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Jean-Jacques Meylan interpelle Gilles Bourquin, co-rédacteur en chef de "Réformés"

Jean-Jacques Meylan dimanche 04 février 2018

Dans le milieu évangélique, le pasteur Jean-Jacques Meylan est connu pour son livre L’amour mal aimé. Jésus, l’ami des homosexuels. Il réagit ici à la publication de la photo Crucifix et du dossier « Orientations sexuelles, accueillir la différence » de Réformés, le journal des Eglises réformées de Suisse romande.

Quel paradoxe entre le Gilles Bourquin de la soirée du 30 novembre 2017, qui, lors du spectacle « Painting Luther » de la compagnie « La Marelle », s’insurgeait en public contre l’aplatissement sécularisé que l’auteur de la pièce fait de Luther et celui du plaidoyer en faveur d’une lecture revisitée de la question de la différenciation sexuelle !

Autant le premier tenait un discours plein de sens invitant à nous ouvrir à la transcendance, autant le second distille, dans son argumentation qui justifie la publication du dossier susmentionné, une rhétorique moralisatrice, banale et vide de sens.

Un effet incitatif

Ce qui me gêne le plus dans le traitement de ce dossier est son manque de professionnalisme. Les auteurs font l’apologie des LGBTI sans jamais aborder deux éléments fondamentaux. D’une part, à l’amont, ils ne parlent pas de la modification des paramètres psychosociaux de notre société. Cette évolution, conjointe aux nouvelles performances de la médecine, ont un effet incitatif sur ceux et celles qui croient pouvoir remédier à leur mal-être par un changement de morphologie. Certes ces malaises psychosociaux ont existé de tout temps, mais ils étaient cantonnés au domaine des interrogations douloureuses de l’humain dans sa finitude.

Pas d’écoute des souffrances au terme du parcours

Secondement, vous n’évoquez jamais les souffrances et les difficultés que beaucoup de transgenres vivent au terme de leur parcours psychologique et chirurgical. Leurs souffrances révèlent que la réalisation de leur désir de changer de sexe ne solutionne pas leur trouble profond. Il vaudrait la peine que vous fassiez une enquête sérieuse à ce sujet. Ces personnes méritent mieux qu’une opération chirurgicale ou un accueil inconditionnel. Puissent nos Églises prendre en compte leurs souffrances d’une manière réellement empathique !

Aimer les homosexuels, aimer les transgenres, c’est une évidence. Nous en avons assez dans nos propres familles pour mettre cette exhortation en pratique. Mais de là à les « christifier », il y a un pas infranchissable.

Jean-Jacques Meylan
Auteur du livre L’amour mal aimé. Jésus, l’ami des homosexuels, Dossier Vivre no 24, Genève, Je sème, 2005, 104 p. A télécharger gratuitement ou à commander ici.