Dieu peut-il rompre son alliance?

mardi 19 juillet 2011
La Bible proclame que Dieu est fidèle, Dieu est amour! Impossible qu'il puisse rompre son alliance, pensons-nous. Pourtant, certains textes sont troublants. 700 ans à l'avance, Moïse annonce déjà une terrible rupture de l'alliance: un exil loin de la terre promise. Ezéchiel, l'un des premiers déportés à Babylone, a une vision de la gloire divine quittant Jérusalem... Comment Dieu peut-il ainsi abandonner son peuple? Lecture d'Ezéchiel 8 et 9.
Dieu promet à Abraham le pays de Canaan (Gn 12.7). Mais ce n'est que 700 ans plus tard que le peuple d'Israël prendra possession de cette terre! Quelle patience il a fallu, pour continuer à croire que Dieu réaliserait ses promesses! Après une si longue attente, on imagine la joie des Israélites, lorsqu'enfin ils ont pu habiter ce pays de délices, où coulent le lait et le miel.
 
Attachés aux promesses... plus qu'à Dieu?
Avec Josué, Israël remporte de grandes victoires sur les Cananéens. Le peuple obéit à l'Eternel, et conquiert petit à petit le pays promis. Quand de telles promesses se réalisent, on se sent fort. Trop fort? Après la mort de Josué, Israël néglige de conquérir le reste du pays. Résultat: « Les Israélites firent ce que l'Eternel considère comme mal, et ils se mirent à rendre un culte aux dieux Baals. Ils abandonnèrent l'Eternel... » (Jg 2.11-12).
Israël est gouverné par des Juges, puis des Rois. Lorsque ceux-ci obéissent à l'Eternel, le peuple prospère. Mais plus le temps passe, plus ces gouvernants se détournent de Dieu. Et c'est la gabegie! En 597 av. J.-C., Nabuchodonosor assiège Jérusalem. Il emmène à Babylone l'élite, dont Ezéchiel fait partie. Israël aura vécu à peine 700 ans sur la fameuse terre promise... Dieu a-t-il laissé tomber ses promesses?
 
Mission difficile
Ezéchiel a trente ans, l'âge où les prêtres commencent leur service. Mais impossible pour lui d'exercer la prêtrise: exilé à Babylone, loin du temple, il ne peut offrir les sacrifices prescrits par la Loi. Et voilà que Dieu lui confie une autre tâche: raconter aux déportés les visions du Seigneur. Dieu montre sa gloire à Ezéchiel. Quel privilège et quelle glorieuse mission!
Mais le Seigneur lui dévoile aussi les horribles crimes commis par Israël: « Fils d'homme, je t'envoie vers les Israélites, vers cette foule de rebelles qui se sont révoltés contre moi... vers ces gens à la tête dure et au cœur insensible, pour que tu leur dises: Voici ce que déclare le Seigneur, l'Eternel... Quant à toi, fils d'homme, ne les crains pas et ne crains pas leurs paroles... » (Ez 2.3-6). Dénoncer les crimes d'Israël, telle sera la lourde tâche d'Ezéchiel.
 
Super religieux, ces Israélites...
Soudain, le prophète sent une main le saisir par les cheveux. Le voilà emmené en vision dans le temple de Jérusalem et... horreur! Il voit une statue fièrement dressée dans l'entrée de la cour, sous les yeux du peuple. Quelle provocation pour le Dieu vivant, seul vrai Seigneur!
Ezéchiel est emmené dans la cour du temple. Et là, toutes sortes de bêtes et d'idoles sont gravées sur le mur: « 70 hommes, responsables de la communauté d'Israël, se tenaient debout devant les idoles, chacun d'eux avait en mains son encensoir d'où s'élevait le parfum d'un nuage d'encens... » (Ez 8.11). Les politiques s'arrogent le droit d'offrir des parfums, alors que cette tâche était réservée aux prêtres! Ils usurpent le pouvoir religieux, et, avec légèreté, ils s'exclament: « L'Eternel ne nous voit pas! L'Eternel a abandonné le pays » (Ez 8.12).
Maintenant, le prophète est amené à l'entrée du temple, où des femmes pleurent la mort du dieu Tammouz... Lamentations et offrandes caractérisent ce culte émotionnel, rendu au dieu de la végétation. Quel affront de pleurer un dieu mort, dans le temple du Dieu vivant!
Puis Ezéchiel visite la cour intérieure, où 25 responsables religieux adorent le soleil levant, ce qui les oblige à tourner le dos au temple. Quel symbole! Tous – peuple, chefs politiques, femmes, responsables religieux – se détournent de l'Eternel, pour pratiquer leur religion idolâtre. Et comble du drame, ils abandonnent le Seigneur dans le lieu où il avait établi sa Présence...
 
Sans pitié et sans merci
Face à une telle corruption, Dieu est en colère: « Je n'aurai pas un regard de pitié et je serai sans merci. Ils auront beau crier à tue-tête vers moi, je ne les écouterai pas » (Ez 8.18). A six reprises, l'Eternel répète son verdict: sans pitié et sans merci (1)! Il ne pardonnera plus. La religiosité des Israélites ne les sauvera pas.
Le Seigneur envoie ses anges destructeurs. Qu'il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant! Cinq ans après cette vision, Jérusalem sera à nouveau ravagée par Nabuchodonosor. Mais cette fois, les maisons importantes et le temple seront incendiés, et les murailles détruites... Les « super religieux » périront sur les lieux de leurs cultes idolâtres.
 
Et la grâce, dans tout ça?
Même dans sa colère, Dieu reste toujours juste. En plus des six destructeurs, il envoie un homme habillé de lin. Ce tissu, porté par les prêtres et les rois, symbolise la pureté et la richesse. L'homme est-il prêtre et roi? Autour de sa taille, il a attaché son écritoire. Est-ce le livre de vie, où sont inscrits les noms des élus (2)? Avant que cet homme entre en action, la gloire de Dieu sort du lieu très saint et se poste sur le seuil du temple, prête à quitter les lieux.
Alors Dieu dit à l'homme vêtu de lin: « Passe au milieu de la ville de Jérusalem et marque d'une croix sur le front les hommes qui gémissent et se plaignent à cause de toutes les pratiques abominables qui se commettent dans cette ville » (Ez 9.4). Dieu fait grâce aux Israélites fidèles: les destructeurs verront la marque sur leur front et les épargneront!
 
Ezéchiel, un témoin audacieux
Le jugement commence dans la maison de Dieu (3) contre les « super religieux ». Puis dans la ville, tous ceux qui n'ont pas la marque, jeunes et vieux sont exterminés. Quel désastre! Ezéchiel tombe à genoux et crie: « Ah! Seigneur Eternel, en déchaînant ainsi ta colère sur Jérusalem, vas-tu exterminer tout ce qui reste d'Israël? » (Ez 9.8).
Le jugement se réalise. Le prophète comprend que l'intercession n'est plus possible. Mais il ne reste pas muet pour autant! Sa question est audacieuse: si Dieu extermine tout Israël, comment l'alliance subsistera-t-elle? Et si les seuls rescapés sont exilés à Babylone, que deviendra Jérusalem et la terre promise?
 
Le péché, un problème épineux
L'Eternel récite la longue accumulation de péchés, prouvant que son jugement est juste. Car les Israélites eux-mêmes ont rompu l'alliance par leur perversité. Ils souillent le pays en répandant le sang innocent, et s'exclament: « L'Eternel a abandonné le pays, l'Eternel ne nous voit pas » (Ez 9.9). A cause du péché, la rupture est inévitable. Mais alors, comment le Seigneur réalisera-t-il ses promesses?
Si l'alliance demeure, c'est grâce à Dieu seul. Déjà, l'homme vêtu de lin revient de mission. Il a marqué les Israélites fidèles d'une croix... tout un symbole! Le tri est opéré, non selon la race, mais selon la foi. C'est logique: pour être dans l'alliance, il faut placer sa confiance dans le Dieu de l'alliance!
 
Très fort, Seigneur!
Dieu n'est pas fragile au point de rompre. Certes, il punit ceux qui s'entêtent à faire le mal. Mais ses promesses ne sont pas des paroles en l'air! Elles s'accomplissent pour ceux qui se détournent de leurs péchés, et accueillent avec joie la marque de la croix dans leur vie...
 
Anne-Catherine Piguet
 
Notes
1 Ez 5.11; 7.4, 9; 8.18; 9.5, 10.
2 Dt 32.32; Dn 12.1; Ph 4.3; Ap 21.27.
3 1Pi 4.17.

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