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«Accueillir un demandeur d'asile chez soi, c'est possible!» par Claude-Alain Baehler

vendredi 22 mai 2015

Dans le canton de Vaud, il est possible, pour des familles, d'accueillir des demandeurs d'asile. Cela se passe avec l'aide de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés, ainsi que de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants.

« En voyant la situation en Syrie, je me sentais tellement impuissante, explique Anick Christen, à Lussy-sur-Morges. C'est pourquoi, lorsque j'ai entendu parler de ce projet d'accueil de demandeurs d'asile dans des familles, j'ai pris contact avec l'Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR).

En effet, l'OSAR souhaite développer un réseau de familles capables d'accueillir des demandeurs d'asile qui ont de bonnes chances de rester en Suisse. « Nous souhaitons proposer de l'hébergement privé à côté du système habituel, précise Stefan Frey, chargé de communication de l'OSAR. Cela permettrait aux demandeurs d'asile de se familiariser plus rapidement avec notre société. » Dans le canton de Vaud, l'expérience est menée en collaboration avec l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM).

Permettre une intégration rapide

Anick et Alain Christen, avec leurs deux enfants de 5 et 8 ans, sont les premiers à tenter l'expérience. Depuis le 1er mars, ils accueillent Morad Essa, un demandeur d’asile érythréen de 24 ans. Ils vivent une partie de leur vie de famille avec lui et constatent : « On se marre avec lui. On ne se comprend pas toujours et on en rigole. Il fait partie de la famille, même s'il est adulte et autonome. Et on sait qu'un jour il partira. »

En effet, de tels placements sont destinés à être provisoires : normalement six mois, avec la possibilité d'arrêter avant si les choses ne se passent pas bien. Durant ces séjours, les demandeurs d'asile peuvent s'intégrer rapidement à leur nouvelle culture, se former et devenir autonomes. Ainsi, Morad Essa se réjouit de pouvoir devenir « comme les Suisses », apprendre le français et entreprendre une formation de mécanicien.

Les enfants de la famille Christen jouent au foot, au loto, aux cartes, à l'ordinateur avec Morad. Ils l'ont adopté comme un grand frère. Et tous s'attendent à une belle aventure humaine.

 

  • Encadré 1:

    Que font les Eglises ?

    Le Réseau évangélique suisse (RES) collabore avec l’OSAR, dans le développement de projets destinés à faciliter l'accueil, l'accompagnement et l'intégration des migrants. Le premier fruit de cette collaboration est un texte intitulé Code de conduite pour les accompagnateurs/trices de migrants. Ce document, disponible en français et en allemand, permet à des chrétiens et à des Eglises de développer des comportements adéquats dans leur façon de venir en aide au nom du Christ. Il est par exemple stipulé que « les accompagnateurs/trices de migrants (...) évitent toute forme d’abus d’autorité dans le domaine religieux », mais « sont libres de parler de leur foi ».

    « L'OSAR est prête à collaborer avec des chrétiens, souligne Norbert Valley, le président du RES. La plupart des personnes qui ont reçu un permis F vont rester en Suisse. Elles devront s'intégrer, trouver du travail. Nous pouvons les aider à le faire. » Le RES est prêt à renseigner et aider des personnes qui aimeraient se proposer pour l'accueil de demandeurs d'asile chez elles.

    D'autres initiatives sont à souligner. Par exemple, l'Eglise réformée zurichoise a fait l'inventaire de ses locaux susceptibles d'être utilisés en vue de l'accueil de demandeurs d'asile. Les Eglises réformée et catholique du canton de Vaud se préparent à une démarche similaire. Du côté évangélique, un premier projet d'accueil est en cours d'élaboration dans le canton de Berne.

    Claude-Alain Baehler

  • Encadré 2:

    Quelques sites web utiles
    Le Réseau évangélique suisse.
    L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés.
    L’Etablissement vaudois d'accueil des migrants.