Jacques liquidé, Pierre délivré...

mercredi 24 février 2010
Sur la première Eglise plane une menace terrifiante: la persécution. Les chrétiens se font arrêter comme des criminels… Le roi Hérode vient de tuer l'apôtre Jacques. Il arrête encore l'apôtre Pierre. Comment Pierre et la jeune Eglise survivront-ils? Récit d'un miracle...
Hérode a mis le paquet pour surveiller Pierre: 16 soldats! Pourtant, l'apôtre n'a rien d'un révolutionnaire dangereux! Il annonçait simplement l'Evangile…

Hérode a tous les pouvoirs
Pierre est passif, enchaîné dans la prison. Au contraire, Hérode est très actif: il persécute l'Eglise (Ac 12.1), fait tuer Jacques (v. 2), arrête Pierre (v. 3) et le jette en prison (v. 4). Il commande des gardes et des soldats, bref: il est roi. Hérode a tous les pouvoirs et se comporte de façon injuste. Tandis que les chrétiens sont persécutés, sans aucun pouvoir. Tout semble désespéré...
Alors l'Eglise prie avec ferveur pour que Dieu intervienne. Et que se passe-t-il? Pierre dort. Incroyable! Enchaîné à deux soldats, il n'a pas de bon lit douillet. Il sait qu'il va comparaître devant le roi Hérode, et qu'il n'a quasiment aucune chance de s'en sortir vivant. Comment dormir dans de pareilles circonstances? C'est le sommeil du juste... et une première réponse aux prières: Pierre est habité d'une paix extraordinaire!

Réveille-toi!

Soudain, Dieu intervient. Il envoie son ange avec une lumière éclatante. Et que se passe-t-il? Personne ne bouge. Alors « l'ange frappa Pierre au côté… » (v. 7). La lumière n'a pas suffi à le réveiller: l'ange a dû le secouer! Et il lui donne cinq ordres, pour le sortir de son sommeil: « Lève-toi vite! Mets ta ceinture! Attache tes sandales! Mets ton manteau! Suis-moi! » Il était sacrément endormi, le pauvre apôtre...
Pierre se laisse piloter pour passer toutes les gardes. C'est seulement dehors, après que l'ange l'a quitté, que Pierre réalise enfin ce qui s'est passé! Alors il reçoit ce miracle, comme une grâce extraordinaire, une délivrance que Dieu lui accorde par pur amour. Pierre n'y peut rien, il le sait bien: il n'a aucun mérite, il a été emmené presque malgré lui hors de cette prison.

Un miracle qui rend actif

Pierre était passif dans la prison, et l'ange a dû le secouer. A l'extérieur, l'apôtre reprend ses esprits et devient actif. Maintenant, il n'a plus besoin que l'ange le prenne par la main. Il réfléchit et décide où il va se rendre. Le miracle ne supprime pas sa personnalité, bien au contraire! C'est une délivrance, une sorte de résurrection qui fait passer Pierre de la mort en prison, à la vie en liberté. Dieu a donné du bon sens et de l'intelligence à Pierre, pour qu'il les utilise, une fois dehors. Le miracle n'est jamais au service de notre paresse! Il est donné dans une situation inextricable, au moment où Dieu, dans sa souveraineté, l'accorde par amour.
Pierre se rend auprès de ceux qui priaient pour lui. Il ne garde pas ce miracle pour lui tout seul: il en fait bénéficier toute l'Eglise. La première qui s'en réjouit, c'est Rhode, une servante. Elle fait preuve d'une foi exemplaire: sur une simple parole, elle croit. Mais elle oublie d'ouvrir! La porte de la prison s'était ouverte toute seule, mais celle de l'Eglise reste fermée! Pauvre Pierre, décidément, c'est le monde à l'envers!

Rêve ou réalité?
A l'intérieur, Rhode a du mal à convaincre les membres de l'Eglise. « T'es folle! lui disent-ils, c'est son ange! » Dans la prison, il y avait vraiment un ange, mais Pierre a cru que c'était un rêve. Derrière la porte, il y a vraiment un être humain, mais maintenant l'Eglise croit que c'est un ange! Ils sont tous bouchés! Oui, parfois on n'y comprend plus rien. Mais Dieu veille! Avec beaucoup d'humour, il sait nous surprendre et nous émerveiller, en agissant d'une façon qui nous dépasse. Car Dieu a une absolue maîtrise sur toutes nos situations de vie!
Pierre raconte alors sa libération, et demande aux frères et sœurs d'en informer l'Eglise, pour que tous se réjouissent de cet exaucement de prière! Ce miracle n'est pas un succès personnel. Pierre ne s'attarde même pas à Jérusalem pour le raconter lui-même: il se remet tout de suite en route, pour continuer d'annoncer l'Evangile.

Et Jacques?

« Hérode fit tuer par l'épée Jacques » (v. 2). On passe souvent très vite sur ce verset, tant on est pressé d'arriver au miracle accordé à Pierre. Pourtant, cette petite phrase est comme un garde-fou. Oui, Dieu est le Dieu des miracles! Et il est juste de s'en réjouir! Mais Dieu est aussi ce Père qui a accepté, mystérieusement, que son Fils bien-aimé meure lamentablement sur une horrible croix… En décidant de marcher à la suite du Christ, il est normal d'expérimenter aussi la persécution. La mort de Jacques nous le rappelle. L'Eglise est placée dans une terrible tension: cela n'a pas dû être facile de pleurer Jacques, tout en se réjouissant de retrouver Pierre...
Comment expliquer le miracle pour Pierre et pas pour Jacques? Absolument rien dans le texte ne suggère que Jacques est mort parce qu'il aurait été moins fidèle que Pierre. Il n'y a aucun jugement de valeur sur eux. Pas plus que sur l'Eglise: rien ne dit qu'elle aurait moins prié ou qu'elle aurait manqué de foi pour Jacques. Au contraire, c'est pour Pierre que l'Eglise manque de foi: elle ne peut pas croire qu'il soit sorti de prison!

Hérode en perte de pouvoir...

Au début, Hérode était très actif, poursuivant les chrétiens sans relâche. Ensuite, il s'est heurté à l'impossibilité de retrouver Pierre. Puis il est descendu à Césarée, y passer un peu de temps. Son activité a considérablement faibli. Enfin, il meurt, rongé par les vers. Quelle dégringolade! « Un ange du Seigneur frappa Hérode. » Ce sont les mêmes mots qu'au verset 7: « Un ange du Seigneur frappa Pierre. » Lorsque l'ange frappe un enfant de Dieu, c'est pour le ramener à la vie. Mais lorsqu'il frappe un homme injuste, c'est pour le faire mourir... L'activité d'Hérode ne cesse de décroître, celle de Pierre ne cesse d'augmenter!
Hérode Agrippa n'est mentionné qu'en Actes 12 (1). Ce roi n'a régné que 3 ou 4 ans sur la Judée. Il y a donc maximum 3 ou 4 ans entre le début et la fin de notre chapitre. C'est un détail très encourageant: Dieu n'a pas mis long à répondre aux cris de ses enfants! Hérode était un roi puissant et injuste. Il s'est attaqué aux apôtres, piliers de la première Eglise. La mort si subite d'Hérode, après un règne si court, nous prouve que Dieu veille!

...et l'Evangile progresse!
Pourquoi Dieu n'a-t-il pas délivré Jacques? Les Actes ne l'expliquent pas. Mais ils racontent comment le Seigneur intervient et conduit son peuple. Aujourd'hui, face aux persécutions, prions! Car Dieu entend et, en son temps, il fera justice. Peut-être pas ici-bas, comme la mort de Jacques nous le rappelle. Mais Dieu ne laissera pas le mal régner indéfiniment: la mort subite d'Hérode le prouve! Dieu opère déjà maintenant un certain jugement, en attendant le jugement dernier.
« La Parole de Dieu se répandait toujours plus » (v. 24). Certes, Jacques est mort. Des persécutions, l'Eglise en subira encore beaucoup... Mais Jésus a vaincu tous les pouvoirs mauvais. Demandons-lui son Esprit, pour que nous ayons l'audace d'annoncer l'Evangile et l'amour de Dieu, malgré les persécutions que cela peut nous causer!

Anne-Catherine Piguet
Ergothérapeute et théologienne

Note
1) A ne pas confondre avec son oncle Hérode Antipas, ou son grand-père Hérode le Grand, mentionnés dans les Evangiles.

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