« Chercher la restauration de son hétérosexualité : une démarche honorable » par Christian Bibollet

mardi 22 janvier 2013
Offrir aux homosexuels d’être restaurés dans leur identité hétérosexuelle, c’est l’offre de plusieurs associations chrétiennes. Dans le débat actuel sur les droits des Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, un tel propos dérange. Christian Bibollet, théologien évangélique, se risque à un plaidoyer pour que cette offre soit perçue de manière positive. Il y va de la liberté d’expression à l’endroit de l’idéologie LGBT… et d’un mieux-être possible de certains homosexuels.
En tirant habilement parti du climat de bienveillance généré par la défense des « droits humains », l’idéologie développée autour de la cause homosexuelle (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) s’est progressivement imposée dans le paysage médiatique comme celle d’une minorité opprimée. Mais dans la défense de cette idéologie, il arrive à certains de ses lobbyistes d’oublier que toute idéologie est critiquable et qu’il est légitimement possible de proposer d’autres approches de l’homosexualité que la leur. En lançant une pétition intitulée « Mettons fin aux séminaires pour ‘guérir’ l’homosexualité », l’organisation All Out a illustré ce problème il y a quelque temps. D’abord parce qu’elle a imputé à tort à l’association Torrents de vie (1) le but de « guérir l’homosexualité ». Ensuite parce qu’elle a dénoncé toute démarche d’accompagnement de personnes homosexuelles qui aspirent à être restaurées dans leur hétérosexualité comme un danger pour leur vie ou comme une atteinte à leur dignité.
 
Un agenda préoccupant pour nombre de personnes
Pour autant que je sois correctement informé, Torrents de vie ne fait pas de prosélytisme « anti-homosexuel ». Cette association propose simplement des lieux d’écoute et invite les participants à ses cours à une réflexion sur l’identité personnelle. Faut-il nécessairement considérer cela comme une démarche suspecte ? Si All Out la tient pour telle, il faut alors se demander ce qu’est la mission exacte de cette association ? Parle-t-elle au nom de tous les homosexuels ? Et est-elle habilitée à prononcer des mises en garde ou des menaces contre ceux qui offrent un accompagnement aux personnes qui ne sont pas en paix avec leur homosexualité ?
Même si All Out s’exprime sur un ton péremptoire, il est évident que sa cause est loin d’être incontestable. A cet égard, il faut souligner que l’idéologie LGBT cherche à promouvoir un agenda éthique et social très préoccupant pour un nombre important de personnes (mariage, adoption et procréation médicalement assistée pour les personnes homosexuelles). Et les réserves ou la perplexité que suscite un tel agenda ne peuvent pas être simplement imputées à des préjugés. Bien des gens sentent en effet que cet agenda se développe au détriment de valeurs culturelles universelles qui contribuent à la pérennité des sociétés.
 
L’homoparentalité n’offre pas un cadre équivalent
Or, tout ce qui porte atteinte à cette pérennité – dont le mariage hétérosexuel est l’un des fondements – entraîne toujours des coûts personnels, sociaux et économiques indéniables. Une étude récente réalisée par le sociologue Mark Regnerus de l’Université d’Auston au Texas (2), corrobore ce point. La recherche qu’il a conduite sur près de 3 000 adultes ayant grandi dans huit structures familiales différentes, montre que les adultes issus de familles « traditionnelles » sont en meilleure santé mentale et physique et sont moins enclins à consommer des drogues. A l’inverse, les enfants issus de couples homosexuels, en particulier de couples féminins, ont davantage de difficultés dans leurs relations amoureuses, ont un revenu inférieur et souffrent de difficultés psychologiques plus nombreuses. Cette étude a fait l’objet d’attaques virulentes. Mais après un examen serré des procédures suivies par son auteur, l’Université d’Auston a publiquement reconnu que la méthodologie adoptée pour cette recherche respectait les critères de rigueur scientifique et ne révélait aucune pratique partisane.
Une telle étude nous contraint à l’honnêteté. Elle ne nous permet pas de soutenir que l’homoparentalité offre à l’enfant un cadre émotionnel équivalent à celui d’un couple hétérosexuel. Elle souligne au contraire que tout ce qui fait obstacle à la contribution d’un père et d’une mère au développement de leur enfant a un coût psychologique et social réel pour ce dernier.
 
Les deux convictions contestables des associations LGTB
Cela dit, quelle idéologie promeuvent les différentes associations LGTB ? Elles semblent mettre en avant deux convictions fondamentales. Premièrement, elles considèrent qu’il revient à l’individu seul de déterminer son orientation sexuelle « réelle ». Deuxièmement, elles soutiennent l’idée que la Loi doit garantir aux intéressés les droits nouveaux qu’implique leur orientation. Malheureusement, ces deux convictions posent problème. D’abord, en postulant la liberté de chacun de définir son identité sexuelle, cette idéologie brouille la notion d’identité personnelle. Si les caractéristiques physiques n’indiquent pas le genre de la personne, il semble effectivement difficile d’éviter une profonde confusion identitaire et sociale. Ensuite, cette idéologie porte atteinte au modèle hétéro parental comme fondement et symbole d’un édifice social cohérent et le mieux à même d’affronter les crises de la vie.
Demander à une société de renoncer à l’idée que l’identité sexuelle est, pour l’essentiel, génétiquement déterminée et promouvoir les familles homosexuelles comme une alternative valable à la famille hétérosexuelle, c’est, en fin de compte, réclamer de cette société qu’elle dévalue l’idée fondamentale qu’hommes et femmes sont appelés à partager leur vie pour qu’une société puisse exister et durer. A ce stade, il faut donc très sérieusement se demander si c’est à la Loi de défendre une idéologie qui porte atteinte aux valeurs fondamentales sur lesquelles les sociétés humaines se construisent.
En démocratie, il est au moins permis de poser la question. Mais a-t-on suffisamment usé de notre liberté d’en discuter ? Les débats qui ont eu lieu jusqu’à présent n’ont-ils pas été souvent dominés par l’émotion plus que par une évaluation objectives des faits ? Et la réflexion n’est-elle pas, pour cette raison, restée captive des intérêts d’une minorité qui ne représente, au mieux, que 2 à 3% de la population ?
 
Valoriser tout effort en vue de la restauration de l’identité sexuelle
A leurs deux convictions fondamentales – liberté de définir leur orientation sexuelle et droit d’être traitées comme des couples normaux – les personnes homosexuelles qui déclarent avoir conservé la foi en ajoutent une troisième : celle d’être comprises par Dieu. De leur point de vue, un Dieu d’amour ne peut pas être contre des gens qui s’aiment. Malheureusement, cette affirmation pose elle aussi problème. Il est vrai que Dieu aime tous les hommes qu’il a créés à son image. Mais en créant l’être humain, il l’a fait homme et femme, masculin et féminin, et c’est cette distinction qui détermine l’identité de chaque individu et rend possible l’humanité que Dieu a appelée à la vie. Que Dieu soit amour ne peut donc pas être invoqué contre le fait qu’il a lui-même instauré le mariage comme un partage impliquant un homme et une femme.
Cette affirmation, au lieu de clore le débat ou de le rendre inutile, l’ouvre en fait à sa véritable dimension. Car, quelle que soit la façon dont on considère l’homosexualité, elle n’est pas le sujet central. La question capitale, c’est que les êtres humains, hommes et femmes, doivent affronter la question de leur identité sexuelle et du caractère égal et nécessaire de l’autre sexe. Et sous ce rapport, il faut reconnaître que si certaines personnes affirment être heureuses de leur homosexualité, beaucoup d’autres souffrent et désirent trouver un chemin de restauration de leur hétérosexualité. Nos sociétés ne deviendront donc pas plus justes en renonçant à leurs valeurs fondamentales, mais en valorisant tout effort visant à soutenir ceux qui cherchent la restauration de leur identité sexuelle.
 
Christian Bibollet / 8 janvier 2013
 
Notes
  1. Le site de l’association Torrents de vie. 
  1. Mark REGNERUS, « How different are the adult children of parents who have same-sex relationships? Findings from the New Family Structure Study », Social Science Research, vol. 41, 2012, pp. 752-770.

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