En entrant dans la salle de culte de l’Eglise évangélique des Ecluses, à Bienne, la surprise était garantie. A la place de chaises sagement alignées se trouvaient une tente de bédouins, des personnes enturbannées debout ou assises sur des tapis, du thé, des dattes, des échoppes… un vrai souk! Durant le week-end des 13 et 14 septembre, les rencontres « Eglises en mission » nous ont transportés en terres musulmanes.
Cette année, suivant une tradition nouvelle, les rencontres étaient organisées de manière « décentralisée » (question de point de vue !) à Bienne. Cela n’a pas empêché la présence de 350 personnes aux nombreux ateliers du samedi et 450 personnes le dimanche lors du culte.
Des engagements missionnaires à court terme
Le thème général, « Change TON monde! », a permis d’aborder la question des possibilités d’engagement missionnaire à court terme – d’une durée de quelques semaines à quelques mois. Le samedi, il n’y a pas eu de conférences interminables, mais de multiples lieux de rencontre permettant à des missionnaires de partager leurs expériences et de répondre à toutes sortes de questions. Ici, on débattait des possibilités d’engagement pour des jeunes, là d’une école de formation de disciples, ailleurs des possibilités d’effectuer un service civil dans un cadre chrétien, ailleurs encore de s’engager après l’âge de la retraite.
Ainsi, durant un atelier consacré aux bienfaits d’un séjour missionnaire à court terme, Pascal Frésard, missionnaire au Sénégal, s’est étonné du nombre de participants proches de l’âge de la retraite. Nombre d’entre eux songeaient très sérieusement à partager leur temps et leur expérience dans de tels séjours. Disons-le: à 65 ou 70 ans, on est généralement en âge de partir en mission!
Tous d’accords autour de la table ronde !
Le rapport prix-utilité des engagements missionnaires à court terme est parfois jugé défavorable. C’est pourquoi Serge Carrel a réuni des responsables d’oeuvres chrétiennes lors d’une table ronde. Il leur a demandé si de tels engagement étaient véritablement utiles ou s’il s’agissait seulement de « vacances sanctifiées ». L’impression générale est que de tels séjours sont très utiles s’ils sont bien préparés et bien encadrés.
Un responsable d’Opération mobilisation relève: « Ce sont avant tout l’avant et l’après court terme qui sont importants. Une bonne préparation du candidat avant le départ est nécessaire. Après le retour, celui-ci doit pouvoir parler de ce qu’il a vécu ». Pour Jean-Patrick Perrin de Jeunesse en mission l’humilité fait partie de la préparation: « Certains arrivent avec le sentiment d’avoir beaucoup donné, en temps et en argent, et ils espèrent un rapide retour sur investissement ». Irène Rodrigues, ancienne missionnaire de la FREE au Sénégal, relève que ce sont parfois les autochtones qui enseignent les envoyés: « Le témoignage de jeunes chrétiens sénégalais a secoué les jeunes qui venaient les visiter ».
Les bénéfices spirituels des séjours à cour terme touchent ceux qui visitent comme ceux qui accueillent. Plusieurs ont relevé le bien que de telles visites font aux missionnaires à long terme et à leur famille. Et pour le responsable d’OM, « un jeune dont le coeur est transformé par un séjour à court terme, c’est un véritable investissement spirituel pour le futur ».
Un culte pour renouveler notre espérance
Lors du culte, Pascal Frésard, missionnaire au Sénégal, a comparé les difficultés d’aujourd’hui à celles dans lesquelles se débattait le peuple d’Israël lorsque le prophète Esaïe lui a dit: « Agrandis l’espace de ta tente, tends des toiles plus larges pour t’abriter, ne calcule pas tes dépenses. Allonge les cordes et fixe bien tes piquets » (Es. 54.2).
Il a rappelé que les difficultés, les peurs et la souffrance font partie de la vie… et aussi du témoignage chrétien. Mais cela ne nous retient pas de faire des projets et de préparer l’avenir avec confiance. Et l’un des défis que tout missionnaire doit relever est celui de rendre le message de l’Evangile compréhensible dans la culture de l’autre. Cela est vrai pour la mission au loin, comme pour celle dans notre pays. « Nos Eglises en Suisse sont souvent culturellement inaccessibles aux non chrétiens », a prévenu Pascal Frésard.
Djam’s, musicien maghrébin-ch’ti et amateur de « couscous suisse », a demandé aux Eglises de Suisse romande de se préparer à rencontrer des musulmans. Il a expliqué: « Dans le nord de la France, les églises ferment et elles sont remplacées par des mosquées. Nous ne sommes pas allés évangéliser les musulmans, alors Dieu nous les envoie. » Et il a prévenu que Dieu n’a pas besoin d’Eglises-vestiaires: des communautés ou on s’encourage, où on se dit que la victoire est proche, mais où on ne sort jamais de nos murs… comme des footballeurs qui ne sortiraient jamais de leur vestiaire pour jouer de matches !
Durant le repas de midi – un riz Casimir préparé par le groupe de jeunes de l’Eglise de Bienne – une dame expliquait: « J’aime ces rencontres « Eglises en mission », car on ne se retrouve pas ici pour pleurer sur nos problèmes, mais pour être encouragés ! »
Claude-Alain Baehler, rédacteur responsable de Vivre et pasteur à Berne
Voir le reportage sur l’événement réalisé par DieuTV.
Ecouter la prédication de Pascal Frésard.
Ecouter la table ronde du samedi autour du thème "Forces et faiblesses des engagements court-terme" avec Irène Rodrigues, Walter Diem, Rémond Graf, Bertrand Nussbaumer, Jean-Patrick Perrin et Olivier S. Animation: Serge Carrel, journaliste.