Le porno détruit

vendredi 12 février 2010

La pornographie a tout d’une drogue. En consommer, c’est en vouloir rapidement plus jusqu’à en dépendre. Ses grands dangers : elle détruit la personnalité de ses consommateurs et nie la relation entre deux partenaires.

« La pornographie est malsaine parce qu’elle réduit les personnes à leur sexe, résume à Genève le théologien Eric Fuchs. Elle nie la relation au sens profond du terme et n’engage à rien. Les sites d’ailleurs se visitent. Il n’y a là aucune expression d’un amour, d’une tendresse, d’une promesse ; c’est vide. C’est le contraire d’un partage qui se construit, qui suppose un engagement envers quelqu’un et qui requiert du temps, une notion d’ailleurs bien mise à mal dans notre société. »
Les images, clips et films pornographiques humilient de surcroît la femme, réduite à un véritable objet de plaisir, relève le théologien. Et ils transforment les internautes en voyeurs. « Nous avons là une sorte d’abêtissement de la personne humaine. L’homme et la femme ont certes des pulsions, mais ils doivent les mettre au service d’une relation vraie, au profit d’une sexualité vécue et féconde. » Dans les images et les films pornographiques, aucune affection, estime ou considération réciproque. L’amour est réduit à la stricte utilisation des parties génitales et c’est déshumanisant.
 
Une mémoire marquée au fer rouge
« La pornographie détruit la personnalité de celles et ceux qui s’y adonnent, lui fait écho le thérapeute familial français Bertrand Audéoud. Parce qu’elle marque au fer rouge leur mémoire, détruit leurs relations et entrave l’éclosion de rapports sains et profonds entre eux et un partenaire. » Si la pornographie procure un plaisir fort en déclenchant une hormone (l’épinéphrine) dans le cerveau, cet effet est décuplé quand l’image est associée à la masturbation. « Et cette masturbation compulsive provoque une très mauvaise estime de soi. »
La pornographie est pourtant le produit internet le plus recherché. Les 260 millions de pages qui existent sur le sujet rendent de plus en plus de personnes « accros » : selon des compagnies américaines de filtrage internet (ndlr : N2H2, Internet Filter Review, ComScore Media Metrix), deux hommes sur 3 et une femme sur 3 sont contaminés.
A l’image de la drogue, son consommateur y recourt de plus en plus fréquemment jusqu’à entrer dans une spirale sordide : « Du soft, il recherche rapidement du hard », met en garde Bertrand Audéoud. La dépendance à la pornographie est alors comparable à celle qu’entraînent l'alcool ou les drogues dures et peut nécessiter un véritable sevrage.
 « Les pornographes ont deux publics-cible : les 12-15 ans et les 50 ans et plus, relève le thérapeute. Les premiers car une fois harponnés, ils seront clients à vie, et les seconds parce qu’ils ont de l’argent, une libido sur le déclin, et parce que ce qu’ils ne vivent plus à la maison, ils vont le chercher ailleurs. »

Un leurre de l’intimité
« Il est important que les gens comprennent que la pornographie est un leurre de l’intimité. Que celle-ci n’existe que là où notre être profond est connu et aimé comme il est. Et cette intimité vraie demande un face à face réel, exige une relation entre deux personnes », martèle Bertrand Audéoud. « La sexualité a ceci d’intime qu’elle se passe toujours entre deux personnes. Et elle devrait toujours s’inscrire dans une histoire, où la tendresse et la douceur sont présentes. L’amour, ce n’est pas du spectacle ! »
Gabrielle Desarzens

  • Encadré 1:

    « La pornographie peut « bousiller » ta vie! »
    « Tu es devant ton ordi, tu vois une petite pub qui s’affiche une fois que tu as le moral dans les talons, et puis tu te dis : ‘Bah’, que c’est juste une image, que tu vas juste regarder. Et ce n’est pas juste une image : c’est un hameçon qui risque de tout te voler ! »
    Dans son atelier de St-Imier, le bédéiste Alain Auderset n’a pas peur de parler clair. Plusieurs pages de ses albums concernent la pornographie et c’est en partie autobiographique. « Tu cliques sur une photo, et puis il y en a plein d’autres qui s’ouvrent après. Tu vas voir plus loin, plus violent, et cela fausse toute ta façon de voir les choses, souligne-t-il. Ce n’est pas la vraie vie. Sur internet, tu actionnes ta souris et ‘paf’ ! il y a des filles fin prêtes à faire l’amour. Rien à voir avec la réalité. Tout cela a créé des attentes, des malentendus et des frustrations dans mon couple. La pornographie est en décalage total avec la vraie vie et ça peut te la bousiller. »
    Alain Auderset a réussi à s’en sortir en en parlant à son pasteur et en s’engageant volontairement à aller le visiter chaque fois qu’il surferait sur un site porno. Cet engagement l’a petit à petit dissuadé de continuer et l’a libéré de la prison de la pornographie. « Avec mes BD, je ne fais pas la morale, mais je rejoins les gens. Sans ‘déconner’, la foi chrétienne est vraiment une aide réelle pour la vie au quotidien. »
    G.D.

  • Encadré 2:

    Désir et tendresse
    Dans son livre Le désir et la tendresse, pour une éthique chrétienne de la sexualité (Paris, Albin Michel, 1999), Eric Fuchs nous montre notamment que l'Evangile permet à l'homme et à la femme une pleine reconnaissance de la valeur spirituelle de l'érotisme. Au-delà de la mode d'une « libération sexuelle » dont il met en évidence les écueils, il clarifie les principes d'une véritable éthique chrétienne de la sexualité, où l'amour humain s'inscrit dans un projet de liberté, de fidélité et de conjugalité. Un livre de foi et de sagesse vivante qui nous appelle à rendre féconde la tension entre le désir, pulsion de vie personnelle, et la tendresse, reconnaissance émerveillée de l'autre dans toute sa radicalité.
    G.D.

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