’Eglise dispersée.

David Brown valorise tant le vécu de l’Eglise locale rassemblée avec son culte et ses activités d’édification et de formation, que le vécu de l’Eglise locale dispersée alors que ses membres sont engagés dans leur cercle familial, professionnel, amical ou de voisinage tout au long de la semaine. « L’Eglise dispersée est missionnelle, car les croyants sont envoyés pour faire du bien et communiquer l’Evangile dans leur vie quotidienne » (p. 77).

Au travers des différentes images qui, dans le Nouveau Testament, caractérisent l’Eglise, la dimension centripète (épouse de Christ, famille spirituelle…) et la dimension centrifuge (sel de la terre, lumière du monde…) sont valorisées. Concrètement « une Eglise en bonne santé est une Eglise qui arrive à jongler de manière équilibrée entre ces deux mouvements » (p. 88), celui vers l’intérieur et celui vers l’extérieur.

 

Le processus de revitalisation

Après avoir parlé de la pertinence biblique de la revitalisation et de ce qu’est une Eglise saine, David Brown passe à la mise en pratique concrète de cette revitalisation : « Démarrer le changement » (chapitre 5) et « S’approprier la vision et développer une stratégie » (chapitre 6). Il évoque ensuite les trois axes – « les trois s » – autour desquels travailler en vue d’une revitalisation : l’axe social, l’axe sociétal et l’axe spirituel.

Le travail autour de l’axe social vise à revitaliser les relations au sein de la communauté locale, ainsi qu’avec l’entourage de chacune et de chacun des membres, et de la communauté. Le travail autour de l’axe sociétal cherche ensuite à améliorer « la contextualisation de l’Eglise ». Cette démarche passe par une bonne compréhension de la culture dans laquelle nous baignons, en Occident, au plan national, mais aussi au plan local. Un peu à l’image de nombre de lettres de l’apôtre Paul, il s’agit de montrer aux membres de l’Eglise locale comment l’Evangile s’incarne dans la réalité concrète des disciples de Jésus et comment il rend la vie des disciples « plausibles ». Soit, selon une formule du philosophe et mathématicien français Blaise Pascal, « rendre notre vie aimable, faire souhaiter aux bons qu’elle fût vraie, puis montrer qu’elle est vraie » (p. 197).

Améliorer la santé spirituelle de l’Eglise locale – l’axe spirituel – passe en final par un culte dominical renouvelé où l’émerveillement face à Dieu et l’encouragement sont promus. Il s’agit aussi de donner au rassemblement hebdomadaire un rôle de formation afin de permettre à chacune et à chacun d’exercer au mieux son service dans le monde contemporain en tant qu’Eglise dispersée. Dans une Eglise revitalisée, les cultes peuvent devenir une FETE, structurée par les moments suivants : F comme formation, E comme émerveillement, T comme texte biblique et E comme envoi. Une manière de donner une impulsion nouvelle à des cultes qui souvent tournent autour de la louange et d’une prédication, peu articulée sur l’implication du message de l’Evangile dans le quotidien des disciples de Jésus.

 

Une évaluation

« Une Eglise en bonne santé. Guide pratique de revitalisation » présente une vision équilibrée d’une dynamisation de la vie communautaire qui a l’avantage de rassembler plusieurs éléments promus ces dernières années dans la réflexion autour de la croissance de l’Eglise. On y retrouve l’importance des cultes ouverts, le rôle de la formation des disciples, le changement de mentalité pour devenir une Eglise missionnelle, la nécessaire implication des responsables dans le changement de la culture ecclésiale…

Ce guide pratique permettra aux pasteurs et leaders des Eglises évangéliques classiques de trouver une feuille de route en vue de la revitalisation de leur communauté. Cette feuille de route permettra ainsi de glorifier Dieu, de faire en sorte que les chrétiens puissent s’épanouir dans tous les aspects de leur vie… et que les non-chrétiens découvrent que la foi en Jésus est plausible (p. 38) !

Serge Carrel

David Brown, Une Eglise en bonne santé. Guide pratique de revitalisation, Charols, Excelsis, 2023, 336 p.

 

Notes

1 David Brown, Une Eglise en bonne santé. Guide pratique de revitalisation, Charols, Excelsis, 2023, 336 p. Voir aussi du même auteur : Passerelles entre l’Evangile et nos contemporains, Marne-la-Vallée, Farel, 2003, 208 p. ; On parie combien ? Lettres à Blaise Pascal, Marne-la-Vallée, Farel, 2011, 64 p. ; Mes loisirs: que choisir? Toute ma vie sous le regard de Dieu, Charols, Farel, 2017, 72 p.

2 Voir Christian Schwarz, Le développement de l’Eglise. Une approche originale et réaliste, Paris, Empreinte Temps présent, 1996, 130 p. ou Découvrez vos dons ! Le développement de l’Eglise, Paris, Empreinte Temps présent, 1998, 144 p.

3 Voir la série d’articles mis par écrit par Claude-Alain Baehler : Daniel Liechti, « Virage missionnel : être chrétiens dans un monde qui ne l’est plus » (1), « Virage missionnel : l’Eglise, une communauté missionnelle » (2), « Virage missionnel : mission de Dieu et mission de l’Eglise » (3), « Virage missionnel : le mandat de faire des disciples » (4), « Virage missionnel : favoriser la multiplication et la croissance » (5), lafree.info, 2020.

4 Voir l’article de présentation générale : Christophe Paya, « Croissance de l’Eglise », in Christophe Paya (dir.), Dictionnaire de théologie pratique, Charols, Excelsis, 2011, p. 219-232.

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