« Croyants du XXIe siècle, réveillez-vous ! » par Martin Accad

Martin Accad vendredi 10 février 2017 icon-comments 1

Martin Accad vit au Liban. Ce chrétien évangélique enseigne au Séminaire théologique baptiste de Beyrouth. De par ses origines européennes via sa mère, ce spécialiste en études musulmanes jette un regard original sur ce qui se passe au Moyen-Orient et en Europe. Il nous décentre ici avec un propos original.

A en juger par les dix-sept premières années de ce nouveau millénaire, je m’attends à ce que le XXIe siècle soit le témoin d’une transition sociale et politique considérable. Nous vivons une époque où les religions du monde jouent un rôle particulièrement important dans l’augmentation des conflits au plan global. Ce qui implique que ces mêmes croyants, quelle que soit leur foi, devront jouer un rôle important d’artisans de paix. Ne pas réagir avec vigueur à ce défi sans précédent signifierait rejeter l’appel le plus fondamental que Dieu nous adresse : être des agents de la réconciliation et de la transformation que Dieu opère dans le monde.

Au cours des années 2015 et 2016, à l’échelle globale, nous avons été témoins de la dégradation du respect de la personne humaine. Nombreux sont ceux qui diraient n’avoir jamais vu cela auparavant. L’ascension de Daesh, durant l’été 2014, a provoqué une réaction internationale qui a pris de nombreuses personnes par surprise, et les dirigeants de Daesh se trouvent probablement parmi celles-ci. Dans le monde musulman, il y a eu une grande vague d’oppositions à l’encontre des horreurs commises par le groupe Etat islamique. De nombreuses conférences ont été organisées par des organisations musulmanes et des nations entières ont condamné une telle conduite, considérée comme contraire à l’islam (1).

La réaction du monde occidental vis-à-vis de Daesh est pour le moins différente. La peur au sein de la population a fait place à une vague de paranoïa étonnante qui a parcouru l’Europe entière, l’Amérique du Nord et l’Australie. Ces sociétés, qui semblaient tout au long du XXe siècle se diriger vers une maturité grandissante et une unité dans la diversité, ont opéré un retour soudain en arrière lors de ces quinze dernières années – depuis le 11 septembre 2001 pour être exact. Et cette régression s’est particulièrement accélérée ces deux dernières années. Aujourd’hui, les voix les plus sonores ne sont pas celles qui prônent l’unité et l’acceptation de la diversité, mais celles qui prônent l’auto-défense et la préservation de soi.

Cet article se penche sur un passage de la Bible fondamental et sur ses implications concrètes pour la vie des disciples de Jésus, eux qui sont appelés à vivre un nouveau mode de vie révolutionnaire, défiant le statu quo actuel. Ce texte biblique, c’est Michée 6.8. Il révèle la forme que prend un comportement humain pleinement transformé par Dieu, et développe une sorte de politique publique qui pourrait mener à une paix globale :

On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ;
Et ce que l'Eternel demande de toi,
C'est que tu pratiques la justice,
Que tu aimes la miséricorde,
Et que tu marches humblement avec ton Dieu.

« La compassion triomphe du jugement » : un appel à l’action sociale

Il n’y a pas de doute : le phénomène le plus tragique de notre époque est la migration forcée que les réfugiés subissent à cause des guerres régionales au Moyen-Orient et dans le nord de l’Afrique. Dans des temps si agités, notre instinct d’auto-préservation nous incite à nous retirer en nous-mêmes dans un endroit où nous pratiquons l’exclusion, que ce soit au niveau individuel, communautaire ou national. Nos peurs nous conduisent à nous méfier de ceux qui sont différents de nous, et à bâtir des murs de séparation. Nous développons des arguments compliqués, tirés de jugements moraux, afin de justifier notre comportement. Il est probable qu’un tel déroulement soit exactement ce à quoi Daesh s’attendait, alors que ses combattants sont en train de perdre la guerre du point de vue militaire. Afin de recruter un grand nombre de personnes dans leurs rangs idéologiques, un groupe religieusement violent a besoin non pas de victoires sur le terrain, mais d’une avancée de la perception « nous-contre-eux ». A cause de sa capacité à justifier la violence, la peur est la meilleure invitation à rejoindre les rangs de mouvements extrémistes.

Ainsi, la victoire sur l’extrémisme religieux ne s’obtient pas sur le champ de bataille avec des armes à feux et de lourds équipements militaires, mais sur le terrain de la connaissance et de la pertinence de l’information. Le meilleur moyen d’apprendre à connaître « l’autre » est de s’avancer vers lui, au lieu de prendre ses distances et de se réfugier dans le jugement. Dès lors, l’appel de Dieu à la miséricorde au travers de son prophète Michée est un appel à l’action sociale. De nombreuses Eglises libanaises ont miraculeusement compris cela. Elles ont ouvert tout grand leurs portes aux réfugiés et ont montré de la compassion d’une manière jamais vue auparavant. Les réfugiés, quelle que soit leur religion, se sont regroupés dans les églises, là où ils ont trouvé amour, compassion et communauté. Aucune organisation ne peut comprendre aussi bien que l’Eglise comment pratiquer la compassion que Dieu a révélée au travers de Jésus. Le corps du Christ est invité à suivre cet exemple au plan global. Les disciples de Jésus sont en train de transformer la tragédie humaine qui les entoure et ils ressortent profondément transformés d’une telle expérience.

Chaque année, notre Institut d’Etudes du Moyen-Orient rassemble approximativement 200 disciples du Christ venant du monde entier pour un séminaire, où nous avons l’opportunité de réfléchir aux questions les plus cruciales de notre époque et ainsi de rechercher les moyens pour l’Eglise d’agir prophétiquement (2).

Plus nous repousserons notre intuition de rejoindre les réfugiés par de fausses justifications provoquées par notre instinct de survie, plus nous céderons la place à la peur et aux préjugés. C’est ainsi que nous perdrons le combat contre l’extrémisme religieux. Dans notre réalité actuelle, nous n’avons pas une seconde à perdre à développer des lois qui visent notre autoprotection. Ne perdons pas de temps à rationaliser l’exclusion ! La fenêtre pour réagir à la crise des réfugiés de manière humaine et inspirée par Dieu est extrêmement limitée. C’est maintenant ou jamais !

Justice et réconciliation : un appel à l’activisme politique et à la construction de la paix

L’ascension de Daesh, ainsi que d’autres idéologies violentes, n’émerge pas de rien. Considérer l’été 2014 comme le moment décisif, au commencement du XXIe siècle, ne doit pas devenir un moyen d’identifier un bouc émissaire pour tous les maux contemporains. Daesh n’est pas une hérésie isolée. C’est la manifestation d’une idéologie en cours de développement, qui doit être comprise comme une conséquence des conflits majeurs qui ont marqué le XXe siècle. Le phénomène de l’extrémisme religieux n’est que le sommet de l’iceberg.

Au milieu de cette histoire, les croyants sont appelés à être des agents de réconciliation. La réconciliation commence par la confession et non par la recherche de celui qui est à blâmer pour le commencement du conflit. Se concentrer sur la réconciliation ne veut cependant pas dire que nous devons pardonner et oublier. L’approche « pardonner et oublier » mène à la répression de la souffrance, qui finit par resurgir sous des formes conflictuelles bien plus graves, plus tard. La vraie réconciliation ne peut être atteinte qu’au travers du pardon. Et un pardon profond n’est possible qu’après qu’un niveau minimal de justice a été atteint afin de corriger une situation injuste. Qui plus est, le modèle que la Bible nous offre, nous emmène une étape plus loin. En lisant l’évangile de Jean (3.16) : « Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu'ils aient la vie éternelle », nous apprenons que « Dieu a aimé le monde » lorsque le monde était encore son ennemi. Ce texte biblique résume l’incarnation, la croix et le salut en une respiration, et le point de départ est l’amour initié par Dieu. Paul fait référence à la même idée lorsqu’il affirme, dans sa lettre aux Romains (5.8) : « Alors que nous étions encore des pécheurs, le Christ est mort pour nous. » Dès lors, le Nouveau Testament nous invite, nous, les enfants de notre Père céleste, à pardonner et à nous réconcilier non pas une fois que justice a été faite, mais au contraire avant qu’elle ne soit faite, sans tenir compte du fait qu’elle advienne ou non.

L’Eglise de Jésus Christ se trouve dans une position unique pour comprendre la profondeur et la possibilité d’un tel processus. On ne trouve pas tant la signification de la croix dans la réalité historique d’un homme, condamné à mort injustement par les puissances politiques et religieuses oppressives de la Palestine au Ier siècle de notre ère. La signification profonde de la croix réside dans le fait que, par la volonté de se sacrifier du seul homme qui a jamais vécu en étant parfaitement innocent, la réconciliation entre les êtres humains et leur Créateur est accomplie, alors que cet homme cloué à la croix prie : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23.34).

La lutte pour la justice et la réconciliation est dès lors un appel à l’activisme politique, main dans la main avec la construction de la paix. Les disciples du Christ, aujourd’hui, ne peuvent pas se tenir désœuvrés en face de l’injustice. La restauration de la justice que notre Seigneur nous a enseignée ne peut être accomplie qu’au travers du pardon et d’une réelle libération envers les oppresseurs. C’est l’unique processus au travers duquel les victimes peuvent se libérer de la propension à se venger et à perpétuer le cycle de la violence, alimenté par une forme d’auto-victimisation.

Il n’y a pas de meilleur agent aujourd’hui que l’Eglise pour mettre en oeuvre la paix selon le modèle présenté par le Christ, afin d’atteindre une réconciliation complète et une restauration des différentes communautés. Notre Seigneur nous a laissé ces paroles puissantes : « Je pars, mais je vous laisse la paix, c'est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. C'est pourquoi, ne soyez pas troublés et n'ayez aucune crainte en votre cœur » (Jean 14.27). Cette invitation que Jésus nous adresse à être des faiseurs de paix est dès lors un appel au courage et à la confiance que la paix que nous pouvons apporter au monde est le genre de paix que nul autre ne peut apporter.

D’une attitude marquée par « l’orgueil et les préjugés » à l’humilité : un appel à l’adoration

Le développement de préjugés semble devenir l’un des plus grands maux de notre époque, et les personnes religieuses semblent compter parmi celles qui sont les plus enclines à commettre un tel péché. Les religions ont tendance à instiller une sorte d’orgueil dans le cœur de leurs fidèles. L’une des manifestations de cet orgueil poussent les croyants à considérer qu’ils sont le « peuple élu » de Dieu. Une autre que certains croyants constituent « la plus grande nation que Dieu n’a jamais créée ». Une troisième affirme avec véhémence que les adhérents de cette religion ont été sauvés par grâce. De ce fait, ces croyants sont prompts à juger tous ceux qui ne semblent pas vivre selon les mêmes standards de vie. Ces représentations ne sont que des parodies de l’intention originelle des religions. « Le peuple élu, » « la plus grande nation, » et ceux « qui sont sauvés par grâce » devraient comprendre leur position unique devant Dieu comme un appel à être une bénédiction pour leurs voisins, au lieu d’être, comme ils le sont, une source de condamnation. Les personnes religieuses qui tombent dans le péché « d’orgueil et des préjugés » s’éloignent de la présence de Dieu. Que les chrétiens se dirigent dans une telle direction est particulièrement impardonnable. Ce que j’exprime ici devrait être reconnu comme un trait de décence, communément partagé par tous les croyants. En tant que disciples du Messie, nos standards de vie devraient être bien plus grands. Ne sommes-nous pas les disciples de quelqu’un qui a vécu entièrement pour les démunis, les marginalisés et les mal-aimés de ce monde ?

Le message de Michée contient un appel à l’humilité. Alors que nous cessons de nous comparer à d’autres êtres humains et que nous commençons par considérer Dieu comme notre modèle, nous ne pouvons que « marcher humblement avec notre Dieu ». Le message de Michée est un appel à l’adoration. Ce n’est qu’en répondant à l’invitation de Dieu à le rencontrer dans l’adoration que notre humanité profonde commence à être restaurée. Alors que nous répondons aux crises globales par la peur, nous battons en retraite et nous construisons des murs. Ce qui nous entraîne ainsi dans le péché d’idolâtrie et de l’adoration de soi. Mais, alors que nous répondons aux situations de crises et à la peur en entrant dans la présence de Dieu par l’adoration, nos cœurs sont tournés vers les démunis, vers les opprimés, ainsi que vers l’ensemble de nos co-humains. Nous laissons de côté le jugement pour la compassion, et le désespoir pour l’espoir.

Dieu, au travers du prophète Michée, invite son Eglise du XXIe siècle à mener une révolution contre le courant dominant de la société, en mettant en pratique la compassion, la justice et l’humilité, alors que nous répondons à son appel à l’action sociale, à la construction de la paix et à l’adoration.

Martin Accad

Directeur de l’Institut du Moyen-Orient (Beyrouth)

Notes

1 Voir en français notre contribution : « L’Etat islamique et le futur de l’islam ».

2 Cette année, rejoignez-nous du 19-23 juin afin d’explorer le thème : « L’Eglise en des temps incertains : diriger prophétiquement dans l’adversité ».

1 réaction

  • Marik mardi, 14 février 2017 14:54

    "... ce spécialiste en études musulmanes jette un regard original"

    Synonymes du mot ORIGINAL : singulier, bizarre, curieux, rare, spécial, drôle, excentrique, étrange, insolite, particulier, étonnant, extraordinaire, fantasque, inusité, nouveau.......

    J'ai lu... et bu les mots de Martin Accad et mon coeur en est intimement bouleversé.
    Il dévoile, ou re-met en lumière, l'ardent désir de Dieu parmi nous, avec nous et en nous.
    Le regard de ce prophète du XXIème siècle nous engage clairement sur la voie de l'essentiel.
    Si je devais qualifier ses paroles, je dirai qu'elles sont "l'essence même du ciel".
    Les lire avec un sérieux sans réserve et s'efforcer de les mettre en oeuvre à tous les niveaux et à tout prix, c'est précisément ce que "l'Eternel demande de nous". Ni plus, ni moins...

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