Les 50 ans et plus : les nouvelles forces vives du développement

vendredi 05 juin 2009
Il y a une vie après les responsabilités professionnelles : de plus en plus de quinquagénaires et de retraités mettent leurs expériences au profit de projets d’aide dans les pays du Sud. Avec bonheur et pour le bénéfice de tous. Enquête.

Les quinquagénaires sont de plus en plus nombreux à quitter la vie dite active pour se retrouver en préretraite ou en retraite anticipée. De sorte que, vu l’espérance de vie, le temps de la retraite correspond aujourd’hui à la moitié de la vie professionnelle. « Celles et ceux que l’on appelle les seniors sont riches en expériences, en sagesse, et n’ont ici plus de défis à relever. Même dans nos Eglises où il n’y a pratiquement plus d’activités qui leur soient dévolues ; c’est comme si on n’avait plus besoin d’eux ! » Pierre Amey, pasteur et théologien, dresse ce constat coup de poing sans détour. Les pays du Sud tendent alors presque naturellement les bras à ces personnes en mal de nouveaux objectifs : les projets sanitaires et pédagogiques y sont nombreux et nécessitent à chaque fois des compétences multiples. Et les Eglises locales ont soif d’enseignement.

Transfert de connaissances
Rencontrés en Suisse avant un proche départ ou entre deux séjours en Afrique, des « plus tout jeunes » indiquent très clairement partir en mission d’abord par envie d’aider les populations du Sud à lutter contre la pauvreté, puis pour leur donner les moyens de vivre avec dignité. « Tout était gratifiant ici pour moi. Mais j’ai eu le désir de rencontrer des gens d’ailleurs, de me confronter à la pauvreté, à une autre manière de penser », exprime à ce propos Marianne Krebs (voir encadré), 66 ans, qui s’apprête à repartir au Niger avec son mari. Infirmière de formation, elle a pu travailler dans des orphelinats et auprès de jeunes en détention.
Alors oui, les jeunes de 25 à 35 ans partent encore en mission et dans des projets d’aide au développement. Mais leurs aînés ont un bout de vie en plus, moins de résistance à la chaleur, certes, mais davantage de pratique professionnelle, une expérience de vie qui regorge de richesses et une belle envie de transmettre leurs connaissances. Il n’y a, par exemple, aucun enseignement en soins palliatifs prodigué aux soignants des pays sahéliens et aucune prise en charge professionnelle des patients en fin de vie. Ce constat a motivé le médecin Jacques-Antoine Pfister et sa femme Isabel de l’Eglise de la Passerelle à Vevey (FREE) à s’engager professionnellement en Afrique (voir encadré).

Du temps pour le développement communautaire
Et les plus âgés ont aussi du temps ! « En 2003, on construisait un bâtiment en Afrique du Sud avec des jeunes d’une école de disciples, reprend Pierre Amey. C’est vraiment au pied du mur, au propre comme au figuré car on ne savait pas comment le crépir, que j’ai réalisé qu’il fallait que je fasse appel en Suisse à des professionnels expérimentés de la branche qui puissent intervenir rapidement. » Les retraités sont en ce sens exactement le personnel adéquat.
Qu’ils s’engagent sur un projet à court voire moyen terme, ou sur un long terme à l’image des Pfister, les personnes âgées de 50 ans et plus amènent chacune leur pierre à la construction de ces pays du Sud « qui ont tous un potentiel à développer », affirme encore Pierre Amey. Et cette entraide est essentielle. « C’est d’ailleurs ma conviction théologique : si on ne travaille pas au développement communautaire, il faut arrêter de prêcher l’Evangile. »
Gabrielle Desarzens

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