« L’abri » est à Lausanne un lieu d’accueil de nuit. Il doit faire face aux besoins d’hébergement d’urgence qui vont croissant des sans-domicile-fixe de la capitale vaudoise. Parmi eux, de nombreux migrants et des Roms. Le réalisateur suisse Fernand Melgar en a fait l’objet de son troisième volet sur l’immigration.
Après « La forteresse » en 2008 qui décrivait les conditions d’accueil des demandeurs d’asile à Vallorbe, Fernand Melgar avait porté son regard à Genève vers la fin du parcours migratoire de personnes expulsées avec « Vol spécial », sorti en 2011. Au moyen de « L’abri » tourné dans les rues de la capitale vaudoise, le réalisateur montre quel peut être l’hiver pour des sans-abri aujourd’hui dans une ville suisse.
« De la justice, non seulement de la charité »
L’avant-première du film a eu lieu mercredi 3 septembre à la salle Capitole de Lausanne. La projection a fait salle comble. La pasteure et directrice du Centre social protestant vaudois Hélène Küng faisait partie du public. Interpellée sur les réflexions que ce film a pu susciter en elle, elle dit d’emblée avoir été particulièrement touchée de découvrir l’ampleur du phénomène. « Ce qui a été très fortement dit à la fin de la séance, c’est qu’il faut de la justice, non seulement de la charité, souligne-t-elle. Et c’est quelque chose que je martèle aussi en tant que croyante. Cela signifie en particulier ne pas juste soulager mais chercher les causes : on doit se demander pourquoi les gens sont pauvres et comment y remédier. »
Rôle des Eglises
Pour Hélène Küng, le rôle des Eglises est précisément de rappeler la justice. « Il y a des prophètes dans la Bible qui disent : ‘J’en ai assez de vos cultes, de vos prières, de vos chants : faites jaillir la justice !’ », rappelle-t-elle en référence à Amos 5 versets 21 à 24. « Cela reste d’une actualité totale ! » La pasteure en est convaincue : les inégalités « ahurissantes » de la société d’aujourd’hui sabotent l’Etat de droit et la cohésion sociale. « Dès lors, ce que l’on peut faire pour lutter contre ce qui entraîne la discrimination et l’accroissement de la pauvreté, il faut le faire », affirme-t-elle.
Bande annonce
Gabrielle Desarzens