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Yvonne Dind : « Je crois à l’égalité de tous les peuples sur cette terre »

mardi 05 septembre 2017

Elle a vécu 30 ans en Afrique et y retourne cet automne pour souffler ses 80 bougies. Yvonne Dind, infirmière et membre de l’Eglise de Villard à Lausanne (FREE), a l’entraide chevillée au corps et l’injonction biblique d’aimer son prochain comme boussole.

 Cet article est le premier d’une série de portraits qui seront l’objet, sous myfreelife.ch, d’une rubrique « Ce que je crois ».

« L’idée germe en moi depuis un an et cela se concrétise : dès la mi-octobre, je pars deux semaines et demie au Congo RDC où j’ai tant d’amis... et où j’ai quand même passé 28 ans de ma vie sur les 30 vécues en Afrique ! » A en parler, Yvonne Dind vibre encore. « Les trois quarts de ma vie professionnelle se sont déroulés sur ce continent, vous savez, ce n’est pas rien ! » Dans son appartement lausannois (VD), la presque octogénaire garde précieusement une harpe africaine, donnée par l’Institut d’enseignement médical de Nyankunde : « Elle me rappelle tous les collègues et élèves que j’ai côtoyés, toutes les amitiés qui se sont forgées au cours des années, tout le partage vécu », commente-t-elle. Yvonne Dind entend d’ailleurs s’y rendre ; puis fêter dignement ses 80 ans à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, avec les membres de la communauté Emmanuel, « qui est l’équivalent africain de la FREE ». Lolwa, plus à l’ouest, est le troisième point de chute qu’elle s’est fixé : « C’est là que j’ai créé une école d’infirmiers il y a 34 ans. J’y ai passé mes 7 dernières années congolaises. Bon, pour être honnête, il semble qu’elle ne va actuellement pas fort. J’attends justement un téléphone aujourd’hui pour en savoir plus et j’aviserai une fois sur place. »

« L’assurance d’être là où Dieu me veut »

Yvonne Dind a aussi été envoyée au Rwanda par l’Aide suisse en cas de catastrophe en 1994, quelques mois après le génocide. Puis, en 1997, elle y a été cheffe de projet pour créer la section d’infirmières et sages-femmes  de l’Institut supérieur de santé à Kigali. « Quand c’était vraiment difficile, avec des relents de guerre et d’atrocités, j’ai tenu le coup en ayant l’assurance que j’étais là où Dieu me voulait », souligne-t-elle. Cette femme au caractère bien trempé s’est toujours montrée entière. Jusque d’ailleurs dans les excuses qu’elle a présentées parfois, quand elle a eu le sentiment d’avoir blessé quelqu’un. Et jusque dans ses observations : « La présence sur le terrain d’agents de l’ONU, d’expatriés, font souvent augmenter les prix. En fin de compte, l’aide apportée peut conduire à des situations décourageantes pour les locaux les plus démunis, alors que d’autres en tirent profit en vendant plus cher leurs produits au marché : ce n’est jamais simple ! »

Accepter les différences

Aujourd’hui, Yvonne Dind considère Lausanne, où elle habite, comme sa terre de mission. « Et ce n’est de loin pas le terrain le plus facile », glisse-t-elle. C’est pourquoi le verset « aime ton prochain comme toi-même » lui tient pareillement à cœur. « Car où que je me trouve, il implique le respect de l’autre, de sa culture, de sa façon de raisonner ; bref, d’accepter les différences », conclut-elle. La harpe, c’est cela aussi : plusieurs cordes, une foison de notes, d’accords et de mélodies, parfois tristes mais toujours vivantes, à l’image du vivre ensemble.

Gabrielle Desarzens

 

  • Encadré 1:

    Ce que je crois : « Je crois à l’égalité de tous les peuples sur cette terre. Mais hélas, tant de fois de trop nombreux peuples se sont vus bafoués, privés de leurs droits ! »

    Ce que je ne crois plus : « Je ne crois plus en l’homme « tout bon », « tout gentil », « tout honnête ». Que d’histoires tragiques n’ai-je pas entendues et vues... »

    Ce que je ne crois pas : « Malgré les fantastiques progrès de la science et de l’incroyable génie humain, je ne crois pas à la toute-puissance de la médecine. »

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