One’ 2025, c’est déjà fini ! Pour la troisième année consécutive, le grand rassemblement inter-Eglises et intergénérationnel s’est déroulé à l’Espace Gruyère à Bulle. Avec 2’700 billets émis pour la journée, cette édition ciblée sur « l’unité dans la diversité » constitue un record. Samedi 15 novembre, 300 enfants ont par ailleurs participé aux animations spécifiquement préparées pour les 0-12 ans. Et pas moins de 250 bénévoles étaient à pied d’œuvre pour la réussite de l’événement. Pour l’édition 2024, ce sont les billets pour le concert du soir du groupe Glorious qui avaient fait grimper les inscriptions, mais le nombre de participants au programme de la journée était resté moins élevé.
C’est notre besoin commun de grâce qui nous unit
Au fil de la journée, six orateurs ont exploré le thème de l’unité sous des angles très variés. « Qu’est-ce qui nous unit ? » a demandé la théologienne Monique Cuany. Jésus, bien sûr. Facile à affirmer le dimanche matin… mais qu’en est-il le lundi ? Comment réagir lorsqu’un chrétien ne partage pas nos opinions ? Elle a rappelé les tensions de la période Covid, entre provax et antivax, dans une société profondément polarisée. Pour elle, l’unité chrétienne puise sa source dans la croix : c’est elle qui nous purifie du péché et nous ouvre à l’Esprit. Dans l’Église primitive coexistaient Grecs, Romains, Juifs, riches, pauvres, esclaves, personnes libres, religieux et laïcs. Aucune de ces différences ne leur conférait un statut privilégié devant Dieu : seule la Croix nous rend acceptables. Elle nous garde aussi de toute supériorité spirituelle, car c’est notre besoin commun de grâce qui nous unit.
La vérité n’est pas une doctrine à défendre mais une personne
Dans une autre perspective, Lisa Zbinden a abordé les questions sensibles qui traversent notre société actuelle, en écho à cette réflexion sur les fondements de l’unité. Masterisée en Études genre et consultante en questions de genre et de sexualité, Lisa Zbinden a encouragé les Églises à rester des lieux d’accueil et de restauration plutôt que de polarisation. Elle a rappelé qu’on ne trouvera sans doute jamais un consensus global sur ces sujets de genre, pas plus qu’on ne l’a trouvé en 2000 ans. « Certains reprochent à l’Église de diluer son message, d’autres de rester trop rigide. Jésus a enseigné un autre chemin : celui de l’unité, bâtir des ponts plutôt qu’ériger des murs », affirme-t-elle. Et de proposer trois pistes :
- Se souvenir que la vérité n’est pas une doctrine à défendre mais une personne — Jésus — avec qui entrer en relation, et inviter les autres à faire de même.
- Vivre la dimension de Corps de Christ : si une partie souffre, tout le Corps souffre. Aller vers ceux qui sont marginalisés et partager leurs combats.
- Reconnaître notre besoin commun de grâce : personne ne tient parfaitement toutes les exigences liées à la sexualité ou à la vie en général. Éviter l’attitude du fils aîné de la parabole du « Fils prodigue », jaloux et persuadé d’être plus méritant.
Écouter l’autre plutôt que vouloir gagner un débat
Léa Rychen, impliquée dans l’association chrétienne imagoDei a ensuite apporté un éclairage pratique sur la manière de dialoguer avec bienveillance. Devenue chrétienne dans un camp en Suisse romande et zélée pour partager sa foi, elle s’est d’abord heurtée à de fortes résistances en voulant évangéliser ses proches. C’est lors de ses études théologiques qu’elle a découvert l’apologétique, moins centrée sur le fait de « gagner un débat » que sur l’écoute, la compréhension et l’amour de l’autre. Pour dialoguer sereinement avec ceux qui pensent autrement, elle invite à se poser quatre questions :
- Qui est la personne à qui je m’adresse ? Que connaît-elle de la foi, de l’Église, de la Bible ?
- Quel est exactement le sujet de la conversation ? Par exemple, comment la personne en face de moi définit le mot « Dieu » ?
- Quelle est sa vraie question, son objection, son argument ? Y a-t-il une souffrance derrière ? Ai-je pris le temps d’écouter ?
- Quelle espérance concrète l’Évangile apporte-t-il ?
L’amour de Dieu pour le monde, nous pousse à aimer nos collègues
Le thème de l’unité a ensuite été illustré de manière très concrète par Melanie Wyss, qui vit quotidiennement ce défi dans le domaine politique. Maman de trois enfants, infirmière en psychiatrie de formation et syndique de Morges depuis quatre ans, Melanie Wyss travaille chaque jour avec des personnes ne partageant pas ses convictions. « Ma voix n’a pas plus de poids que celle des autres, nous votons », explique-t-elle. Son objectif n’est pas d’avoir raison, mais d’intégrer et d’écouter. « Si nous restons dans une logique de gagnant-perdant, l’unité est impossible. » Pour la syndique, l’unité se construit lorsque chacun adopte une « vision qui élargit ». L’amour de Dieu pour le monde la pousse à prier pour ses collègues.
Les relations se fragilisent tandis que les progrès scientifiques augmentent
Enfin, le sociologue Kevin Roulin a dressé le portrait d’une époque marquée par la solitude, l’individualisme et le relativisme moral. Père de trois enfants, directeur de la Holding Impact Groupe et implanteur d’Églises, il observe une société toujours plus divisée, où les relations se fragilisent alors que les progrès scientifiques augmentent. « La cohésion devient précaire ; chacun vit pour soi. » Pour lui, l’Église doit rappeler la bonne nouvelle et montrer le chemin de l’unité : « Notre société meurt, et ce n’est pas la médecine qui peut répondre à ce besoin. Le constat est sans appel : l’Église a un rôle à jouer dans les temps à venir, à l’échelle de la société, pour proclamer l’espérance de la Bonne Nouvelle. Jésus a dit : c’est à l’amour que vous avez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples. »
L’unité dans une dynamique mondiale
Olivier Fleury a replacé cette quête d’unité dans une dynamique mondiale et spirituelle tournée vers 2033. Pour le fondateur de JC2033 International, il y a de la puissance dans l’unité. Parcourant le monde pour encourager toutes les confessions chrétiennes à fêter ensemble le jubilé des 2000 ans de la Résurrection du Christ dans huit ans, il observe partout un même élan vers Pâques 2033. « Jésus prie pour que nous soyons un afin que le monde croie », appuie-t-il, appelant chacun-e à manifester cette unité, du quotidien jusqu’aux grandes célébrations.