La sexualité, un signe d’une complémentarité homme-femme voulue par Dieu (Jean-Jacques Meylan)

mardi 26 janvier 2010
La complémentarité est au coeur du projet de Dieu pour l’humanité. Jean-Jacques Meylan en montre la réalité dans la relation homme-femme. Jusque dans le face à face des corps. A lire, avec émerveillement !
La Bible nous apprend que l’être humain est le sommet de la création. Le premier récit de Genèse 1.1 à 2.4 précise que le genre humain est apparu au terme du cycle créateur, le sixième jour. Dieu, voyant tout ce qu’il avait fait, considéra alors que cela était « très bon ». Le récit apporte deux éléments importants. D’une part, l'humain est créé mâle et femelle. D’autre part, il est à la ressemblance et à l'image de Dieu. Au risque d'anachronisme, nous devrions même dire « ADAM sont créés mâle et femelle », car « ADAM » est un nom générique lié à un verbe au pluriel.
Ainsi, hommes et femmes sont ce que Dieu a créé de plus précieux pour se révéler. L'univers, avec sa richesse et sa diversité minérale et biologique, est l'écrin dans lequel Dieu place les humains pour leur bonheur. Ces humains sont le dévoilement, les « montreurs » du Dieu invisible.

La complémentarité au coeur de la vie
L'homme et la femme, considérés dans leur individualité, sont donc marqués par une incomplétude originelle. C'est dans leur enrichissement réciproque qu'ils trouveront leur plein accomplissement. Pour Dieu, la complémentarité est l’un des éléments fondateurs de la vie. C'est déjà le couple qui se profile ! Le couple, homme-femme, lié par un engagement conjugal, mais pas seulement… Même en dehors du lien matrimonial, toute relation humaine est invitée à vivre cette complémentarité. Or la réalité sociale semble désavouer ce projet. Hommes et femmes, dans la société, se découvrent en situation de concurrence, adversaires, devant s'affirmer l’un en face de l'autre pour faire respecter leur identité et leurs droits. C'est alors la guerre... y compris celle des sexes !
Le second récit de la Création (Genèse 2.4 à 3.24) développe en quoi la complémentarité homme-femme est porteuse d’une riche promesse et en même temps d'un risque de fracture. L’homme, Adam, est créé le premier, seul. Or cette solitude n'est pas heureuse. Il cherche un vis-à-vis pour partager son existence. Aucun des animaux de la création ne peut être ce partenaire dont l'homme a besoin.

Promesse et risque de fracture !
Découvrant sa solitude et l'incapacité d'y remédier, l'homme tombe alors dans un profond sommeil. Ce sommeil est une sorte de coma, proche de la mort. Adam, seul, ne peut pas exister. Créé à l'image de Dieu, il est fait pour la communion, pour le dialogue, pour vivre un amour reçu et partagé. Or, il n'a personne à qui parler, personne à aimer. D'ailleurs il ne parle pas dans ce second récit. Il est comme inexistant. Au cours de ce mystérieux coma, Dieu tisse une femme à partir de l'homme. C'est devant cette femme qu'Adam découvre l'usage de la parole. Cette femme issue de son côté, ni supérieure, ni inférieure à lui, devient une partenaire libre, égale et semblable à lui. La rencontre libère la parole. Adam change de nom. Face à la femme « ischa », il se nomme « isch », le masculin du nom de la femme. « Ah! celle-là, cette fois, c'est l'os de mes os, la chair de ma chair. Celle-là sera appelée femme (ischa), car c'est de l'homme (isch) qu'elle a été tirée, celle-là » (Ge 2.23).

Le couple, une des expériences humaines les plus exaltantes
Dans leur identité profonde, considérés individuellement, hommes et femmes sont donc comme amputés. Les mythes grecs l’ont d’ailleurs bien reconnu. Ils considèrent qu’à l’origine les humains étaient ronds, avec quatre bras et quatre jambes. Mais ceux-ci se sont révoltés contre Zeus qui les a châtiés en les séparant en deux. Les humains portent dès lors en eux des endroits percés qui témoignent du châtiment de cette amputation ! Pour ces mythes, la nature humaine résulte d’un malheur et d’une punition.
Les textes de la Genèse n'ont rien de commun avec ces mythes. Ils présentent l’humain dans sa finitude et ses limites comme l'expression du bon projet de Dieu. Cette finitude est un cadeau que Dieu offre à l’humanité pour l'inviter à développer une dynamique de vie constructive et harmonieuse. Ce n’est pas une supposée identité sexuelle hermaphrodite qui donne sens à sa vie, mais la construction de relations de partenariat avec l’autre sexe. Ainsi, le couple peut devenir l'une des expériences les plus exaltantes de la vie humaine, tant elle est porteuse de joie, d’enrichissement, de complémentarité, d’accomplissement.

Le couple, une possible impossibilité !
D'un certain côté, le couple est une possible impossibilité. Dans « l'ordre naturel des choses », tout contribue à l’affrontement hommes-femmes. Dans la logique de compétition qui caractérise la société, l'autre est instrumentalisé, afin de l'assujettir à ses pulsions pour le séduire et le conquérir dans un besoin de domination, de possession, de sécurité. Le choc des pulsions transforme les relations humaines en un combat nourri des narcissismes réciproques. Le couple devient alors un lieu de souffrances et de peines. Le déferlement pornographique qui se banalise et s'universalise contribue à cette instrumentalisation mortifère de l'autre.
Même si le projet originel de Dieu est défiguré par le mal, il n'en reste pas moins toujours d'actualité. Aussi, faut-il saluer avec d'autant plus d'admiration les signes d'amour authentique qui permettent de construire des relations d'attachement, de fidélité, de respect. Lorsque l’amour est « branché » sur son origine, relié à sa source, nourri de la grâce divine, cette « impossibilité » devient une réalité prometteuse. Il est alors possible de vivre l'amour dans toute sa dimension, affective et corporelle.

Vivre l’amour
Le couple est fait pour la joie et le plaisir : « Que ta fontaine soit bénie et jouis de la femme de ta jeunesse, biche amoureuse et gracieuse gazelle. Que ses seins te comblent en tout temps. Enivre–toi toujours de son amour », dit le sage (Pr 5.18). « Lève–toi, ma bien-aimée, ma belle, viens ! Ma colombe… l'amour est fort comme la mort... » fait écho le Cantique des Cantiques. Viens! Le texte hébreu a soin d'ajouter le mot « lecha » que l'on peut traduire par « de toi-même, pour toi-même ». L'amour est toujours librement consenti, partage des cœurs et des corps, libéré de toute contrainte pour vivre le projet d'une conjugalité épanouie.
La vie de couple offre un supplément d’être. Chacun pouvant dire de l’autre que leur relation l’enrichit : « Tu me fais homme… Tu me fais femme... Tu te racontes à moi, tu me dis tes joies et tes soucis. Tu puises en moi ton réconfort. Tu te révèles à moi dans ta profondeur et tu me permets ainsi d'atteindre ma propre profondeur. » L'unité du couple ne réside pas dans l'absorption de l'un par l'autre, elle se construit grâce à un dialogue authentique, par l'accueil de la personnalité de l'autre dans une créativité quotidienne. La conjugalité est une œuvre sans fin. Elle engage la liberté des conjoints qui sont invités à se rechoisir chaque jour afin de faire de leurs journées une nouvelle aventure dans la complicité de leur amour. « Nous ne sommes pas mariés parce que nous avons dit OUI il y a quelques années, nous sommes mariés parce que nous nous sommes redit OUI ce matin ! »

La sexualité, un moment privilégié
La sexualité est l'une des composantes importantes de la vie de couple. Vivre l'amour est un moment privilégié. Mais aussi un moment de vérité, ambigu, fait à la fois de transparence et d'opacité, à la fois si beau et si difficile, où les corps franchissent les dernières barrières qui les séparent. Vivre l'amour au rythme des saisons de la vie !
Le livre biblique du Cantique des Cantiques est une splendide cantate à l'amour. Il en décrit les différents aspects : l'amour est trouble et blessure (Ct 2.5; 4.9) ; l'amour est recherche, attente et jeu (Ct 3.1; 5.2) ; l'amour est échange (Ct 1. 15-17) ; l'amour est contemplation (Cant 4.1; 5. 10-16) ; l'amour est beauté et pureté (Cant 4. 7-12) ; l'amour est tendresse (Ct 1.13; 2.6) ; l'amour est joie et volupté (Ct 1.2, 16; 4.10; 7. 8-13) ; l’amour est fidélité (Ct 8. 6-7). Contrairement à ce que préconisaient certains rabbins particulièrement pudiques, le Cantique des Cantique mérite d'être mis entre toutes les mains !
Jean-Jacques Meylan, pasteur et formateur d’adultes

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