« Débat 'No Billag' : il faut soutenir le journalisme évangélique », une prise de position de Serge Carrel

Serge Carrel vendredi 05 janvier 2018 icon-comments 3

Le débat autour de « No Billag » permet d’attirer l’attention sur l’importance d’allouer des moyens financiers aux médias évangéliques. A Phare FM Romandie, à TheoTV, mais aussi à lafree.ch. C’est en tout cas le point de vue de Serge Carrel.

Et si la votation sur l’initiative « No Billag » était l’occasion de donner de l’ampleur à la présence médiatique et au journalisme évangéliques en Suisse ? En 2017, deux médias évangéliques de large diffusion publique font partie du paysage médiatique romand. Il y a tout d’abord depuis fin 2015 la diffusion via le DAB+ de la chaîne de radio Phare FM Romandie, confectionnée à Bevaix par Radio Réveil via une reprise de la station française Phare FM. A l’automne 2017, il y a aussi l’arrivée massive de TheoTV sur la chaîne régionale MaxTV, avec 70% de programmes évangéliques disponibles via les plus importants distributeurs de bouquets TV de Suisse.

La baisse de la redevance, l’occasion d’un don aux médias évangéliques

Du côté de chacune des directions de ces deux médias évangéliques, la question du financement se pose avec une acuité certaine. La survie tant du média radio que du média TV est précaire. La redevance allouée au service public et à d’autres prestataires passera en 2019 de 451 à 365 francs. Cette baisse pourrait dégager dans le budget des ménages évangéliques une « redevance volontaire » (1).

Cette « obole médiatique » permettrait d’assurer la survie et le développement de médias qui font retentir le message et la vision du monde évangéliques pour le grand public en radio, en TV (2), mais aussi sur le web via des sites consacrés à l’actualité ou au développement de thèmes importants pour la vie des chrétiens d’aujourd’hui (lafree.ch, evangeliques.info et d’autres).

L’occasion de faire davantage de place à la diversité des points de vue

La Suisse a besoin de davantage de diversité dans le domaine médiatique. Le développement de cette diversité et l’ouverture à davantage de confrontation des visions du monde passent par une diminution de la présence du service public. Hégémonique sur tous les vecteurs importants de communication en dehors de la presse écrite, il limite le débat en ne permettant pas la pleine expression des opinions. Cette omniprésence rend aussi difficile l’éclosion de nouveaux acteurs qui pourraient donner de la substance à la pluralité du corps social helvétique.

Serge Carrel, journaliste lafree.info                                                                                     

Note
1 Selon la formule du directeur de Radio Réveil : Emmanuel Ziehli, « Redevance volontaire ? », dans la Lettre de nouvelles de Radio Réveil no 12, 2017, p. 1.
2 On peut aussi mentionner l'émission évangélique « Ma foi, c'est comme ça » diffusée sur Canal Alpha et financée par MédiaXion.

3 réactions

  • Claude Paroz vendredi, 12 janvier 2018 15:43

    Cher Monsieur Carrel,

    Je suis globalement assez d'accord avec votre avis concernant une baisse raisonnable de la redevance radio/TV qui interviendra l'année prochaine.
    Par contre, vous restez (volontairement, j'imagine) énigmatique concernant votre avis sur l'initiative No Billag. J'ai lu récemment que le parti UDF recommandait le oui à l'initiative.

    Je ne suis pas sûr que les chrétiens de Suisse réalisent l'importance d'une source d'information publique performante au service de la démocratie et d'un minimum de neutralité. Évidemment, le service public a tendance à favoriser la pensée dominante qui n'est pas particulièrement favorable aux chrétiens. Par contre, elle est quand même soumise à certaines règles, ce qui permet par exemple de se plaindre auprès d'une autorité indépendante. Essayez de faire de même chez Google ou Facebook et vous m'en donnerez des nouvelles.
    Je suis convaincu que les chrétiens confessants, en tant que minorité, ont intérêt à défendre les médias publics, même si ceux-ci ne favorisent pas toujours leurs points de vue. À l'heure où certains extrémismes montent en puissance en Europe, je ne crois pas que c'est en laissant l'espace médiatique aux prestataires privés que nous pourrons mieux défendre les valeurs de l'Évangile. Je voterai donc clairement non à l'initiative.

    Amicalement.

  • Lecteur anonyme samedi, 13 janvier 2018 11:28

    Bonjour,

    Quel débat intéressant ! Votre point de vue est très bien argumenté, et la réponse de M. Paroz très pertinente également.

    *Evidemment, si on abandonne le système de subventionnement public, cela laisse la porte ouverte à un morcellement du paysage médiatique. A mon avis, contrairement à ce qu'on nous dit actuellement, il n'y aura pas de disparition de l'offre, mais par contre certainement une modification du contenu.

    Risque : la Suisse peut se retrouver livrée aux groupes financiers étrangers, plus riches et plus puissants et on peut se retrouver avec des programmes de chaînes françaises et 30 min d'infos suisses si tout va bien.
    Opportunité : c'est effectivement l'occasion de plus lire la presse régionale, de financer des chaînes locales et pour les chrétiens de s'engager par l'intermédiaire des médias. Si on vote "No Billag", il faut s'engager en conscience à pratiquer cette redevance volontaire et engagée dont vous parlez, sinon on n'est pas cohérent.

    *M. Paroz a toutefois raison, chrétiens comme non chrétiens, nous avons tous intérêt à avoir une source d'information de qualité, fiable, neutre et qui œuvre pour le bien commun. Supprimer la redevance peut mettre ceci en danger.

    Est-ce qu'une solution intermédiaire ne serait pas possible: une "couverture de base", comme la LAMAL, qui ne financerait pas les films, le sport, les divertissements, mais plutôt les infos, les reportages sur la société, la culture. Et une "couverture complémentaire" privée, qui couvrirait les besoins en divertissement et en informations spécifiques de la population. Ce serait en quelque sorte une cure d'amaigrissement du service public, avec un mandat un peu plus restreint. Difficile de trancher dans un sujet si complexe.

    Merci pour vos réflexions.

  • Marc-Etienne dimanche, 21 janvier 2018 20:02

    OUI, merci pour vos excellentes réflexions ! Il est en effet difficile de trancher dans un débat où l'on nous dit et redit qu'il n'y a pas de plan B. Et c'est vrai qu'il n'y en aura certainement d'autant moins si nous votons non à l'initiative...

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